Dark Mission : la critique du film (1988)

Action, Aventures, Nanar | 1h31min
Note de la rédaction :
2/10
2
Dark Mission : les fleurs du mal de Jess Franco, affiche du film avec Brigitte Lahaie

  • Réalisateur : Jesús Franco
  • Acteurs : Christopher Lee, Brigitte Lahaie, Richard Harrison, Alicia Moro, Christopher Mitchum, Cristina Higueras
  • Date de sortie: 18 Août 1988
  • Nationalité : Français, Espagnol
  • Titre original : Dark Mission : Flowers of Evil
  • Titres alternatifs : Dark Mission (Les fleurs du mal) (traduction littérale du titre anglais) / Columbian Connection / Dark Mission : Evil Flowers (USA) / Dark Mission (Operación cocaína) (Espagne) / Narcotráfico (Portugal) / Trudna misja (Pologne)
  • Année de production : 1988
  • Scénariste : Jesús Franco (sous les pseudos David Kuhne et A. L. Mariaux)
  • Directeur de la photographie : Roger Fellous (sous le pseudo Roy Fellous)
  • Compositeur : Louis Alborado et Daniel J. White (sous le pseudo Pablo Villa)
  • Société(s) de production : Eurociné, Siodmak P.C.
  • Distributeur : Eurociné. La date ci-dessus est celle de la sortie espagnole, car la sortie française reste hypothétique.
  • Éditeur(s) vidéo : TF1 Vidéo (VHS, 1994) / Pulse Vidéo (blu-ray, 2022)
  • Date de sortie vidéo : 1994 (VHS) / 27 septembre 2022 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66: 1 / Couleurs (Panavision) / Son : Dolby Stéréo
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : -
  • Crédits : Eurociné
Note des spectateurs :

Nanar stratosphérique, Dark Mission constitue une mauvaise pioche au sein de l’œuvre pléthorique de Jesús Franco. Entre sa réalisation anémique, ses comédiens en roue libre et sa musique d’ascenseur, la série Z afflige.

Synopsis : Devant la progression alarmante des toxicomanes parmi la jeunesse, Derek Carpenter, un agent de la CIA, est envoyé au Pérou par la section antidrogue avec pour mission de détruire la plaque tournante secrète où convergent toutes les récoltes d’opium des plateaux andins. Dans l’avion qui le mène en Amérique Latine, Carpenter sympathise avec Linda Montana, la fille de Don Luis qui n’est autre que sa cible, soit le chef tout puissant d’un réseau de trafiquants de stupéfiants…

Dark Mission, la tentative de percée internationale d’Eurociné

Critique : A la fin des années 80, le cinéma d’exploitation est en train de mourir à petits feux et la compagnie Eurociné de la famille Lesoeur décide de limiter leur production annuelle à un seul film important, au lieu d’éparpiller leurs budgets rachitiques entre cinq ou six produits différents. Ainsi, ils viennent de produire le film d’aventures Commando Mengele (Bianchi, 1986) et ils choisissent de continuer dans cette voie avec un autre long-métrage qui s’inscrit dans la vague de films d’action exotiques qui déferlent sur les écrans dans les années 80. Le but affiché est de pénétrer le marché étranger en proposant un casting international qui se veut prestigieux.

Toutefois, on ne perd pas forcément les vieilles habitudes dans la famille Lesoeur et l’ensemble du long-métrage a finalement été tourné à l’économie. Ainsi, au générique, on retrouve Christopher Mitchum, le fils du grand Robert, déjà présent dans leurs productions récentes. Mais aussi l’inénarrable Richard Harrison qui sort de sa période ninja en Asie ou encore Christopher Lee dont la carrière est au plus bas au cours de ces années 80 où il accepte n’importe quel contrat pour pouvoir payer ses factures (on se souvient notamment de Hurlements 2 de Philippe Mora en 1985). D’ailleurs, Dark Mission (1988) lui permet de retrouver Jesús Franco avec qui il a tourné plusieurs films à la fin des années 60 et au début des années 70.

Jesús Franco abuse de stock shots

Le réalisateur espagnol, très apprécié des Lesoeur pour sa capacité à tourner vite, retrouve également dans un second rôle la belle Brigitte Lahaie qui cherche encore à cette époque à percer dans un cinéma plus traditionnel, éloigné de sa carrière pornographique. Le cinéaste l’avait déjà dirigé dans l’érotique Je brûle de partout (1979) et les deux complices continueront sur leur lancée avec Les prédateurs de la nuit (1988).

Réalisé en Espagne dans des lieux qui peuvent passer pour être la Colombie, Dark Mission utilise dès le début une série de stock shots qui ont la particularité de ne pas être au même format que le film lui-même, rompant la continuité de manière évidente. Grâce à un accord passé par Daniel Lesoeur avec le directeur de la communication de l’Aérospatiale, Eurociné a pu disposer de plans exclusifs des nouveaux hélicoptères Panther qui tirent dans le vide. A Jesús Franco de parvenir à intégrer le tout en signant des contre-champs convaincants. Bien entendu, le subterfuge saute aux yeux quand le spectateur apercevra des arrière-plans qui ne correspondent pas du tout à l’espace où évoluent les acteurs principaux du film.

