Dans la chaleur de la nuit : la critique du film (1968)

Drame, Policier | 1h49min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Dans la chaleur de la nuit, l'affiche

  • Réalisateur : Norman Jewison
  • Acteurs : Rod Steiger, Lee Grant, Sidney Poitier, Scott Wilson, Warren Oates, Matt Clark
  • Date de sortie: 01 Mar 1968
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : In the Heat of the Night
  • Titres alternatifs : In der Hitze der Nacht (Allemagne) / Al calor de la noche (Mexique) / En el calor de la noche (Espagne) / No Calor da Noite (Portugal) / W upalną noc (Pologne) / La calda notte dell'ispettore Tibbs (Italie) / Forró éjszakában (Hongrie)
  • Année de production : 1967
  • Scénariste : Stirling Silliphant, d'après le roman de John Ball
  • Directeur de la photographie : Haskell Wexler
  • Compositeur : Quincy Jones
  • Société(s) de production : The Mirisch Corporation
  • Distributeur : Les Artistes Associés
  • Distributeur (reprise) : Solaris Distribution
  • Date de reprise : 9 mai 2012
  • Éditeur(s) vidéo : MGM / UA Home Video (VHS) / MGM / UA (DVD, 2003) / MGM / UA (blu-ray, 2014)
  • Dates de sortie vidéo : 18 février 2003 (DVD) / 5 février 2014 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 728 305 entrées / 694 983 entrées
  • Box-office nord-américain : 24 379 978 $ (soit 212 900 000 M$ au cours de 2023)
  • Budget : 2 000 000 $ (soit 17 500 000 $ au cours de 2023)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85: 1 / Couleurs / Son : Mono, Stéréo, Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : 5 Oscars en 1968 : meilleur film (premier film américain interdit aux moins de treize ans lors de sa sortie en salles à avoir obtenu l'Oscar du Meilleur film) ; meilleur acteur pour Rod Steiger ; meilleur scénario adapté ; meilleur montage ; meilleur mixage de son / 3 Golden Globes en 1968 : meilleur film dramatique ; meilleur scénario ; meilleur acteur dans un film dramatique en 1968 pour Rod Steiger / Prix Edgar-Allan-Poe du meilleur scénario.
  • Illustrateur / Création graphique : Affiche de 1968 d'après une illustration de Paul Crifo
  • Crédits : © 1968 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved
Note des spectateurs :

En plein cœur de la lutte des Noirs pour les droits civiques, Dans la chaleur de la nuit milite contre toute forme de racisme et reste un modèle du genre. Sa thématique est malheureusement toujours d’actualité.

Synopsis : En voyageant dans le sud profond, Virgil Tibbs, enquêteur noir de la brigade criminelle de Philadelphie, se laisse involontairement entraîner dans l’enquête sur le meurtre d’un homme d’affaires influent. Il est tout d’abord accusé du meurtre, avant qu’on lui demande de résoudre l’énigme ! Mais débusquer l’assassin se révèle être une tâche difficile, surtout lorsque ses efforts sont sans cesse anéantis par le shérif de la ville, un homme sectaire. Ni l’un ni l’autre ne peut résoudre le cas tout seul. Laissant de côté leurs différences et leurs préjugés, ils unissent leurs forces dans une course désespérée contre la montre pour découvrir la terrible vérité…

Dans la chaleur de la nuit, un film courageux en son temps

Critique : Venu tout droit de la télévision, le cinéaste d’origine canadienne Norman Jewison commence à faire parler de lui au milieu des années 60 grâce à quelques films commerciaux remarqués comme Le kid de Cincinnati (1965) ou Les Russes arrivent, les Russes arrivent (1966). Connu pour ses opinions progressistes, l’homme est approché par le producteur Walter Mirisch pour mettre en scène un script audacieux de Stirling Silliphant (venu aussi de la télévision, alors véritable vivier de talents) basé sur un roman de John Ball.

Il était effectivement plutôt aventureux au cœur des sixties de s’attaquer de front au problème des droits civiques des Noirs, d’autant plus que le script vise de plein front le Sud des Etats-Unis et notamment l’Etat du Mississippi. Le risque était pourtant calculé puisque le producteur a démontré au studio United Artists que le film pourrait parfaitement être rentabilisé grâce à l’aura de Sidney Poitier, alors en pleine ascension, et ceci même si les Etats du Sud refusaient de projeter le film. De même, le tournage s’est intégralement déroulé dans un Etat du Nord afin d’éviter des heurts avec une population locale encore trop sensible au sujet du racisme.

Dans la Chaleur de la nuit, photo proposée par Solaris

© 1967 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Une description juste du sud des Etats-Unis

Finalement, Norman Jewison gagne son pari sur de nombreux plans. Tout d’abord, il parvient à retracer avec un nombre conséquent de détails finement observés l’ambiance chaude, moite et délétère d’un certain Sud, gangrené à la fois par la misère sociale, le manque d’éducation et une forme d’atavisme. Il plonge dans cet univers qu’on croirait issu du 19ème siècle un policier noir venu de Philadelphie, en proie à la méfiance et au racisme des autochtones qui ne supportent pas le renversement des valeurs opéré dans les années 60.

