Gemma Bovery est une délicieuse fantaisie pastorale, qui a le charme de la plume de Posy Simmonds, la folie littéraire de Luchini et la beauté charnelle de Gemma Arterton. Orchestré par Anne Fontaine, c’est un régal.
Synopsis : Martin est un ex-bobo parisien reconverti plus ou moins volontairement en boulanger d’un village normand. De ses ambitions de jeunesse, il lui reste une forte capacité d’imagination, et une passion toujours vive pour la grande littérature, celle de Gustave Flaubert en particulier. On devine son émoi lorsqu’un couple d’Anglais, aux noms étrangement familiers, vient s’installer dans une fermette du voisinage. Non seulement les nouveaux venus s’appellent Gemma et Charles Bovery, mais encore leurs comportements semblent être inspirés par les héros de Flaubert. Pour le créateur qui sommeille en Martin, l’occasion est trop belle de pétrir – outre sa farine quotidienne – le destin de personnages en chair et en os. Mais la jolie Gemma Bovery, elle, n’a pas lu ses classiques, et entend bien vivre sa propre vie…
Le charme de Tamara Drewe dans la campagne française
Critique : Anne Fontaine délaisse une fois de plus le drame et revient en France, après son incursion dans la Nouvelle Zélande ensoleillée de Doris Lessing, avec Perfect mothers. Toutefois, elle n’en oublie pas la culture anglo-saxonne pour autant, puisqu’elle a eu la merveilleuse idée d’adapter le roman graphique de l’auteure anglaise Posy Simmonds, bien connue chez nous pour Tamara Drewe, que Stephen Frears avait mise en scène de façon succulente, révélant les charmes magiques de la Britannique Gemma Arterton.
Sous l’emprise de Gemma Arterton
Même si les intentions d’Anne Fontaine n’allaient pas dans ce sens (c’est Isabelle Huppert qui l’a convaincue d’embaucher Gemma Arterton), il ne fait aucun doute en découvrant la trame, le cadre et les comédiens mêmes, que nous avons ici affaire à un succédané de Tamara. Le Dorset de Thomas Hardy y est troqué pour la Normandie de Flaubert, avec la même déférence magnifique pour ces auteurs de génie. L’amour du livre et de ses auteurs transpire des images, alors que Luchini, acteur lettré par excellence, voit en la vie un roman, en fantasmant autour de l’arrivée d’une étrange Mme Bovery, et de son époux, dans ce lieu de culture et d’ennui, où la tentation de les voir répéter la triste histoire de “la Bovary” est irrésistible. Affable amoureux de la beauté irrésistible de l’actrice mi-éponyme Gemma Arterton, transférée du Dorset à nos contrées bucoliques, Luchini affabule et se retrouve dans un irrésistible jeu de transposition du littéraire à la réalité, qui n’est pas sans évoquer le film d’Ozon, Dans la Maison, où il jouait le rôle central d’une manipulation du quotidien par la plume d’un adolescent.
Gemma Bovery est une petite merveille
Gemma Bovery est une comédie ensoleillée, dont on ressort impressionné par la présence magnétique d’Arterton, lune dépressive qu’un rien peut exalter jusqu’à combler les spectateurs. Les ressorts comiques sont finement huilés et peuvent surprendre dans leurs accomplissements. Ce Gemma Bovey est une petite merveille, louée à sa sortie par la critique, mais malheureusement maltraité par le public qui en a fait un échec dans le monde. On vous en reparle plus bas.