My Zoé est un film poignant qui se perd en conjonctures éthiques et morales au point de mettre en péril l’émotion initiale.
Synopsis : Après son divorce, Isabelle, généticienne, tente de reprendre sa vie en main. Elle tombe amoureuse et décide de relancer sa carrière. Mais son ex-mari, James a du mal à l’accepter et lui rend la vie dure dans la bataille qu’il mène pour obtenir la garde de leur fille Zoe.
Une tragédie les frappe et la famille s’en trouve brisée. Isabelle décide alors de prendre le destin en main.
Critique : Julie Delpy a toujours pris un malin plaisir à décrypter la complexité des relations hommes-femmes au sein des couples modernes. S’inspirant de son histoire personnelle, elle rajoute ici une dimension supplémentaire en sublimant l’amour maternel et dresse une comédie dramatique en trois actes, dont la finalité ne devrait pas manquer de surprendre.
My Zoé, retour de July Delpy à la réalisation
Isabelle (Julie Delpy) est docteur en immunologie. Elle vit à Berlin, seule avec sa fille dont elle a quitté le père, un architecte britannique brillant. Ils évoluent dans un milieu huppé et forment encore un couple glamour. Leur fille est une enfant épanouie et vive que les difficultés conjugales de ses parents ne semblent pas avoir perturbée. Car James (Richard Armitage) se montre volontiers ombrageux (il supporte difficilement la rencontre de son ex-femme avec un jeune sans-papiers) et dévoile même quelques tendances au harcèlement moral ou au chantage affectif.
Toute question autour de la garde de la fillette déclenche inévitablement disputes et règlements de comptes. La radioscopie du couple est rendue plaisante par la vivacité de ton et la spontanéité dont fait preuve la réalisatrice scénariste. Aux affrontements des adultes se superpose la tendresse d’une relation mère-fille fusionnelle touchante tandis que le trio de comédiens (Julie Delpy/Richard Armitage et la jeune Sophia Ally dotée d’un sens de la répartie épatant) se pare de réels accents d’authenticité.
Bascule avec elle
Pourtant quand survient la tragédie, dont la description implacable continue à entretenir un réalisme de bon aloi, plus rien ne subsiste de cette analyse toujours pertinente et souvent drôle, malgré la violence sous-jacente. Rien donc ne nous prépare à basculer subitement dans l’univers d’un conte pseudo-scientifique en décalage complet avec le reste du récit.
Sous prétexte de coller à une réalité certes contestable mais qu’elle juge imminente, notre scénariste fantasque nous propulse brutalement dans un univers glaçant où les chercheurs font figure d’apprentis sorciers et où se croisent, au milieu de discours hermétiques, des personnages de science-fiction auxquels Daniel Brühl et Gemma Arterton prêtent leurs traits, tiraillés entre déontologie médicale, compétition et sens moral, mais dont les atermoiements peinent à susciter la moindre empathie.
Le choix est apparemment parfaitement assumé. En effet, la réalisatrice concède avoir voulu préserver My Zoé de toute dramaturgie excessive qui risquerait de fausser l’émotion des spectateurs (elle a ainsi décidé de faire abstraction de toute musique), assumant ainsi une volonté audacieuse d’approcher sans doute maladroitement mais à coup sûr sincèrement une avancée scientifique taboue. Une méthode drastique qui fera frémir les uns tout en permettant aux autres de se lancer sur la piste d’une réflexion plus approfondie sur ce qui définit intrinsèquement chacun d’entre nous.
Critique : Claudine Levanneur