Passeur d’hommes : la critique du film (1979)

Film de guerre, Action, Aventures, Nanar | 1h41min
Note de la rédaction :
5/10
5
Passeur d'hommes, l'affiche

  • Réalisateur : J. Lee Thompson
  • Acteurs : Malcolm McDowell, Christopher Lee, James Mason, Patricia Neal, Anthony Quinn, Marcel Bozzuffi, Michael Lonsdale, Jim Broadbent, Kay Lenz, Paul Clemens
  • Date de sortie: 15 Août 1979
  • Année de production : 1979
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : The Passage
  • Titres alternatifs : Le passage (titre VHS français, années 80) / Der Pass des Todes (Allemagne) / Passet (Suède) / El pasaje (Espagne) / A Passagem (Portugal) / Przeprawa (Pologne) / Pasaje peligroso (Argentine) / Casablanca passage (Italie) / Átjáró (Hongrie) / Kotkat saalistavat (Finlande) / Passageiros do Inferno (Brésil)
  • Autres acteurs : Robert Rhys, Peter Arne, Neville Jason, Robert Brown, Rose Alba
  • Scénaristes : Bruce Nicolaysen, Stephen Oliver
  • D'après : un roman de Bruce Nicolaysen
  • Monteur : Alan Strachan
  • Directeur de la photographie : Michael Reed
  • Compositeur : Michael J. Lewis
  • Chefs maquilleurs : Derrick Bosch, Neville Smallwood
  • Chef décorateur : -
  • Directeurs artistiques : Jean Forestier, Constantin Mejinsky
  • Producteur : John Quested
  • Producteurs exécutifs : John Daly, Derek Dawson
  • Sociétés de production : Hemdale, Passage Films, Monday Films, General Film
  • Distributeur : SN. Prodis
  • Editeurs vidéo : Carrère Vidéo (VHS, sous le titre Le passage) / Platinum Vidéo (VHS) / Fil à Film (VHS, 1992) / Sidonis Calysta (DVD, 2015) / Sidonis Calysta (DVD et blu-ray, 2020)
  • Dates de sortie vidéo : 1992 (VHS) / 6 janvier 2015 (DVD) / 3 novembre 2020 (blu-ray)
  • Budget :
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 347 239 entrées / 84 996 entrées
  • Box-office nord-américain : 1 101 186 $ (soit 4 780 000 $ au cours de 2025)
  • Rentabilité :
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans (à sa sortie), 12 ans (de nos jours)
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Illustrateur/Création graphique : © René Ferracci (affiche) ; Dark Star, l'Etoile Graphique (jaquette blu-ray). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Film de guerre outrancier, Passeur d’hommes appartient à la catégorie des nanars sympathiques, marqués par des dérapages bis plutôt inattendus. Un spectacle approuvé par Quentin Tarantino, bien évidemment.

Synopsis : La France occupée par le Troisième Reich, deux résistants demandent à un berger, d’escorter le professeur Bergson et sa famille jusqu’en Espagne. Appelé Le Basque, celui-ci accepte cette mission particulièrement périlleuse. Périlleuse parce qu’ils vont devoir franchir les Pyrénées en plein hiver, mais surtout échapper à Von Berkow, un officier SS de la pire espèce, prêt à mettre la région à feu et à sang pour les arrêter…

Passeur d’hommes, un film démodé dès sa sortie

Critique : A la fin des années 70, le genre du film de guerre est totalement à bout de souffle, épuisé par un nombre incalculable de rejetons plus ou moins valeureux. Certains cinéastes persistent pourtant, recherchant sans doute à retrouver les faveurs du public avec un grand succès populaire. Le réalisateur J. Lee Thompson fait partie du lot, lui qui a triomphé au début des années 60 avec le film de commando Les canons de Navarone (1961). Depuis, il est devenu un yes man attaché à Charles Bronson (on songe notamment à Monsieur Saint-Yves et Le bison blanc), tout en ayant collaboré à nouveau avec Anthony Quinn sur L’empire du Grec (1978).

Ainsi, les deux hommes se retrouvent immédiatement pour Passeur d’hommes (1979), adapté d’un roman de Bruce Nicolaysen par l’écrivain lui-même. Afin de compléter le casting de ce film d’action dont le tournage est programmé en France, dans les Pyrénées et dans les studios niçois de la Victorine, les producteurs ont fait appel à des vieilles gloires passées. Pour accompagner Anthony Quinn en berger basque, on trouve donc James Mason qui joue un scientifique poursuivi par les nazis, mais aussi Christopher Lee en gitan ou encore Patricia Neal en épouse fidèle du scientifique.

