Moins un épisode de Captain America qu’un véritable Avengers, Civil War transcende l’art des Marvel et fait preuve de toutes les qualités que l’on aurait aimé trouver dans L’Ere d’Ultron. Un segment en béton armé !
Synopsis : Steve Rogers est désormais à la tête des Avengers, dont la mission est de protéger l’humanité. A la suite d’une de leurs interventions qui a causé d’importants dégâts collatéraux, le gouvernement décide de mettre en place un organisme de commandement et de supervision.
Cette nouvelle donne provoque une scission au sein de l’équipe : Steve Rogers reste attaché à sa liberté de s’engager sans ingérence gouvernementale, tandis que d’autres se rangent derrière Tony Stark, qui contre toute attente, décide de se soumettre au gouvernement…
Critique : Troisième volet de la franchise des Captain America, après First Avenger et Le soldat de l’hiver, Civil War est surtout un pur produit Avengers, à l’esprit collectif, comme on aurait aimé en voir plus tôt à l’écran, notamment après la déception massive de L’Ere d’Ultron qui ne nous avait guère impressionnés dans son approche artificielle et fade de ses personnages.
© 2016 Marvel. All Rights Reserved.
Civil War s’émancipe du tout-venant en s’appuyant sur l’un des comics les plus cultes de Marvel, regroupant quelques-unes des plus belles figures de la constellation maison. Dans la BD, on y trouvait en plus des Vengeurs déjà déclinés en salle, Spider-Man, qui vient rejoindre le groupe sur le grand écran, grâce à un accord trouvé avec Sony qui détient les droits cinéma (il faut dire que le studio est sur le point de tisser une énième franchise sur la toile, avec un nouveau comédien, Tom Holland, ceci explique cela. Le comics déployait aussi les forces groupées des X-Men et des 4 Fantastiques, deux franchises liées en salle à la Fox, et qui donc, pour des raisons de droits, ne viennent pas s’insérer dans cette guerre civile sur le grand écran.
Transposition canon de l’album papier à l’écran, Civil War explose les attentes.
L’intrigue de ce nouveau géant du film de super-héros est fondée sur un constat quasi terre-à-terre : les Avengers sont incontrôlables, et même au service du bien dans le monde, ils occasionnent des dommages collatéraux inestimables, en fauchant accidentellement la vie de milliers d’humains, lors de leurs combats titanesques avec les bad guys, toujours peu soucieux quand il s’agit de détruire du building. On se souvient de la séquence ahurissante du premier Avengers à New York, qui était à l’image des Transformers de Michael Bay et du Man of Steel de Snyder, impressionnante : on y cassait du Manhattan sans se soucier de la populace locale, forcément prise au piège dans les décombres mortels des cimetières urbains.
Il est temps pour les héros de Stan Lee de payer le lourd tribut des pertes humaines en acceptant d’œuvrer sous le joug des gouvernances mondiales qui ont mis au point un accord faisant des super-héros solitaires des hors-la-loi, quand bien même leur combat serait le fruit d’un altruisme propre à la moralité sans faille de notre bien-aimé Captain America.
Désormais divisés entre les récalcitrants qui se refusent à opérer sous l’autorité arbitraire de Nations Unies (la Team Captain America) et ceux, rongés par le remord, prêt à courber l’échine pour se racheter (curieusement la Team Iron Man, avec notre Black Widow fatale que l’on a connue plus téméraire et indomptable), les Avengers se désunissent dans la plus grande loyauté envers leur conviction, fidèles à eux-mêmes et à leurs idéaux.
Cette fraction, moins fratricide que l’on pouvait l’imaginer, prend de l’ampleur en cours de film (il faut compter sur pas moins de 2h30 de spectacle performant) et chacun des super-héros centraux, Captain America et Iron Man, élargit sa base de compères en comptant sur les nouveaux venus que sont, pour le premier, Ant Man (l’un des pivots, par « ses » tailles extrêmes, de la séquence de baston collective de l’aéroport), et Spider-Man. Ce dernier participe au combat entre Avengers durant cette même scène, avec la présence immature et intrépide d’un Twittos de 15 ans qui se découvre de super pouvoirs sur la toile. Cela donne, malheureusement, le ton très gamin de la prochaine série de films de Spider-Man.