A chaque séquence de Dans la chaleur de la nuit, on s’attend à ce que l’un des personnages blancs veuille régler son compte au policier de couleur, uniquement pour pouvoir affirmer sa supériorité, conçue comme « naturelle ». C’est dans cette atmosphère de suspicion que se déroule une classique enquête policière qui n’est d’ailleurs pas le point fort du long-métrage. On se fiche un peu du résultat de ce whodunit finalement assez peu convaincant.

Une œuvre classique, mais qui mérite d’être revu pour son actualité encore brûlante

Cependant, on est davantage séduit par l’ambiguïté des liens qui se tissent entre le policier noir incarné avec dignité par Sidney Poitier et le flic blanc blasé interprété avec aisance par Rod Steiger (ce dernier a d’ailleurs obtenu l’Oscar du Meilleur Acteur pour ce rôle). D’abord farouchement hostile envers celui qu’il considère comme un intrus venu marcher sur ses plates-bandes, ce vieux de la vieille va finir par respecter son confrère noir avant de développer avec lui des liens amicaux qui resteront pourtant dans le domaine du non-dit.

Dans la chaleur de la nuit, dvd France MGM

© 2004 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Sans doute trop classique dans son développement narratif, Dans la chaleur de la nuit gagne ses lettres de noblesse par des petites scènes en apparence anodines, mais qui en disent plus long que de grands discours sur le racisme à l’œuvre aux Etats-Unis. On se souviendra longtemps de cette main enlacée langoureusement par Lee Grant, laissant supposer un rapprochement possible entre une femme blanche et un Noir, ou cette gifle mémorable de Sidney Poitier envers un propriétaire terrien raciste qui ne méritait que ça. Rien que pour ces moments volés, le long-métrage n’a pas usurpé ses récompenses, dont celle du Meilleur Film aux Oscars de 1968.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 28 février 1968

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Dans la chaleur de la nuit, l'affiche

© 1967 The Mirisch Corporation / Affiche d’après une illustration de Paul Crifo. Tous droits réservés.

Biographies +

Norman Jewison, Rod Steiger, Lee Grant, Sidney Poitier, Scott Wilson, Warren Oates

Box-office de Dans la chaleur de la nuit

Dans la chaleur de la nuit a été distribué le 1er mars 1968. Il s’agissait pour la filiale française de United Artists de jouer sur le triomphe des Golden Globes et viser la publicité à venir que des Oscars pouvaient apporter. La sortie du classique de Norman Jewison sera même avancée d’une semaine sur notre territoire à la dernière minute. Et pour cause, le distributeur est le seul à faire la loi aux Globes de 1968 avec des prix enthousiastes pour Dans la chaleur de la nuit et Le Lauréat, deux films de leur époque qui marquaient un tournant dans le cinéma américain.

Meilleur Film dramatique, Meilleur acteur pour Rod Steiger, et Meilleur scénario, c’est un triomphe qui attendait le film de Norman Jewison aux Golden Globes, récompenses attribuées par la presse étrangère à Hollywood.

Paris est acquise à Sidney Poitier en 1968

Pour sa première exclusivité parisienne, Dans la chaleur de la nuit se positionne en 5e place sur la capitale. Le polar est distancé par Les Cracks  qui réalise un lancement bon : le film d’Alex Joffé avec Bourvil et Robert Hirsch engrange 63 000 tickets en une semaine contre 25 970 pour le Norman Jewison. Une autre nouveauté, en 4e position, se montre plus pugnace, Matt Helm traque de Henry Levin avec Dean Martin. Même Bonnie et Clyde,d’Arthur Penn alors en 6e place et 6e semaine, le talonnait avec 24 290 spectateurs.

En fait, Dans la chaleur de la nuit sur 5 écrans couvrait un potentiel de 2 185 places contre 6 794 places pour Les cracks qui figurait notamment au Rex et à l’Ermitage. Sidney Poitier et Rod Steiger sont de leur côté au Publicis-Elysées, au Publicis St-Germain, au Vendôme, au Translux Pullman et au Translux Gobelins.

En deuxième semaine, les choses changent et l’histoire se dessine. Les Cracks chute déjà en deuxième place, en raison de l’arrivée du culte Le Bon, la Brute et le Truand qui déboule en tête avec 65 000 Parisiens. Norman Jewison, lui, voit In the Heat of the Night grimper en deuxième semaine pour se loger en 4e place, avec 27 856 spectateurs.

En 3e semaine, le film rétrograde en 5e place mais demeure d’une belle stabilité (24 549) quand Le Pacha avec Jean Gabin fait plier le box-office sous son poids (80 140).

