Fils d’enseignant, Nanni Moretti se passionne très tôt pour le cinéma et le water-polo, passion qu’il illustre dans Palombella Rossa (1989). Après deux courts-métrages, il réalise des films à petits budgets, a priori égocentriques (à ce jour il a interprété un rôle dans toutes ses œuvres). Mais à partir de Bianca (1983), il acquiert une reconnaissance, notamment en France, qui ne va cesser de s’étendre.
Un réalisateur cannois
Son histoire d’amour avec le Festival de Cannes (Prix de la mise en scène pour Journal intime en 1994, Palme d’Or pour La Chambre du Fils en 2001 et Président du Jury en 2012) n’est qu’un aspect de cette célébrité. Il a été acteur pour d’autres cinéastes, et notamment Daniele Luchetti, qu’il a aidé en produisant ses films.
Si Moretti a fini par incarner presque seul le cinéma italien, c’est qu’il a su jouer à la fois d’un double héritage, du néoréalisme et de la comédie italienne, tout en menant une réflexion très personnelle sur la société de son pays (Le Caïman, œuvre anti-Berlusconi, en est un sommet visible), vision d’un homme de gauche déphasé. Critique, contempteur de son époque, il a surtout travaillé la frontière entre fiction et autobiographie, les mêlant sans cesse au gré d’inventions cocasses ou, le temps passant, plus graves. Ainsi a-t-il raconté son cancer dans Journal intime, et sa paternité nouvelle dans Aprile (1998). Dorénavant, chacun de ses films fait événement. S’il n’est pas novateur dans la forme, adepte depuis au moins La Messe est finie (1985) d’un classicisme maîtrisé, il a créé à la fois un personnage et un ton qui manquaient au cinéma.