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Avec un mélange d’humour propre à Marvel (quelques excellentes punchlines) et une vocation à noircir le trait des personnages en axant toute l’intrigue sur la notion de culpabilité et de vengeance, Civil War transcende les productions du studio de Kevin Feige, si l’on écarte la première trilogie de Spider-Man et la plupart des X-Men. Toutes l’éloquence et la finesse du script résident aussi dans la figure emblématique du vilain qui n’en est pas tout à fait un, même s’il précipite la perte de nos héros bienveillants. Zemo, défini par l’acteur allemand Daniel Brühl, inocule cet insupportable désir de rage qui dévore les entrailles des héros, en chassant le rationnel pour submerger leur esprit d’émotions basses. De quoi convoquer les sommets lors des 20 dernières minutes qui réunissent un twist racé.
Si l’on ajoute l’introduction d’un nouveau costume épatant, celui de Black Panther (joué par Chadwick Boseman), et une belle perspective sur Avengers Inifinity War et Endgame donc Civil War prépare le terrain admirablement, ce troisième volet de Captain America est sans nul doute l’un des temps forts de la franchise incontournable des années 2010. D’aucuns sont persuadés qu’il s’agit du meilleur jalon Marvel. On n’est pas loin d’en être persuadé.
Box-office de Captain America : Civil War
En réalisant 2 984 027 entrées, Captain America Civil War a cartonné pour un film estampillé Captain America, par rapport aux épisodes précédents, mais cela reste peu pour un Marvel mettant en scène au premier plan Iron Man et l’armada d’Avengers. Cela signifie que les Français ont le préjugé tenace vis-à-vis du héros patriote qui n’aura jamais été totalement adopté. Nos compatriotes lui auront préféré Deadpool en février 2016 (3 700 000) et Les Gardiens de la galaxie 2 en 2017 (3 200 000).
Evidemment, après le consortium de super-héros qu’ont représenté Avengers (4 500 000), Avengers l’ère d’Ultron (4 300 000), les quasi 3 millions d’entrées de Civil War sont d’autant plus décevants qu’on avait bien là un authentique Avengers qui avait les moyens de tout casser. D’ailleurs, Infinity War en 2018 (5 200 000) et Endgame en 2019 (6 940 000) parviendront à battre les records attendus.
Avec son budget gonflé à 250 000 000$ (soit une inflation de 80M$ par rapport au volet 2), Captain America 3 sera toutefois une excellente affaire pour Disney-Marvel. A 100 000$ près, Civil War occupe la 3e place annuelle du box-office américain avec 408 084 349$ contre 408 235 850$ pour Rogue One. En fait, en 2016, Walt Disney Studios Motion Pictures occupait aux USA quatre des cinq premières places annuelles, avec le Pixar Le monde de Dory, numéro 1 annuel, avec 486 000 000$.
Aux USA, Captain America Civil War devance donc Deadpool (363 000 000), Batman v Superman (330 000 000), Suicide Squad (325 000 000$), Doctor Strange (229 000 000) et X-Men Apocalypse (155 000 000), lors d’une année placée sous le signe de la domination super héroïque.
A l’international, le phénomène Captain America Civil War est global, la Chine explosant les moteurs (180M$), suivie par la Corée du Sud (62M$) et le Royaume-Uni (53M$), le Mexique (41M$), le Brésil (40M$), l’Australie (25M$) et le Japon (24M$).
Avec ses 23.2M$, la France arrive seulement en 8e place mondiale, devant des pays comme l’Allemagne (21.7M$) et surtout devançant les 12M$ de l’Italie et de l’Espagne qui n’ont jamais vraiment craqué devant le torse imberbe de Captain America.
Sorties de la semaine du 27 avril 2016
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Anthony Russo Joe Russo, Robert Downey Jr., Chris Evans, Scarlett Johansson, Jeremy Renner, Paul Rudd, Don Cheadle, Elizabeth Olsen, Anthony Mackie, Chadwick Boseman, Tom Holland, Marisa Tomei, Frank Grillo, Martin Freeman, William Hurt, Daniel Brühl, Sebastian Stan