Dans la chaleur de la nuit, promo Le Film Français au lendemain des Oscars en avril 1968

© 1968 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Semaine 4. Le petit baigneur avec De Funès s’accapare la première place avec 86 335 fans de l’idole du rire. Un basculement symbolique opère en 5e position : Dans la chaleur de la nuit double Les cracks de trente spectateurs (23 148). Le cinéma français reprendra les choses en main sept jours plus tard. Steiger et Poitier chutent en 8e place et sous la barre des 20 000.

L’effet Oscar de Dans la chaleur de la nuit

L’état stationnaire du film en 6e semaine (17 933 entrées, 9e sur la capitale) correspond à la semaine des cinq Oscars glorieusement remportés à Hollywood : Meilleur film,  Meilleur acteur pour Steiger, Meilleure adaptation, Meilleur montage et Meilleur enregistrement sonore.

L’effet Oscar est immédiat sur Paris avec une remontée en 7e semaine aux chiffres de son investiture (25 390). De Funès baigne toujours en première place pour la 4e semaine consécutive.

En 9e semaine, Sidney Poitier dépasse les 200 000 Parisiens, doublant Les Cracks qui a été retiré de l’affiche à l’issue de 5 semaines, avec finalement 196 000 amateurs de franchouille sur la capitale.  Mieux, l’acteur afro-américain, symbolique d’une Amérique qui remet en question les valeurs conservatrices et racistes de sa société, est depuis le début du mois de mai à l’affiche d’un nouveau carton au box-office, Devine qui vient dîner… de Stanley Kramer.

Cinquième annuel en 1968 sur Paris

Dans la chaleur de la nuit ne veut pas disparaître de l’affiche à Paris, avec des circuits qui changent. On peut le voir au Capri, Quartier Latin, Vedettes, au Hollywood, au Studio St-Lazare… Au total 27 cinémas le diffuseront sur Paname au fil d’une très longue première exclusivité. Avec 367 620 spectateurs sur Paris en 1968, le classique de Norman Jewison a fait mieux que Les douze salopards, Le Pacha, Playtime, Alexandre Le bienheureux… finissant l’année 1968 sur Paris en 5e place. Indélogeable, Louis de Funès baignait dans le bonheur en première position annuelle, avec 552 000 spectateurs.

Pour Sidney Poitier, avec les 221 000 entrées pour Devine qui vient dîner… et les 74 663 entrées pour Les anges aux poings serrés qui sortira en juillet de cette année, cela sera une consécration dont il ne réitèrera jamais le succès en France.

Dans la chaleur de la nuit ressortira régulièrement pour atteindre les 1 728 000 spectateurs sur toute la France et près de 700 000 entrées sur la capitale. La dernière réédition officielle fut celle de 2012 par Solaris Distribution (3 039 entrées). Sidney Poitier, légendaire, décèderait dix ans plus tard, le 6 janvier 2022, rentrant dans l’histoire comme la star afro-américaine qui émergea dans les salles lors des mouvements pour les droits civiques.

Il est iconique.

Box-office de Frédéric Mignard

Dans la Chaleur de la nuit, reprise 2012

© 2012 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved.

Le test du Digibook blu-ray (2014) :

Les suppléments : 2 / 5

Cette édition spéciale en Digibook nous laisse une fois de plus avec un goût amer dans la bouche. Pourquoi faire un beau travail éditorial avec packaging luxueux, confection d’un petit livret informatif et belle restauration, si c’est pour faire à l’arrivée des économies de bout de chandelle en ne sous-titrant aucun des bonus proposés ? Seuls les anglophones pourront donc profiter du commentaire audio présent tout au long du film. Mais ici, même le making of rétrospectif de 21mn est dépourvu de sous-titrage. De même que le petit module sur la formidable musique de Quincy Jones (13mn) ou encore celui sur la fameuse scène de la gifle (8mn). Pourtant, toutes les informations données ici sont précieuses. Quel dommage !

L’image : 5 / 5

Une restauration magnifique comme on aimerait en voir plus souvent avec des images qui respectent totalement la photographie d’origine tout en lui redonnant une seconde jeunesse. Les couleurs sont éclatantes – la scène de la serre est ainsi un grand moment – et même les passages plus sombres demeurent de bonne tenue, d’autant que la copie conserve un léger grain cinéma qui n’est pas pour nous déplaire. Le résultat tient donc du miracle.

Le son : 4 / 5

Une fois de plus seule la version originale a vraiment fait l’objet d’un lifting avec un 5.1 DTS HD Master Audio qui répartit de manière assez harmonieuse les bruits d’ambiance et la musique savoureuse et audacieuse de Quincy Jones. Pour la piste française, en revanche, il faudra vous contenter d’un mono un peu étouffé et forcément plus étriqué. Le doublage d’époque est cependant de bonne qualité.

Test du blu-ray : Virgile Dumez

Dans la chaleur de la nuit, jaquette

© 1967 The Mirisch Corporation / © 2014 MGM -United Artists. All Rights Reserved.

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Dans la chaleur de la nuit, l'affiche

Bande-annonce de la reprise 2012 de Dans la chaleur de la nuit (VOstf)

Drame, Policier

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