Plus proche de La famille Addams que de Pixar, Moi, moche et méchant est un délire animé loufoque et jubilatoire.
Synopsis : Dans un charmant quartier résidentiel délimité par des clôtures de bois blanc et orné de rosiers fleurissants se dresse une bâtisse noire entourée d’une pelouse en friche. Cette façade sinistre cache un secret : Gru, un méchant vilain, entouré d’une myriade de sous-fifres et armé jusqu’aux dents, qui, à l’insu du voisinage, complote le plus gros casse de tous les temps : voler la lune (Oui, la lune !)…
Gru affectionne toutes sortes de sales joujoux. Il possède une multitude de véhicules de combat aérien et terrestre et un arsenal de rayons immobilisant et rétrécissant avec lesquels il anéantit tous ceux qui osent lui barrer la route… jusqu’au jour où il tombe nez à nez avec trois petites orphelines qui voient en lui quelqu’un de tout à fait différent : un papa.
Le plus grand vilain de tous les temps se retrouve confronté à sa plus dure épreuve : trois fillettes prénommées Margo, Edith et Agnès.
Le grand démarrage d’Universal dans l’animation
Critique : 2010. Bonne nouvelle pour Universal. Le studio américain détient enfin un hit dans le domaine de l’animation 3D que se partagent principalement Pixar (donc Disney), Dreamworks, mais aussi la Fox à travers la franchise de L’âge de glace. Ce premier carton historique pour a pour titre Moi, moche et méchant avec dans le premier rôle un vilain plutôt coquin, qui pour devenir le plus grand méchant de l’Histoire, souhaite voler la lune. Rien que ça. Avec ce pitch de fantasme, à peine égratigné par les développements plus consensuels (il va finalement changer au contact de trois petites orphelines qu’il adopte pour l’élaboration de son plan), c’est la loufoquerie qui l’emporte avec une avalanche de gags tantôt Z, crétins, mais souvent malins et poétiques, qui font du résultat une vraie réussite dans l’animation américaine.
Comme dans Tempête de boulettes géantes de Sony, c’est évidemment le côté délirant du scénario et la foison de gags imprévus qui gagnent l’adhésion. Il est évident que la méchanceté est une valeur sûre dans la comédie et ici nous suivons la compétition farfelue entre deux méchants. Le premier, l’antihéros du film, c’est le vieillissant Gru, digne personnage de La famille Addams, traumatisé par l’éducation d’une mère acariâtre pas très maternelle (Julie Andrews dans la VO). Le second est incarné par un jeune nerd génial qui représente la nouvelle génération de méchant… Ces deux inventeurs rivalisent en cocasseries. Gru a volé le panneau publicitaire central de Times Square, abuse du pistogel, une arme qui congèle tout ce qu’il vise, et loge dans une demeure lugubre au milieu de centaines de Minions, des créatures hébétées qui ne vivent que dans l’optique de réaliser ses idées démoniaques. Le second, le jeune Vector vole une pyramide en Egypte, qu’il remplace par un ersatz gonflable, vit dans un bunker protégé par un arsenal de fusées, est ami également avec un requin géant, et a mis au point un pistolet qui éjecte des poulpes…
Avec ces deux gredins pas bien méchants, il est bon de rire du mauvais esprit des scénaristes, surtout quand il s’agit de transformer un établissement financier en quartier général du Mal, d’égratigner un gamin ou de jouer quelques tours pendables à de parfaits innocents.
L’introduction des trois orphelines en quête d’un foyer aurait pu faire tourner l’acidité à la mièvrerie. Il n’en est rien. Si les dix dernières minutes, un peu en trop et inutilement spectaculaires, sont un cran en-dessous, tout le métrage nous abreuve de ses audaces de cartoon débridé. La 3D et la fluidité de l’animation rendent un hommage énorme aux talents français, puisque le film a été coréalisé par des équipes françaises.
Tout cela vient donc nous réconcilier avec les principaux instigateurs du métrage – le producteur Chris Meledandri qui a supervisé des films assez médiocres comme Robots, Alvin & les Chipmunks et l’inégal Horton, ainsi que les deux réalisateurs Chris Renaud et Pierre Coffin, également proches collaborateurs de Meledandri au sein de la Fox et Sky Studios.
Les films Illumination Entertainment ici
Box-office de Moi, moche et méchant :
Après le carton estival aux USA (le film a dépassé les 250M$), la France a à son tour succombé au charme inouï de cette production gothico-burlesque pendant les vacances de la Toussaint, d’autant que le grand méchant Gru était interprété vocalement par Steve Carell et Gad Elmaleh, respectivement en VO et VF. Trois millions de spectateurs se sont rués sur cet électron libre de l’animation américaine.
Sorti sur 655 écrans, la comédie engrangeait 624 000 spectateurs en première semaine, celle du 6 octobre. Universal a placé son pion au bon moment pour le laisser jouir de tout le mois sans trop de baisse, et surtout rebondir en 3e semaine (527 000), pour le début des vacances, et mieux, pendant la semaine pleine de la Toussaint où il obtenait pour sa 4e semaine d’exploitation son meilleur score (739 000). Le blockbuster de l’animation sera encore exploité dans une centaine de cinémas pour les fêtes de Noël, en province, avec quelques 8 000 entrées de plus pour sa 12e huitaine.
Sur Paris/Périphérie, c’est pas moins de 620 000 franciliens qui ont jubilé dans les salles.