L’apprenti sorcier, flop magistral de l’année 2010, est un divertissement pour adolescents plein de magie et d’effets spéciaux réussis, qui nous réconcilierait presque avec ses auteurs, le producteur Jerry Bruckheimer, et le réalisateur de Benjamin Gates, Jon Turteltaub.
Synopsis : Balthazar Blake est un grand sorcier vivant de nos jours à Manhattan. Il tente de défendre la ville contre son ennemi juré, Maxim Horvath. Balthazar ne pouvant y arriver seul, il engage alors – un peu malgré lui – Dave Stutler, un garçon apparemment ordinaire qui a pourtant un vrai potentiel, pour devenir son apprenti. Le sorcier donne à son apprenti réticent un cours express sur l’art et la science de la magie, et ensemble, ces deux associés improbables vont tenter de stopper les forces des ténèbres. Il faudra à Dave tout son courage, et même davantage, pour survivre à sa formation, sauver la ville et embrasser la fille qu’il aime…
Harry Potter, Percy Jackson, L’apprenti sorcier… Course à la franchise
Critique : Après la semi-déception de Percy Jackson où un jeune homme se découvrait une filiation divine et donc des pouvoirs incroyables, un nouvel ado (Jay Baruchel de Trop belle!) se découvre des pouvoirs inimaginables, ceux d’un sorcier, descendant de Merlin… L’histoire est bateau, surtout que cela fait une décennie complète que Warner lance régulièrement les aventures d’un autre apprenti sorcier, Harry Potter, évidemment, sur les écrans. Et, toutes les productions ados post Potter sont là pour le confirmer, la franchise d’après l’œuvre de J.K. Rowling est tout simplement unique dans sa réussite artistique.
Pas si mauvais, même plutôt réjouissant
On n’attendra pas de L’apprenti sorcier une concurrence de très haut niveau. Il faut rappeler que le film est réalisé par le tâcheron des deux Benjamin Gates, Jon Turteltaub, produit par Jerry Bruckheimer, roi du blockbuster sans finesse, et joué par l’inénarrable Nicolas Cage, dont le visage est toujours à la recherche de la moindre expression et dont on ne pardonnera pas le jeu dans Ghost Rider, Next ou encore World Trade Center.
Mais soyons honnête, là où le pire était attendu, on découvre finalement une production convenable, habilement mise en scène (pour du Turteldaub, ce n’est pas statique, et l’on remercie les réalisateurs de seconde équipe) et avec un rythme qui ne veut jamais ralentir. Les effets spéciaux inondent l’écran et sont d’un niveau solide (mention spéciale à la course poursuite en voiture de sport dans les rues de New York). Les confrontations de sorciers (les méchants d’un côté, les jubilatoires Alfred Molina & Toby Kebbell, contre les gentils – Cage, Bellucci & évidemment Baruchel) sont drôles et impressionnantes. Et l’ambiance convoque le meilleur des teen movies des années 80.
Un casting malingre, mais des effets spéciaux savoureux
Reposant beaucoup sur les épaules malingres de Jay Baruchel qui a été casté pour attirer ses “fanboys”, L’apprenti sorcier ne peut que jouir d’un réel capital de sympathie, d’autant que Disney qui est derrière l’entreprise, à travers le titre et une scène de ménage mémorable où la magie se retourne contre son instigateur, en profite pour rendre un joli hommage à l’un de ses fleurons du passé, le segment de Mickey apprenti sorcier dans Fantasia.
Bref, malgré quelques petits défauts inévitables (la petite amie bombasse et fadasse ; un script sans surprise), le divertissement est assuré avec pêche et une certaine fraicheur. Et si on n’est pas forcément très volontaire pour un nouvel épisode de Percy Jackson, on serait carrément partant pour la suite des aventures de cet Apprenti Sorcier, mélange agréable de classicisme narratif, d’esprit eighties et d’effets spéciaux numériques de haut vol. Le bide monumental au box-office américain en a voulu autrement, avec une perte colossale de 90M$ aux USA ; il a relégué définitivement Nicolas Cage hors de la sphère Disney et des blockbusters estivaux.
