Brigitte Lahaie est l’icône du cinéma pornographique français, le symbole de l’âge d’or du X, avec une centaine de films à son actif, mais pas seulement dans le seul cinéma hard qu’elle abandonne en 1980, après quatre ans d’activité et plusieurs dizaines de rôles.
On a vue la papesse du désir chez Gérard Kikoïne (Indécence 1930, Call girls de luxe, Tout pour jouir), Claude Mulot (Suprêmes jouissances, Les petites écolières), Claude Bernard-Aubert (Sarabande porno, Le retour des veuves, Les délices de l’adultère, Clarisse, La rabatteuse, Perversions d’une jeune mariée, Auto-stoppeuses en chaleur, Parties de chasse en Sologne), Pierre B. Reinard (Entrecuisses), Robert Renzulli (Cathy fille soumise, Estivantes pour homme seul), José Bénazéraf (Bordel SS, Hurlements d’extase), Francis Leroi (Je suis à prendre), Claude Pierson (Bouches expertes), Sam Corey (La mouillette), Jean-Marc Pallardy (Prends-moi de force, Une femme spéciale), Jean-Claude Roy (Couple cherche esclave sexuel), Jess Franco (Je brûle de partout), Gérard Vernier (Pénétrez-moi par le petit trou)…
Si Brigitte Lahaie arrête le porno en 1980, elle poursuit une longue carrière dans l’érotisme (Erotica, Éducation anglaise, La France interdite, Joy et Joan). Elle apparaît dans des comédies paillardes (Comment se faire virer de l’hosto, Te marre pas, c’est pour rire, N’oublie pas ton père au vestiaire, On se calme et on boit frais à Saint-Tropez de Max Pécas, dans lequel elle s’est retrouvée contre son gré, ou la comédie érotique Le diable rose) ; ainsi des films d’épouvante, notamment chez Jean Rollin, qui l’avait déjà dirigée dans un porno (Vibrations sexuelles, 1976). Pour lui, elle tournera dans Les raisins de la mort, La nuit des traqués, Fascination, Les deux orphelines vampires, La fiancée de Dracula…). Elle multiplie les polars urbains (Brigade des mœurs, L’éxécutrice, dans lequel elle tient un premier rôle médiatisé). Brigitte Lahaie tourne dans un giallo pour Claude Mulot (Le couteau sous la gorge) et se retrouve dans le blockbuster du cinéma bis français Les prédateurs de la nuit, produit par son compagnon de l’époque, le nabab du cinéma, de l’exploitation et de la vidéo, René Chateau. Elle incarne un personnage machiavélique face à Telly Savalas, Stéphane Audran, Helmut Berger…
Une autobiographie, des émissions de radio plus tard, Lahaie devient une sexologue médiatisée, et réussit une reconversion unique dans l’histoire du film pornographique. Celle qui joua un petit rôle chez Alain Delon (Pour la peau d’un flic, 1980), obtient un rôle formidable pour Fabrice du Welz dans Calvaire. Une grande complicité la lie au cinéaste culte. Calvaire est l’un de ses meilleurs rôles dans la carrière de Brigitte Lahaie. Le film horrifique hors normes fait sensation.
En 2020, Brigitte Lahaie revient au cinéma porno-érotique, avec Une dernière fois, un projet artistique total d’Olympe de G., articulé autour de la sexualité, celle d’une dernière fois, dans la vie d’une femme. Elle y est émouvante et confirme l’ampleur de son mythe. Un faux documentaire, mais surtout un faux film hard qui marque un retour inattendu et troublant. Lahaie n’a jamais aussi bien joué et n’a jamais été aussi naturelle à l’écran. Du porno éthique pour une dame qui n’en a jamais manqué.
La star d’une vie et de plusieurs générations.