Prince of Persia, les sables du temps : la critique du film (2010)

Aventures, Action | 1h56min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
Cover VOD Prince of Persia

  • Réalisateur : Mike Newell
  • Acteurs : Jake Gyllenhaal, Alfred Molina, Gemma Arterton, Ben Kingsley, Toby Kebbell
  • Date de sortie: 26 Mai 2010
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Prince of Persia : the Sands of Time
  • Titres alternatifs : -
  • Année de production : 2008
  • Scénariste(s) : Boaz Yakin, Jordan Mechner, Carlo Bernard, Doug Miro, d'après le jeu vidéo de Jordan Mechner
  • Directeur de la photographie : John Seale
  • Compositeur : Harry Gregson-Williams
  • Société(s) de production : Jerry Bruckheimer Films, Walt Disney Pictures
  • Distributeur (1e sortie) The Walt Disney Company France
  • Distributeur (reprise) : -
  • Editeur(s) vidéo : Walt Disney Studios Home Entertainment
  • Date de sortie vidéo : 29 septembre 2010 (DVD, Blu-ray, VOD)
  • Box-office France / Paris Périphérie : 2 169 011 / 530 127 entrées
  • Box-office nord-américain : 90 755 643 $
  • Budget : 200 M$
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleur / Dolby SR-SRD, DTS, Sonics-DDP (IMAX version)
  • Illustrateur / Création graphique : Proof
  • Classification : Tous publics
  • Festivals et récompenses : Teen Choice Awards 2010 (3 nominations : film, acteur, actrice) -
  • Crédits : © © Disney
Note des spectateurs :

Divertissement exotique qui respire l’enthousiasme et l’argent dans ses reconstitutions, ce premier volet de Prince of Persia, qui fut aussi le dernier d’une franchise avortée, est une aventure récréative parfaitement plaisante, même si elle est totalement dénuée de personnalité. L’échec monumental aux USA en a fait l’un des accidents industriels de l’année 2010. On revient en profondeur sur ce flop marquant. 

Synopsis : Dastan, un jeune prince de la Perse du VIe siècle va devoir unir ses forces à celles de la belle et courageuse princesse Tamina pour empêcher un redoutable noble de s’emparer des Sables du Temps, un don des dieux capable d’inverser le cours du temps et qui lui permettrait de régner en maître absolu sur le monde.

Critique de Prince of Persia

2010 © Disney – Bruckheimer Films

Exaspération des gamers

Critique : Ce n’est vraiment pas avec l’exaspération du gamer et du sentiment profond de trahison que l’on regarde Prince of Persia parfaitement fréquentable. En toute honnêteté, malgré l’anathème que certains fidèles du jeu vidéo lui lancent, on peut y voir un charmant divertissement à l’ancienne et une superproduction éloquente au goût certain pour les décors grandioses (cités perses majestueuses aux effluves de 1001 Nuits, innombrables figurants au combat, temples prodigieux, vues sublimes du désert…).

Bruckheimer croit en un nouveau Pirates des Caraïbes 

Jerry Bruckheimer, producteur de luxe, récemment aux commandes financières des Pirates des Caraïbes, a visiblement investi une fortune pour imposer cette nouvelle franchise à l’écran ; pour une fois, loin des sempiternelles interrogations sur la légitimité de pareils budgets (on évoque tout de même ici 200 millions de dollars), tout ici justifie cette abondance, du plan d’ouverture au final, pas la moindre trace de gaspillage. L’objectif du producteur est d’imposer une nouvelle franchise sur le modèle de Pirates des Caraïbes, dont les épisodes étaient capables de générer plus de 800 000 000$ de recettes dans le monde, alors même que la Chine comptait encore pour du beurre.

Jake Gyllenhaal est le prince d'Astan

2010 © Disney – Bruckheimer Films

Une opulence de décors à l’ancienne qui séduit

A une époque où le tout numérique et le synthétique piquent les yeux dans leur omniprésence et leurs facilités, les efforts de reconstitution, nonobstant le recours systématique aux nouvelles technologies, s’avèrent ici réjouissants. Certes, c’est ostentatoire, mais on n’aura rarement vu, autour des années 2010, des plateaux aussi généreux, et des décors aussi consistants.

L’ivresse de l’opulence rend l’épique forcément plus trépidant et nous permet même de fermer les yeux sur quelques moments d’effets spéciaux grotesques et pour le coup bâclés (notamment quand le Prince éponyme, Dastan, est englouti dans une cité souterraine). Même les cascades, qui recourent aussi au parkour, avec des sauts constants dignes de Yamakazi, évitent la grossièreté des chorégraphies 100% artificielles qui pullulent dans ce genre d’action movie. Elles impressionnent.

Emma Arterton est la princesse Tamina

2010 © Disney – Bruckheimer Films

Mike Newell réalisateur, lui, n’impressionne pas

Non, Prince of Persia et ses centaines de millions de dollars est loin d’être un nanar à la Benjamin Gates (série de deux films d’aventures pour le coup assez pitoyables également produite par Bruckheimer). Nous dirons plutôt qu’il est un bel oxymore pour nos mirettes. Oxymore, car malgré cet élan gargantuesque que l’on savoure à chaque instant, on n’a pas forcément l’impression d’assister à un incontournable du blockbuster, en tout cas pas au grand film qu’un tel budget pouvait laisser présager. Peut-être que de par ses origines de jeu vidéo, on l’attendait moins qu’un autre.

En tout cas, la réalisation de Mike Newell manque d’allant et parfois même de rythme (en quinze ans le cinéaste est passé de Quatre mariages et un enterrement à Harry Potter !). Quant au scénario (pas pire qu’un autre), il pâtit d’une approche vraiment consistante des personnages qui sont ici réduits à de simples valeurs universelles – le sacrifice, le devoir filial, le sens de la famille.

