Spider-Man Homecoming est un teen movie dans l’obstination de l’image et du paraître cool, pas désagréable, voire même plutôt récréatif, mais tellement réducteur dans sa cible. A réserver exclusivement aux milléniaux.
Synopsis : Après ses spectaculaires débuts dans Captain America : Civil War, le jeune Peter Parker découvre peu à peu sa nouvelle identité, celle de Spider-Man, le super-héros lanceur de toile. Galvanisé par son expérience avec les Avengers, Peter rentre chez lui auprès de sa tante May, sous l’œil attentif de son nouveau mentor, Tony Stark. Il s’efforce de reprendre sa vie d’avant, mais au fond de lui, Peter rêve de se prouver qu’il est plus que le sympathique super héros du quartier. L’apparition d’un nouvel ennemi, le Vautour, va mettre en danger tout ce qui compte pour lui…
Spider-Man Homecoming, un teen movie plus qu’un film d’action
Critique : Toujours plus cool Spider-Man.
Exit la première trilogie de Sam Raimi, par moment très sombre et axée sur la psychologie tortueuse du personnage incarné par Tobey Maguire. Homecoming relance la franchise en se basant sur l’un des éléments les moins reluisants du diptyque mal-aimé The Amazing Spider-Man, à savoir la volonté de Marvel-Sony de rendre le personnage plus cool via l’interprétation d’Andrew Garfield. Il s’agissait d’harmoniser le ton avec les blockbusters solaires que Disney produit à la chaîne, d’Iron Man à Captain America, dont les personnages viennent ici jouer un rôle plus ou moins lointain, mais néanmoins important dans la construction du personnage de Spider-Man en quête de re-“père”.
Homecoming va donc encore plus loin en réduisant l’âge de l’homme-araignée, pour en faire le parangon du gamin sympa mais passe-partout, dont le seul copain est un geek obèse. Nouvelle mascotte de la saga, Tom Holland, plus un Spider-boy qu’un -man, est un choix évident. Dynamique, charismatique, il est irréprochable dans ses baskets d’apprenti super-héros dont la visibilité s’est faite sur… YouTube. Avec sa bouille de fils d’à côté, il a tout d’une idole de cour de récréation. Un petit charme juvénile et un petit côté tête-à-claque inhérents à son bel âge. Il est impossible que, dans l’approche d’identification voulue par les producteurs, les spectateurs milléniaux ne le considèrent pas comme le choix le plus approprié pour leur génération prompte au dégagisme ambiant (référence aux bouleversements politiques de 2017, dans la sphère politique). Ce nouveau volet d’une saga récente qui renaît de ses cendres pour la seconde fois en moins de 5 ans (le premier Amazing Spider-Man était sorti en 2012) est loin de la médiocrité et de la fadeur des deux films de Marc Webb. On avait d’ailleurs touché le fond avec le volet 2 (2014). Ce nouveau départ est même un teen movie parfaitement potable dans ses très (trop ?) nombreuses scènes lycéennes, puisque l’essentiel du film tourne autour de la fête de fin d’année, ce Homecoming qui s’affiche fièrement dans le titre. On pense même à Breakfast Club de John Hugues, lors des scènes d’heures de retenue. Toutefois, en bon film pour ados qu’il est, avec flirt, relations compliquées avec les adultes et sa sempiternelle quête de la figure paternelle, le blockbuster super-héroïque, lui, reste à l’état d’embryon et ne démérite pas dans un genre assumé, la comédie d’aventure à la Amblin Entertainment.
Iron Man et Disney adoubent un nouvel Avenger
Spidey, que l’on ne prend pas encore au sérieux chez les Avengers, ou du moins que Tony Stark relègue souvent à son quartier et à sa chambre d’ado, apprend seul avec son gestionnaire de costume, l’A.I. Karen, la gestion de ses pouvoirs. En parfait stagiaire des Stark Industries, redevable au milliardaire à qui il voue un culte, il attend désespérément que son smartphone retentisse pour qu’on lui demande, après les cours, de rejoindre le consortium de super-héros dans une nouvelle mission casse-cou. Décrit joyeusement comme un pur trublion de la génération selfie (voir le home-made movie de Tony Parker diffusé en prémices qui renvoie à son casting dans Captain America : Civil War), l’ado-araignée doit trouver, seul, une quête pour faire ses preuves. Entre le braquage du coin de rue et le sauvetage d’une poignée de potes dans un ascenseur fou, les scénaristes ne lui donnent pas encore d’adversaires destructeurs à sa taille pour soutenir la comparaison avec la surenchère d’effets spéciaux des offres alternatives.
Aussi, au niveau de l’action, Homecoming est franchement en-dessous du tout-venant, probablement victime d’un méchant vieillissant, le Vautour, joué par Michael Keaton, vilain récurrent du comics, qui n’est pas encore le bad guy qu’il pourra devenir par la suite. Le combat final est plus de l’ordre de l’épreuve parfaitement inoffensive que du déchaînement pyrotechnique à l’œuvre chez Snyder par exemple.
Sans aucun enjeu psychologique et sur un terrain d’action ultra limitée, Spider-boy ne démérite pas pour autant et réussit son pari de renouvellement aux yeux des plus jeunes, en s’assumant sans honte en comédie cool pour les moins de 20 ans. On ne lui reprochera pas, mais on fera preuve d’un enthousiasme limité. En fait Sony démontrait peu de temps auparavant que le film le plus cool de 2017, aux yeux de la génération adolescente, était issu de son propre catalogue. Il s’agit d’un certain Baby Driver d’Edgar Wright. Les plus de 20-30 ans lui ont préféré ce dernier en tout état de cause. Dans tous les cas, les résultats furent fructueux au box-office américain, puisque sous l’impulsion de Disney/Marvel, qui ont collaboré avec Sony pour la cohérence des passerelles liant Spider-Man aux autres super-héros gérés par le studio concurrent, ce nouveau départ est parvenu à générer à 334 millions de dollars sur le seul sol nord-américain, des recettes restées inaccessibles aux deux Amazing Spider-Man.
Critique : Frédéric Mignard