Blockbuster en béton armé, Captain America Le soldat de l’hiver balance du lourd, jusqu’à l’excès dans sa dernière séquence…
Synopsis : Après les événements cataclysmiques de New York de The Avengers, Steve Rogers aka Captain America vit tranquillement à Washington, D.C. et essaye de s’adapter au monde moderne. Mais quand un collègue du S.H.I.E.L.D. est attaqué, Steve se retrouve impliqué dans un réseau d’intrigues qui met le monde en danger. S’associant à Black Widow, Captain America lutte pour dénoncer une conspiration grandissante, tout en repoussant des tueurs professionnels envoyés pour le faire taire. Quand l’étendue du plan maléfique est révélée, Captain America et Black Widow sollicite l’aide d’un nouvel allié, le Faucon. Cependant, ils se retrouvent bientôt face à un inattendu et redoutable ennemi – le Soldat de l’Hiver.
Critique : Sûrement trop old school, avec son décor des années 40, en pleine Europe nazie, le premier Captain America ne déméritait pas, mais laissait à l’esprit du spectateur une certaine indifférence face à un super-héros à la psychologie maigrelette, alors que le public gardait à l’esprit les aventures futuristes ou du moins plus contemporaines des autres héros Marvel et la noirceur des dernières adaptation des D.C. Comics.
Captain America le Soldat de l’hiver rectifie le tir
Propulsé à notre époque à la fin du premier film, héros à part entière du consortium des Avengers, le capitaine patriote appartient désormais aux icônes du monde moderne. Et d’ailleurs, c’est moins en défenseur de l’Amérique qu’en véritable sauveur d’une humanité sélectionnée pour l’éradication qu’il reprend ici du service, rendant le message plus approprié au public international, puisque ici, c’est une époque de chaos généralisé qui est dépeinte, avec un risque d’anarchie et de terrorisme contre lequel le SHIELD, gangrené de l’intérieur, se veut être le dernier rempart, au sens propre et figuré, jusqu’à prendre des mesures de prévention drastiques et moralement contestables.
Dans un monde où les vilains pourraient vouloir sélectionner ceux qui ont le droit de vie sur cette Terre en dictant une politique d’eugénisme, Captain America, indépendant d’esprit, guidé par un libre arbitre et une sensibilité un peu fades (où sont ses zones d’ombre ?), mais inexorablement humain et sensible, s’affranchit de la pensée unique du tout sécuritaire, ne se résigne pas à l’escalade de l’armement pour faire front à une menace fantôme (en fait bien réelle), qui pourrait retourner les armes redoutables de l’organisation contre les civils du monde entier.
La problématique posée par cette nouvelle charge de Captain America fait sens. Elle parle avec une certaine forme de justesse dans son raisonnement, alors que l’action n’est pas omise pour autant : le personnage de Nick Fury (Samuel L. Jackson) est laissé pour mort, lors d’une cabale meurtrière époustouflante, qui donne naissance à une incroyable scène d’action et de course-poursuite en pleine ville, qui compte parmi les meilleures vues dans un film de super-héros.
Marvel sur Cinédweller
Film de la paranoïa où il faut se protéger de ses alliés les plus proches, Le soldat de l’hiver ravive les plaies des dérives sécuritaires de l’Amérique des années 2000 tout en conviant des figures anciennes du premier Captain America pour nous rappeler que le Mal ne meurt jamais et que l’histoire n’est qu’éternelle répétition.
Accompagné par la présence électrisante de Black Widow, sublimée par la plastique et la voix sensuelles de Scarlett Johansonn, Captain America trouve également un side-kick efficace en la présence du Faucon (Anthony Mackie), héros humain qui porte volontiers le poids des petites phrases drôles qui plairont ou non.
Avec une réalisation efficace d’Anthony et Joe Russo qui leur a valu d’être réengagés sur le 3e numéro, Civil War, Captain America : le Soldat de l’hiver ne démérite pas et se permet de largement dépasser les aventures humbles de Thor et celles plus bling bling d’Iron Man. Cet épisode se place même dans le haut du panier du marché Marvel. Toutefois, ne crions pas au miracle… Là où Nolan était parvenu à fédérer tous les fantasmes du public avec une trilogie Dark Knight implacable, à la noirceur viscérale, ce nouvel épisode se contente souvent d’aligner des scènes d’action de bravoure qui à la fin finissent par lasser dans leur gigantisme. Ainsi l’attaque spectaculaire du Q.G. du SHIELD n’a pas sa propre personnalité, ne faisant qu’appliquer le cahier de charges des Transformers, Avengers ou Man of Steel dans un jeu de destruction massive improbable.
