Julie (en 12 chapitres) : la critique du film (2021)

Comédie dramatique | 2h01min
Note de la rédaction :
6/10
6
Julie en 12 chapitres, affiche du film de Joachim Trier

  • Réalisateur : Joachim Trier
  • Acteurs : Anders Danielsen Lie, Renate Reinsve, Herbert Nordrum
  • Date de sortie: 13 Oct 2021
  • Année de production : 2021
  • Nationalité : Norvégien, Français, Suédois, Danois, Américain
  • Titre original : Verdens verste menneske
  • Titres alternatifs : The Worst Person in the World (titre international)
  • Autres acteurs : Maria Grazia Di Meo, Hans Olav Brenner, Silje Storstein
  • Scénaristes : Joachim Trier, Eskil Vogt
  • Directeur de la photographie : Kasper Tuxen
  • Monteur : Olivier Bugge Coutté
  • Compositeur : Ola Fløttum
  • Producteur : Thomas Robsahm, Andrea Berentsen Ottmar
  • Sociétés de production : MK Film Productions, Oslo Pictures, Snowglobe Films, Be Reel Films, Arte France Cinéma, Memento Distribution, MK2 Films
  • Distributeur : Memento Distribution
  • Distributeur : (reprise) -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Box-office France / Paris-Périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Classification : -
  • Format : Couleur (35mm)
  • Sélection officielle Cannes 2021 : Compétition officielle : Prix d'interprétation masculine
  • Autres festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : © Benjamin Seznec pour Troïka. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits: © Oslo Pictures Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :
Bandeau Cannes 2021 bleu

© FDC / Philippe Savoir (www.filifox.com)

Hésitant entre comédie romantique et étude de mœurs, Joachim Trier livre avec Julie (en 12 chapitres) un film sympathique mais mineur comparativement à ses précédents longs métrages.

Synopsis : Julie, bientôt trente ans, n’arrive pas à se fixer dans la vie. Alors qu’elle pense avoir trouvé une certaine stabilité auprès d’Aksel, quarante-cinq ans, auteur de bande dessinée à succès, elle rencontre le jeune et séduisant Eivind.

Retour aux sources pour Joachim Trier

Julie (en 12 chapitres), photo du film de Joachim Trier

© 2021 Oslo Pictures

Critique : Les douze chapitres en question sont des volets plus moins longs (de quelques minutes à près d’un quart d’heure), précédés d’un prologue, suivis d’un épilogue, et affublés d’un titre, à l’instar d’un ouvrage littéraire. Il s’agit en fait d’un scénario original que Joachim Trier a coécrit avec sa fidèle collaboratrice Eskil Vogt. Cinquième long métrage du réalisateur, Julie (en 12 chapitres) tente de retrouver l’esprit d’Oslo, 31 août (Un Certain Regard, 2011), son film le plus célèbre. Il s’agissait d’une nouvelle adaptation du Feu follet de Drieu la Rochelle, relatant l’errance dans les rues d’Oslo d’un trentenaire paumé et suicidaire, incarné par Anders Danielsen Lie. L’acteur joue dans son dernier film le rôle d’un quadragénaire, célèbre auteur de BD, qui est un temps le compagnon de Julie. C’est elle le personnage central du présent opus, et que la caméra suivra dans Oslo à plusieurs reprises. Si Julie (en 12 chapitres) comporte moins de séquences en extérieur, la capitale norvégienne est le décor récurrent des états d’âme de cette (anti)-héroïne.

« Je connais intimement Oslo, je connais l’atmosphère de chaque rue, chaque quartier, je connais les lieux, les restaurants et j’essaye de les utiliser dans les histoires que je raconte. J’aime ce sens de la spécificité d’un lieu au cinéma. Quand je regarde un film de Scorsese ou de Spike Lee, j’adore voir les parties de New York qu’ils me montrent. Pour un cinéaste, c’est un cadeau de parfaitement connaître un lieu et de le filmer pour le montrer à un public. Faire des films est une affaire de mémoire, d’espace et de temps », précise ainsi le cinéaste dans le dossier de presse. Loin d’une démarche documentaire, Joachim Trier filme sa ville d’adoption dans une optique semi-poétique, qui culmine avec un joli moment onirique, quand les passants sont immobiles, le temps étant arrêté pour permettre à Julie de réaliser son fantasme, à savoir quitter l’homme qu’elle croyait aimer pour retrouver l’attachant inconnu abordé dans une soirée improvisée.

Bridget Jones version norvégienne ?

Julie (en 12 chapitres), photo2 du film de Joachim Trier

© 2021 Oslo Pictures

C’est d’ailleurs le plus beau passage du métrage. On appréciera aussi l’ironie avec laquelle le réalisateur aborde les sujets tant d’actualité que constituent l’écologie ou la domination masculine. La scène emblématique est ici un débat télévisé au cours duquel une ayatollah du post-féminisme dénigre les œuvres de jeunesse d’Aksel et appelle à la censure. Ce sont les meilleures séquences d’un film inégal. Julie (en 12 chapitres) a en effet des points faibles. Il peine parfois à sortir des conventions et des effets de mode. Si son mélange des genres revendiqué (comédie romantique, mélodrame, étude de mœurs) pouvait sembler être un atout, il en est aussi la limite, tant on a l’impression que le cinéaste ne sait pas toujours sur quel pied danser, à l’image de sa protagoniste. Il est en outre difficile de s’intéresser pleinement à cette Bridget Jones revisitée à la norvégienne. Si son instabilité professionnelle et sentimentale peut être le reflet d’une génération, sa personnalité « superficiellement superficielle », comme aurait dit Ophuls, est décrite sans nuances.

Le jeu maniéré de l’actrice Renate Reinsve renforce cette impression. Les personnages masculins sont par contre mieux écrits, et bien interprétés par Herbert Nordrum (acteur comique apprécié des spectateurs et téléspectateurs norvégiens), et surtout Anders Danielsen Lie. On a enfin le sentiment de visionner une imitation (habile certes) de cinéma indépendant US, dont Allen demeure la référence majeure : notes de jazz récurrentes, imbroglios sentimentaux… Sans doute moins personnel sur le plan autobiographique, le film d’horreur Thelma, réalisé en 2017 par le cinéaste, était bien plus emballant. Au final, Julie (en 12 chapitres) est un film élégant et sympathique, dont certaines scènes sont réjouissantes et d’autres perfectibles, et qui semble donc mineur dans la filmographie d’un réalisateur talentueux.

Critique de Gérard Crespo

Les sorties de la semaine du 13 octobre 2021

Les films de la sélection du Festival de Cannes 2021

Le site du Festival

Julie en 12 chapitres, affiche du film de Joachim Trier

Design : Benjamin Seznec pour Troïka / © 2021 MK Productions, Film I Väst, Snowglobe, B-Reel, Arte France Cinéma, Memento Distribution, MK2 Films

x