Max Ophuls est l’un des réalisateurs majeurs du septième art, dont l’œuvre a été réévaluée après sa mort.
Une carrière européenne et américaine
Ses films ont dépeint avec élégance les affres du tourment amoureux et de la désillusion, avec une prédilection pour des personnages et des intrigues « superficiellement superficiels », la constance du thème de l’exil, le choix d’adaptations littéraires et de films en costumes distancés, ainsi qu’une mise en scène baroque utilisant avec brio des procédés techniques comme le travelling.
Né en Allemagne, il a débuté au théâtre avant d’être révélé au grand écran avec Liebelei (1932), adaptation d’une pièce d’Arthur Schnitzler qui dressait un tableau de la société viennoise d’avant la Première Guerre mondiale.
De confession juive, Max Ophuls choisit de se réfugier en France face à la montée du nazisme. Il y réalisa dans les années 30 des films inégaux, les plus intéressants étant Divine (1935, d’après Colette) Le Roman de Werther (1938, adapté de Goethe) et De Mayerling à Sarajevo (1940, avec Edwige Feuillère).
Après la défaite de 1940, Max Ophuls s’exila aux États-Unis. Il y réalisa trois œuvres dont la meilleure est Lettre d’une inconnue (1948), drame romanesque poignant adapté de Stefan Zweig, et interprété par Joan Fontaine et Louis Jourdan.
Max Ophuls de retour en France
Mais c’est après son retour en Europe qu’il donna le meilleur de lui-même, avec quatre chefs-d’œuvre qui le virent collaborer avec les plus grands artistes et techniciens du cinéma français, dont le décorateur Jean d’Eaubonne, le chef opérateur Christian Matras, la créatrice de costumes Rosine Delamare et le compositeur Georges Auric.
La Ronde (1950) était une autre adaptation de Schnitzer dans une structure de films à sketchs. Ce bijou d’élégance, à la thématique osée (pour l’époque) mêlait ton désabusé, humour discret et ellipses ironiques.
Le Plaisir (1952), sommet de virtuosité, adaptait trois nouvelles de Maupassant : Le Masque, La Maison Tellier et Le Modèle, et réunissait une distribution brillante, dont Jean Gabin, Madeleine Renaud, Simone Simon, et surtout Danielle Darrieux, muse du cinéaste.
Ophuls retrouva cette dernière dans Madame de… (1953), d’après Louise de Vilmorin, chef-d’œuvre intemporel sur le désespoir amoureux, qui est aujourd’hui son film le plus admiré par la cinéphilie mondiale.
Son métrage le plus audacieux fut cependant Lola Montès (1955), cathédrale cinématographique baroque, objet d’avant-garde incompris et mutilé, à l’origine d’une véritable bataille d’Hernani des critiques et qui fut rejeté par le public, stupéfait de ne pas retrouver une énième production commerciale montée autour de la star Martine Carol.
Ophuls ne se remit jamais de cet échec et mourut de maladie cardiopathie deux ans plus tard. Il était le père du réalisateur documentariste Marcel Ophuls (Le Chagrin et la pitié).
Crédit affiche : Copyright Solaris Distribution – Crédit photo : Les Films du Jeudi