© 2014 Marvel. All Rights Reserved.
Box-office de Captain America le Soldat de l’hiver
Après la déception évidente de Captain America First Avenger, Le Soldat de l’hiver a remis les pendules à l’heure. La sérialisation systématique des films de super-héros a aidé. Entre les deux Captain America, le public a dévoré Avengers (4 500 000 entrées), The Amazing Spider-Man (2 540 000), Iron Man 3 (4 309 000), Wolverine le combat de l’immortel (1 989 000), Thor le monde des ténèbres (2 354 000). Paramount n’est désormais plus aux arrières : Walt Disney, qui a racheté Marvel Entertainment en 2009, a également payé plus d’une centaine de millions de dollars pour récupérer les droits de distribution et de commercialisation (vidéo…) de The Avengers et Iron Man 3. Paramount avait en effet signé, en 2008, un contrat de cinq films avec Marvel, comprenant notamment ces deux longs métrages que Disney propulsera sous son label en salle. Une victoire.
Captain America le Soldat de l’hiver a été réalisé hors du contrat de 5 films liant Marvel et Paramount ; il revenait naturellement à Walt Disney, fort de son rachat de Marvel. La puissance de frappe est quintuplée. Aux USA, Captain America bondit de 176M$ à 259M$ pour cet épisode 2. Dans le monde, le super-héros passe de 370M$ à 714M$, fort notamment de l’apport de plus de 110M$ en Chine !
Les recettes doublent au Royaume-Uni avec 32M$ qui surpasse le Brésil (28M$) et le Mexique (28M$), deux pays leaders dans l’exploitation du premier volet.
La Corée du Sud (30M$), l’Australie (18M$), la Russie (15M$) lui assurent également de beaux résultats.
En France, la progression de 7M$ lui permet de réaliser un score convenable, puisque la progression de 860 000 spectateurs lui permet de frôler les deux millions d’entrées. Certes, le score est encore bas par rapport à tous les autres super-héros de sa famille. Seul Ant-Man fera systématiquement moins.
En France, un Captain America leader pendant deux semaines
Sorti le 26 mars 2014, Captain America le Soldat de l’hiver n’a eu aucun mal à accéder à la première place en première semaine, avec 769 000 entrées dans 664 salles.
Aucun film d’envergure n’était proposé face à lui ; le mois de mars avait été creux, avec comme seuls blockbusters 300 : La naissance d’un empire, sorti 4 semaines plus tôt, Monuments Men, alors en 3e semaine, et 3 Days to Kill d’Europacorp, avec Kevin Costner, dont l’échec, une semaine auparavant, déstabilisera la société de Luc Besson, déjà affectée par les bides récents d’Angélique et de Jack et la mécanique du cœur.
Le super-héros patriote restera une deuxième semaine bon premier, avec toutefois une semaine réduite à 452 000 spectateurs. Mais les nouveautés (Clochette et la fée pirate et Avis de mistral avec Jean Reno) n’avaient aucune chance pour le faire chuter. C’est en troisième semaine que la bascule s’effectue avec les sorties de Rio 2, Noé, Divergente et Les yeux jaunes du crocodile. Captain America le soldat de l’hiver perd 4 places et, avec 231 000 entrées, limite la casse grâce à l’apport que lui proposent les vacances de Pâques.
Le Soldat de l’hiver achèvera sa carrière française en 25e place annuelle, devant Gone Girl de David Fincher, mais derrière Maléfique (23e), The Amazing Spider-Man (21e), Les gardiens de la galaxie (17e), Hunger Games la révolte part 1 (10e), X-Men Days of Future Past (8e)…
Sorties de la semaine du 26 mars 2014
© 2014 Marvel. All Rights Reserved.
Biographies +
Anthony Russo, Joe Russo, Chris Evans, Scarlett Johansson, Anthony Mackie, Samuel L. Jackson, Frank Grillo, Jenny Agutter, Robert Redford, Sebastian Stan