Crime contre la toute-puissance hollywoodienne

Au final, Prince of Persia, désormais réduit aux oubliettes et au streaming sur la plateforme Disney+, a dû répondre coupable de crime contre Hollywood. En osant le pari d’une œuvre aussi démesurée avec un casting bien peu connu du grand public (personne n’envisageait Jake Gyllenhaal dans le corps d’un héros en muscle à l’époque, et Gemma Arterton avait davantage la fibre européenne) Disney et Bruckheimer ont non seulement constipé les fans du jeu de Jordan Mechner, mais en plus ont provoqué un accident industriel dont les années 2010 se souviendront, se réfugiant systématiquement dans l’univers Marvel en guise d’unique proposition de blockbuster à de rares exceptions près (Lone Ranger, encore Disney et Bruckheimer). Le même été, L’apprenti sorcier confirmera la fragilité de leurs derniers choix communs.

 

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 19 août 2020

Box-office de Prince of Persia

2010 © Disney – Bruckheimer Films

Box-office Prince of Persia :

Le 28 mai 2010, Disney subissait un camouflet historique. Projet porté par Dick Cook, ancien président des Walt Disney Studios qui démissionna un an avant la sortie, mais avait validé le projet, Prince of Persia ouvre le week-end avec une pitoyable 3e position et 30 095 259$ dans 3 646 multiplexes.

Un flop pharaonique

C’est un désastre : le film en a coûté 200 000 000$ (hors frais de marketing) et personne ne voit ce projet pharaonique pouvoir amortir les coûts de production aux USA, puisqu’un tel démarrage rend les 100 000 000 localement inenvisageables. La gifle est d’autant plus douloureuse que l’épopée avec Jake Gyllenhaal s’installe seulement en 3e position, derrière Shrek 4, et même derrière le casting pimbêche du minable Sex and the City 2. Warner sabre le champagne, la deuxième adaptation de la série télé réalise 1 000 000$ de plus que le Disney, avec environ 150 salles en moins.

Avec un gadin de 53% de ses recettes en deuxième semaine, Prince of Persia perd tout orgueil. Réduit à 54 000 000$ en 10 jours, le flop de Perse ne peut même pas se satisfaire d’avoir doublé au classement Sex & the City 2, puisque celui a pris les devants toute la première semaine avec un total de 73M$ sur ces mêmes 10 jours.

Prince of Persia restera finalement 5 semaines dans le top 10, car le film a tout de même quelques qualités artistiques, mais n’aura jamais su donner envie. Ses recettes nord-américaines de 90 759 676$ sont une lourde perte pour Bruckheimer et Disney qui doivent sortir ensemble L’Apprenti sorcier, avec Nicolas Cage, deux mois plus tard.

Prince of Persia les sables du temps, affiche alternative

2010 © Disney – Bruckheimer Films

Prince of Persia à peine sauvé par l’international

En France, on verra avec plus de distance l’échec du film, puisque notre territoire était plutôt acquis à la cause des deux acteurs, qui bénéficiaient d’une belle notoriété chez nous. Avec 16 000 000$ de recettes sur le sol français, la production Disney Bruckheimer réalisera sa 2e meilleure moyenne hors USA, juste derrière la Russie où les résultats de 21 000 000$ lui promirent une nomination aux “George” (ou Russian Film Awards) du Meilleur film étranger.

Ce fut un flop au Japon et une mésaventure au Royaume-Uni où ses 13M$ pour une nation aussi largement perméable aux blockbusters américains constituent une petite performance.

 

Des résultats convenables en France, faute de concurrence

Avec 815 255 entrées en France en première semaine à la fin du mois de mai, Prince of Persia ne souffrait d’aucune concurrence. L’autre sortie importante était Infectés, une série B de pandémie sans aucun intérêt qui bénéficiait seulement de 95 cinémas, et devait se contenter de 56 944 spectateurs en 10e place. La semaine précédente, les grosses sorties étaient tout aussi insignifiantes : Street Dance, produit pour ados, et Le plan B, comédie romantique avec Jennifer Lopez…  Prince of Persia bénéficiait d’un boulevard.

En deuxième semaine, dans l’Hexagone, la concurrence était girlie, avec Sex & the City 2 qui s’offrait le haut du podium, avec 584 359 spectateurs, quand Jake Gyllenhaal voyait son public s’effriter de 47%. Le duo de tête restera inchangé la semaine suivante en raison d’une absence de concurrence, qui expliquera les bons chiffres du Prince Charmant, qui en était déjà à 1 574 000 spectateurs. Même en 4e semaine, Prince of Persia sera favorisé par la fragilité des nouveautés (L’agence tous risques était en sous-performance grave et Fatal démarrait mollement avec 376 835 spectateurs). En 5e semaine, le film épique pouvait même bénéficier de la Fête du cinéma pour le stabiliser à 136 000 spectateurs (-27%), puisque là encore, aucun blockbuster n’avait été positionné par Hollywood. Le leader du marché était la comédie d’action faiblarde avec Ashton Kutcher et Katherine Heigl, Kiss & Kill, numéro 1 avec 289 852 spectateurs. L’une des pires semaines de toute la décennie des 2010.

Il est important d’analyser les chiffres en remarquant qu’en cette grande ère de la technologie 3D-Relief qui gonflait les recettes et avait un impact réel sur le box-office dans le monde, Disney et Bruckheimer ont eu le courage de ne pas trafiquer l’image pour se convertir paresseusement au nouveau standard imposé par James Cameron depuis Avatar.

Frédéric Mignard

Affiche cinéma définitive de Prince of Persia

2010 © Disney – Bruckheimer Films

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Cover VOD Prince of Persia

Bande-annonce de Prince of Persia

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