Dark Mission, un film d’action sous morphine

Ces quelques scènes d’action déplorables constituent pourtant le meilleur d’un long-métrage insipide qui se dilue totalement au fil d’une intrigue volontairement obscurcie afin de ne pas faire apparaître sa totale vacuité. Le personnage incarné avec toujours autant de nonchalance, voire de mollesse, par un Chris Mitchum endormi ne semble jamais progresser dans son enquête alors que tout se déroule sous ses yeux. S’ensuivent une série interminable de tunnels dialogués marqués par le ridicule et la redite.

Non seulement la réalisation de Jesús Franco est à peine digne d’un téléfilm – style Hollywood Night – mais il se trouve incapable de bien diriger ses acteurs. Dans un entretien postérieur cité sur le site Nanarland, Richard Harrison déclare que sa pitoyable  prestation est à imputer au réalisateur qui lui a dit de forcer son jeu (déjà pas fameux). Et de fait, Harrison remporte la palme de l’acteur le plus mauvais de Dark Mission. Attention toutefois, même le grand Christopher Lee n’est guère à son avantage dans ce nanar où seules les actrices s’en sortent mieux.

Des actrices un peu mieux servies que ces messieurs

Dans le rôle de l’héroïne, fille du trafiquant de drogues joué par Christopher Lee, Cristina Higueras s’impose comme une actrice correcte, ce qui relève de l’exploit lorsque l’on donne la réplique à Chris Mitchum. La plus belle surprise vient de Brigitte Lahaie qui livre une prestation inégale, mais intéressante. Alors qu’elle nous amuse en guerrière qui tue ses adversaires à coups de grosses pétoires, elle est aussi capable d’interpréter l’un des seuls beaux moments du film. Lors d’un plan séquence, l’actrice doit se mettre à pleurer face à la caméra, et sa prestation s’avère tout à fait honorable.

Dans le livre qui lui est consacré par Cédric GrandGuillot et Guillaume Le Disez (Brigitte Lahaie, les films de culte, Glénat, 2016, p 294), la comédienne écrit :

Jess Franco savait exactement ce qu’il voulait et je pense que, contrairement à Jean Rollin, c’était un très bon directeur d’acteurs. Dans Dark Mission, Jess a été extraordinaire dans sa façon de me diriger pour arriver à avoir les émotions qu’il attendait de moi, notamment dans la scène où je pleure.

Dark Mission, jaquette VHS

© 1987 Eurociné. Tous droits réservés.

Une musique qui fait saigner les oreilles

C’est d’ailleurs en venant voir sa compagne sur le tournage de Dark Mission que René Chateau a eu l’idée de proposer la réalisation de ses Prédateurs de la nuit à l’artisan espagnol. Et de fait, Jesús Franco semble toujours plus intéressé par les personnages féminins que ses héros masculins qu’il délaisse totalement. Malheureusement, cela ne suffit pas à faire de ce Dark Mission autre chose qu’un nanar effroyable, tourné avec les pieds.

A cela, il faut ajouter une atroce bande-son signée Louis Alborado (avec l’aide de Daniel White, sous le pseudonyme de Pablo Villa). Véritable musique d’ascenseur à connotation pseudo sud-américaine, la musique ruine à peu près tous les plans du film, d’autant qu’elle est omniprésente, faisant de Dark Mission une épreuve pour les oreilles. Heureusement, le travail du directeur de la photographie Roger Fellous est de meilleure tenue et épargne nos yeux.

Un nanar à découvrir pour tous les bisseux

Face à un tel naufrage artistique, Eurociné ne semble pas avoir pu placer son produit dans suffisamment de salles françaises. En fait, le métrage est resté inédit à Paris, tandis qu’il semble avoir été diffusé dans quelques salles provinciales, sans que l’on en trouve une preuve directe. Le film est en tout cas bien passé devant la commission de censure, obtenant un visa Tous publics le 13 avril 1988 (source du CNC) pour une exploitation ultérieure.

Les fans de Brigitte Lahaie et de Jesús Franco ont surtout pu découvrir le résultat en VHS en 1994 chez TF1 Vidéo. Depuis cette époque, le film a trainé un temps sur internet en copie pirate, avant d’être publié en blu-ray chez Pulse Vidéo en complément du film Je brûle de partout (Franco, 1979). On notera d’ailleurs la très bonne tenue de la copie proposée qui fait honneur au travail photographique de Roger Fellous. Cela ne parvient toutefois pas à sauver le film de son extrême médiocrité.

Critique de Virgile Dumez

Acheter le film en blu-ray collector sur le site de l’éditeur

Dark Mission : les fleurs du mal de Jess Franco, affiche du film avec Brigitte Lahaie

© 1987 Eurociné. Tous droits réservés.

Biographies +

Jesús Franco, Christopher Lee, Brigitte Lahaie, Richard Harrison, Alicia Moro, Christopher Mitchum, Cristina Higueras

Mots clés

Les productions Eurociné, Nanars d’action des années 80, Tous les nanars, La drogue au cinéma

Trailers & Vidéos

trailers
x
Dark Mission : les fleurs du mal de Jess Franco, affiche du film avec Brigitte Lahaie

Bande-annonce allemande de Dark Mission

Action, Aventures, Nanar

x