Note des spectateurs :

Box-office USA : Blue Beetle est un petit numéro 1 pour le week-end du 18-20 août 2023. Son seul exploit aura été de détrôner la bombasse Margot Robbie dans le nanar Barbie. Oui, Barbie a officiellement sauvé Warner en 2023. Quoique … 

Enième déception dans le secteur des films de super-héros et nouveau flop pour le consortium Warner  DC. Blue Beetle et ses personnages latino choque Hollywood avec 25.4M$ en 3 jours, un démarrage encore une fois affligeant pour ce type de blockbuster. Le film, plutôt bien apprécié par la critique et bénéficiant de retours positifs du public, hérite de la 42e place annuelle, devant L’exorcisme du Vatican (20M$). Il fait quasiment autant qu’Asteroid City, la dernière folie de Wes Anderson qui s’est écrasé à 27.9M$ sur toute sa carrière.

Box-office USA : Blue Beetle efface-t-il l’effet Barbie chez Warner?

A titre de comparaison, The Flash s’était fait allumé avec 55M$ pour son week-end d’investiture avant d’achever sa carrière à 108M$, soit à peine le double de ses chiffres initiaux. Il avait coûté 200M$. Un peu plus tôt dans l’année, Shazam! Fury of the God avait consterné ses producteurs avec un démarrage à 30M$ pour une course finale à 57M$. Il n’a même pas doublé sa mise de départ, pour un budget de 125M$. En conséquence, Blue Beetle pourrait péniblement atteindre les 60M$ en fin de carrière s’il continue ainsi. Le bouche-à-oreille le sauvera-t-il? Non, à ce moment de l’année et avec un départ aussi bas, il n’arrivera jamais aux 100 millions de dollars aux USA. Le reste du monde est tout aussi frileux. Plus que jamais Warner, très fragilisée, sait qu’elle doit revoir sa stratégie DC sur un marché où le public se lasse.

Au moins, la première place américaine de Blue Beetle permet à DC de renouveler les visages en tête de classement et de virer du haut du podium la poupée Barbie qui ensorcèle l’Amérique depuis 5 semaines déjà, dont 4 au sommet. Un symbole, mais qui ne change pas grand-chose pour Warner qui est le distributeur des deux longs métrages. Au moins, cela permet au studio de garder la face car l’année a été très compliquée. Sans Barbie et ses 567M$ aux USA et ses 1 279 182 000$ dans le monde, le studio serait dans une crise absolue. Barbie, la bimbo féministe, est un phénomène comme on en voit rarement. Outre sa capacité à avoir mis en avant des problématiques féminines universelles, la poupée qui dit “non” a littéralement sauvé un studio. La semaine prochaine, Barbie va dépasser les 574M$ de l’horripilant Super Mario Bros (Universal). Un exploit de plus et un nouveau symbole dans la guerre entre studios.

Universal dans le doute malgré Oppenheimer

En 3e place du box-office américain, Oppenheimer demeure solide (10.7M$ pour son 5e week-end, total de 285M$) mais toujours derrière Barbie et ses 21.5 M$ qui est donc la vraie bombe atomique (21.5M$ pour son 5e week-end). Universal, distributeur officiel d’Oppenheimer , connaît en fait des fortunes diverses car parallèlement la major voit Le dernier voyage de Demeter sombrer un peu plus avec la plus grosse baisse du top 13 (-61.5% pour son 2e week-end). En 10 jours, la chasse au vampire n’a récupéré que 11.3M$. Un four de plus qui paie un casting fade et une histoire sans aucune once d’originalité. Enfin, toujours chez Universal, les vilains cabots de Strays se sentent un peu abandonnés avec 8.2M$ dans 3 223 cinémas. Attention, il ne s’agit pas d’une énième production animalière pour enfants, comme les studios aiment en sortir chaque année, en août, mais bel et bien une comédie insolente pour adultes, donc classée R.

Les Teenage Mutant Ninja Turtles sont encore sous la barre des 100M$, avec 8.5M$ pour leur 3e week-end hors de leur carapace, soit une baisse honorable de 44.1% de ses recettes. La production de 70M$ sera rentable pour Paramount sur du long terme, mais ce n’est clairement pas un phénomène. Les tortues sont un peu molles en mode blockbuster.

Dans le top 10, La main (Talk to Me) bénéficie de la baisse la plus douce (-37.2%). Avec 3.1M$ pour son 4e week-end et un total de 37.3M$, c’est le 5e plus gros succès du distributeur A4. Les 44M$ de Hérédité devraient être dépassés en fin de carrière.

Le dernier voyage de Demeter, affiche 1

© 2023 Universal Studios et Amblin Entertainment. All Rights Reserved.