Box-office du bide de trop pour Disney:
Quand L’apprenti sorcier ouvre aux USA avec 17M$, Disney est à terre. Le projet qui devait ouvrir une nouvelle franchise ne suscite aucun intérêt chez les spectateurs qui se ruent en masse découvrir Inception de Christopher Nolan qui réalise 62M$ pour son premier week-end soit autant que la collaboration Disney-Bruckheimer sur toute sa carrière nord-américaine. Même Moi moche et méchant, pour son 2e week-end, film d’animation d’Universal, snobe le studio avec 32M$ et une magnifique deuxième place. Disney se console seulement avec le score élevé de Toy Story 3 qui, ce même week-end, aligne encore 11M$ et s’apprête à dépasser les 400 millions de recettes.
Début de la fin de collaboration entre Disney et Jerry Bruckheimer
L’apprenti sorcier est en fait le deuxième coup dur de l’été 2010 pour Disney, après l’échec du coûteux Prince of Persia les sables du temps, autre coproduction Jerry Bruckheimer qui a été conçue pour 200M$. Ses recettes américaines s’élevaient à 90M$. Cet été là, les audaces de Disney sont une véritable malédiction pour les actionnaires. Le producteur de Top Gun : Maverick commettra un flop de trop en 2013 avec Lone Ranger : naissance d’un héros, où la démesure du budget, une fois de plus, conduit le studio à l’un de ses plus gros échecs historiques. Walt Disney met donc un terme à la collaboration avec le coproducteur historique de la franchise Pirates des Caraïbes, dont le 4e volet sortirait en 2011.
La réponse de Disney à cette malédiction 2010 sera … The Avengers
Disney doit réagir. Le studio n’est pas encore détenteur des titres Marvel, puisque Paramount a encore le loisir d’exploiter Iron Man. Pis, la major a encore la perspective de quelques déceptions (Tron l’héritage), voire désastres devant elle (Mars Needs Mom, Numéro 4, John Carter…).
The Avengers en 2012, avec 600M$ sera la réponse. Plus rien ne sera alors jamais comme avant.
La France et les pays latins sortent (un peu) L’apprenti sorcier du bourbier
A l’échelle mondiale, L’apprenti sorcier réalisera quelques chiffres intéressants en Russie, France, Espagne et Italie. Rien toutefois d’extraordinaire puisqu’en étant le 2e marché hors USA, la France ne recense en fait que 1 691 793 spectateurs, soit un score de blockbuster d’août convenable, sans plus, et une petite 28e place annuelle.
En Allemagne, et surtout en Australie et au Royaume-Uni, l’échec sera rédhibitoire. Le réalisateur Jon Turteltaub devra attendre The Meg en 2018 pour se relever, quand le trio d’acteurs principaux sera lourdement sanctionné. Nicolas Cage repartira dans la série B improbable (Le dernier des templiers, Hell Driver, Le Pacte, Effraction, 12 heures…), Jay Baruchel disparaîtra des grosses productions hors animation (la voix du héros de Dragons, c’est lui) et Teresa Palmer ne verra jamais sa notoriété exploser, malgré encore quelques gros titres (Point Break, le remake) et un succès, le film d’épouvante malin Dans le noir.
Recettes hors-USA/Canada de L’apprenti sorcier :
- Russie : 13 630 194$
- France : 12 930 320$
- Japon : 10 632 660$
- Italie : 9 571 490$
- Mexique : 9 474 792$
- Espagne : 9 354 968$
- Chine : 9 048 334$
- Allemagne : 6 002 283$
- Royaume-Uni : 5 423 182$
- Brésil : 4 974 851 $
- Australie : 4 898 922$
- Corée du Sud : 3 486 971$
Sorties de la semaine du 11 août 2010
© Walt Disney Pictures
Biographies +
Jon Turteltaub, Jay Baruchel, Monica Bellucci, Nicolas Cage, Alfred Molina, Alice Krige, Toby Kebbell, Teresa Palmer