Spectacle décérébré qui tient de la bouillie numérique, Aquaman et le royaume perdu est sauvé du naufrage total par la réalisation efficace de James Wan, désireux de fournir un produit généreux aux spectateurs.
Synopsis : Black Manta, toujours hanté par le désir de venger son père, est maintenant plus puissant que jamais avec le légendaire Trident Noir entre ses mains. Pour l’anéantir, Aquaman doit s’associer à son frère Orm ancien roi d’Atlantide et actuellement emprisonné. Ensemble, ils devront surmonter leurs différences pour protéger leur royaume et sauver le monde d’une destruction irréversible.
Le super-héros qui valait plus d’un milliard de dollars
Critique : En décembre 2018, quand DC avait déjà du plomb dans l’aile (Justice League avait particulièrement déçu), Aquaman, spectacle fun et foutraque était un vrai succès au box-office mondial avec plus de 335M$ aux USA et 3 290 000 spectateurs en France ! Avec plus d’un milliard de dollars de recettes mondiales, ce spectacle de titan était tout de même le premier film de super-héros de Warner à sortir sur un an quand Disney/Marvel dominait cruellement le secteur.
Il a pourtant fallu attendre cinq ans, la crise du coronavirus, le procès surmédiatisé de Johnny Depp et d’Amber Heard (Mera dans les deux Aquaman), cinq ans de déceptions DC au cinéma (seul The Batman a vraiment fonctionné en salle, entre 2020 et 2022), pour qu’Aquaman délivre sa suite, toujours réalisée par James Wan qui a entre-temps signé le film d’horreur foutraque Malignant (2021). Ce dernier est convaincu que le premier volet d’Aquaman tirait un peu trop vers la comédie et il choisit de revenir à davantage de sérieux avec Aquaman et le royaume perdu (2023).
Une séquence d’ouverture catastrophique qui n’est pas représentative du film
Ce changement de braquet n’est pas perceptible de prime abord puisque cette suite débute par une séquence d’ouverture humoristique absolument déplorable qui tutoie la nullité de The Flash (Andy Muschietti, 2023). Le titre du film n’est même pas encore apparu à l’écran que l’on voudrait déjà quitter la projection tant le spectacle promet d’être embarrassant. Finalement, après cette entrée en matière catastrophique, James Wan parvient à mettre en place son histoire de manière plutôt convaincante. Certes, l’intrigue proposée n’a rien de révolutionnaire puisque le super-héros devra à nouveau sauver le monde d’une entité maléfique, tout en faisant équipe avec son frère, mais la trame se suit tout de même sans déplaisir.
Le cinéaste s’appuie sur l’interprétation correcte de Jason Momoa – décidément davantage à sa place lorsqu’il incarne les héros bas du front – et son duo avec Patrick Wilson qui s’en sort plutôt bien également. Malheureusement, l’ensemble du film baigne dans une avalanche d’effets visuels tous plus laids et ratés les uns que les autres. On se demande vraiment comment de tels effets peuvent émerger au cœur de budgets qui dépassent allègrement les 200 millions de dollars. Plus proche de la bouillie numérique que du festin visuel, Aquaman et le royaume perdu rejoint donc son prédécesseur au pays du fourre-tout kitsch, alternant quelques beaux plans (généralement pour valoriser les décors fictifs) et des séquences d’action plutôt embarrassantes.
James Wan fait de son mieux pour sauver les meubles d’un univers en déconfiture
Premières victimes de cette purée de pois, Nicole Kidman et Amber Heard sont hilarantes lorsqu’elles se mettent à combattre sous les eaux, tant leurs évolutions sonnent faux. Dans cet univers entièrement factice, James Wan fait pourtant de son mieux avec sa caméra virevoltante pour donner de l’ampleur à ses scènes. Son travail n’est guère critiquable, mais il a sans aucun doute été victime d’une production chaotique, avec nombre de reshoots et de modifications de plannings de dernière minute. Pour preuve, Ben Affleck est venu tourner des scènes en tant que Batman, mais celles-ci n’ont finalement pas été retenues dans le montage final, puisque l’univers partagé DC a été abandonné entre-temps par Warner.
Aquaman et le royaume perdu n’est donc aucunement relié aux autres films de l’univers étendu DC, ce qui n’est pas forcément pour nous déplaire. Toutefois, la production semble avoir plié bagage avant la finalisation du produit et cette suite condamnée d’avance par son propre studio en souffre assurément. Le résultat est une œuvre brinquebalante, handicapée par des effets visuels ratés, mais qui n’est pas plus insupportable que d’autres produits concurrents (on songe notamment aux effroyables navets du Sony’s Spider-Man Universe).
Aquaman et le succès perdu de vue
Lors de sa sortie américaine du 22 décembre 2023, Aquaman et le royaume perdu a pris tout le monde par surprise en ne cumulant que 40 millions de dollars lors de son premier week-end, là où son prédécesseur réunissait la jolie somme de 67 millions en quatre jours. La déculottée est totale. On notera que même The Flash a mieux performé au démarrage, c’est dire l’ampleur de la déroute. Par la suite, Aquaman 2 a expiré avec 124 481 226 $ amassés, contre 335 000 000 $ pour son prédécesseur. Très loin du milliard de dollars glané par le premier volet sur le plan mondial, sa suite s’est contentée de réunir 439 381 226 $.
En ce qui concerne la France, le même phénomène est observable puisque le métrage a franchi tout juste les 2 millions de spectateurs contre 3,2 millions pour le premier. On notera que la France fut tout de même le quatrième meilleur marché pour cette suite, derrière les Etats-Unis (124 M$), la Chine (64 M$) et le Mexique (22 M$), avec un total de 16 M$. Cela n’en demeure pas moins une sacrée déception qui enterre pour de bon cet univers partagé DC dont il constitue officiellement le dernier film.
Désormais, Warner Bros compte sur le reboot effectué par James Gunn pour retrouver le succès, avec comme première marche un Superman attendu pour début juillet 2025.
Critique de Virgile Dumez
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James Wan, Nicole Kidman, Jason Momoa, Amber Heard, Patrick Wilson, Dolph Lundgren, Temuera Morrison, Yahya Abdul-Mateen II, Indya Moore, Martin Short