Disney hanté par l’échec a pris des décisions exécrables

La baisse la plus signifiante du top 10, il faut aller la chercher du côté du Manoir hanté. L’accident industriel de Disney plonge de 47.8% et se situe désormais derrière les recettes hebdomadaires de La main sorti le même jour (3M$, total de 58M$). Avec des recettes mondiales qui s’élèvent à peine à 88M$, la production de 150M$ devrait une bonne fois pour toute servir de leçon à Disney. Le public mondial ne veut pas d’adaptation de cette attraction de Disney Land/ World… Et pour cause, vingt ans plus tôt, Eddie Murphy avait été la risée du monde entier, dans une adaptation qui avait glané à peine 180M$ dans le monde, pour un budget de 90M$. A l’époque, c’était considéré comme un désastre. La version contemporaine est donc un échec commercial encore plus douloureux qu’en 2003. Il fallait le faire ; malheureusement Disney l’a fait. On sent la crise en interne.

Toujours chez Disney, on voit un peu plus clair du côté d’Elémentaire. Avec 151M$ en 10 semaines, le Pixar a eu beau s’accrocher tout l’été, le résultat final est toujours très insuffisant. C’est même pour Disney un deuxième échec estival sur le sol américain, à peine rattrapé par les 307M$ générés à l’international. Le film d’animation Pixar a coûté 200M$ hors frais de marketing. Même chose pour Indiana Jones et le cadran de la destinée : budget de 300M$, recettes mondiales de 375M$, dont 173M$ aux USA. Au vu de l’âge arthrosé de la star, ce n’est pas mal, mais dans le contexte d’un Indiana Jones, c’est dérisoire. Est-ce qu’Indiana Jones 5 était plus un film 20th Century Fox que Disney, le résultat est le même, The Walt Disney Company en paie les pots cassés.

Tom Cruise, une momie pour le public américain ?

Vous ne le saviez peut-être pas, mais Mission : Impossible – Dead Reckoning Partie 1 n’est pas mort. En effet, il est toujours 9e avec 2.7M$ et bénéficie de la deuxième baisse la moins forte du top 20 (-40.6%). Tom Cruise est parti de bas, mais au moins, les spectateurs semblent apprécier ses exploits. Avec 164M$, on est évidemment à des années lumière de Top Gun Maverick. C’est le 6e meilleur résultat pour un Mission : Impossible sur 7 films. Comment interpréter cette résistance du public? L’âge de Tom, très certainement.

Le plus complotiste des films de l’année, Sound of Freedom, chute de 46.6% (2.6M$, total de 177M$). A-t-on pour autant envie d’en parler? Sûrement pas.

Frédéric Mignard

Bref, dans ce patchwork d’inclusivité hollywoodienne et de guéguerre entre genres et studios, quelques enseignements à tirer :

  • Les super-héros se prennent des vents (The Flash, Blue Beetle) sauf Spider-Man: Across the Spider-Verse
  • Les Latinos se cherchent toujours une place en dehors des seconds rôles de Barbie. Blue Beetle n’a pas fait de miracle.
  • Les Afro-Américains ne brillent pas en tête d’affiche (Demeter, Le manoir hanté), mais Spider-Man Across the Spider-Verse leur redonne la foi.
  • Les vieux mâles blancs dérouillent (Indiana Jones), à l’exception d’Oppenheimer. Tom Cruise ne sait plus où se mettre, mais il sent désormais le spectre de La Momie planer sur sa carrière. Jason Statham ne fait pas le poids face à un Mégalodon qui est la seule vraie force d’attraction de Meg 2. L’acteur britannique est dépassé.
  • Les animaux ne font pas loi à la maison. Les Tortues sont cuites, les chiens abandonnés (TMNT, Stray), mais le squale est toujours le roi des mers (Meg 2). Pas d’odeur de poisson pourri à cet étale.
  •  Les femmes, un poids illusoire au cinéma? Avec Barbie, les blondes ne comptent pas pour des prunes et pour l’actrice Margot Robbie, c’est enfin un gros succès personnel. Mais le milliard de dollars de Barbie ne compense pas l’absence de femmes dans un box-office estival où elles sont reléguées systématiquement au second plan.
  • Les complotistes en jihad se croient puissants. Ils ne le sont pas. Certes, ils ont eu leur succès (Sound of Freedom), mais la crise climatique de l’été 2023 font d’eux la risée de la planète. Pis, Donald Trump s’embourbe dans les procès.
  • Les adultes sont encore sommés de rester “adulescents”. Ils n’ont eu qu’Oppenheimer pour profiter d’un cinéma mature et intelligent. Ils sont les oubliés du cinéma dit populaire pendant la saison estivale où le monde met son cerveau au vestiaire. Même Asteroid City a déçu. La rentrée leur sera dédiée. C’est bien connu, les “boomers”, cela ne va pas au cinéma aux USA pendant les vacances d’été.
  • Où sont les mômes? Pas vraiment au cinéma. En tout cas, l’animation ne les attire pas plus que cela. Certes, il y a eu Spider-Man: Across the Spider-Verse et TMNT, mais les grosses machines traditionnelles (Elémentaire de Pixar, L’ado Kraken de Dreamworks) et même le phénomène du manga (The First Slam Dunk) ont été des échecs aux USA.
  • La guerre des genres n’est ni cis ni trans, elle est horrifique. L’horreur remplit les poches, qu’elle soit potable (La Main) ou minable (Insidious IV)
Affiche teaser de Blue Beetle

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Box-office USA : Warner Bros sauvé du flop de Blue Beetle par Barbie ?

(Week-end du 18 au 20 août 2023)