Loin du classicisme attendu se niche un pur film bis

Afin d’injecter un peu de sang frais dans ce produit déjà passablement frelaté, les producteurs ont engagé Malcolm McDowell pour interpréter le SS implacable qui poursuit la bande, tandis que les enfants du scientifique sont incarnés par Kay Lenz (Breezy de Clint Eastwood) et Paul Clemens dont ce fut la première apparition au cinéma. Dans des rôles de Français, on trouve les inévitables Michael Lonsdale (qui se distingue la même année pour son rôle de méchant dans le James Bond Moonraker) et Marcel Bozzuffi (déjà vu à l’international dans French Connection en 1971 et Marseille Contrat en 1974).

Il s’agit donc d’un casting solide pour une production plutôt satisfaisante en termes de moyens. Pour autant, Passeur d’hommes se distingue du tout-venant de l’époque par un refus très étonnant du classicisme attendu. Déjà passablement usé par des années de bons et loyaux services, le réalisateur J. Lee Thompson n’a jamais été remarqué pour son sens de la finesse. Toutefois, à partir de cette période et durant l’ensemble des années 80, il va développer un étrange goût pour la surenchère, faisant basculer son cinéma vers le bis pur et dur.

Malcolm McDowell, un comédien en roue libre

Après une présentation des personnages et des enjeux tout à fait classique, Passeur d’hommes va petit à petit s’autoriser des dérapages vers le cinéma d’exploitation. Ce sont ces moments embarrassants qui expliquent la réception critique calamiteuse du long métrage lors de sa sortie. Pourtant, à revoir aujourd’hui, ce sont ces pas de côté par rapport au bon goût qui font tout le sel de ce qui devient dès lors un nanar fort sympathique à découvrir pour tous les bisseux.

Passeur d'hommes, jaquette blu-ray

© 1979 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. / Jaquette : Dark Star, l’Etoile Graphique. Tous droits réservés.

Les premiers dérapages interviennent dès que Malcolm McDowell est à l’écran. Effectivement, convaincu qu’il allait tourner un navet, le comédien a décidé de pousser les curseurs le plus loin possible dans son interprétation outrancière d’un salaud intégral. Abominable, le personnage se révèle rapidement d’une perversité hors normes – qui a sans aucun doute inspiré Quentin Tarantino pour le nazi joué par Christoph Waltz dans son Inglourious Basterds (2009). Outre une violence excessive, le personnage devient quasiment clownesque lorsqu’il arbore une croix gammée sur son slip au moment du viol de la jeune fille du scientifique.

De l’outrance et des plans tournés sous psychotropes

De même, il est difficile de prendre au sérieux la violence des nazis tant elle est filmée de manière grandiloquente, à la manière d’une bande dessinée. On pense à deux séquences en particulier, à savoir celle de la torture de Michael Lonsdale (qui se fait cuisiner dans une… cuisine) ou encore l’exécution massive du campement des gitans, trop outrancière pour être crédible. Autre exemple de l’excès de zèle du cinéaste, l’attaque du train débouche sur une explosion de maquette surréaliste et bien trop exagérée pour être crédible.

Pourtant, ce sont justement ces dérapages bis qui rendent la projection sympathique de bout en bout, là où bon nombre de productions classiques de l’époque nous ennuient aujourd’hui profondément par leur manque d’audace. En visionnant Passeur d’hommes, on se demande vraiment quelle mouche a piqué l’équipe, puisque certains plans sont mal cadrés, d’autres utilisent des focales étranges, tandis que certains stock-shots s’intègrent plutôt mal à l’ensemble. En ce sens, Passeur d’hommes n’est assurément pas un bon film, mais le résultat final se trouve être bien plus regardable que bon nombre de productions d’alors, pour peu que l’on fasse preuve de second degré.

Box-office de Passeur d’hommes

Sorti en 1979, Passeur d’hommes a été un très lourd échec aux Etats-Unis où il a été très rapidement retiré de l’affiche, n’ayant amassé que 1 101 186 $ (soit 4 780 000 $ au cours de 2025) pour un budget qu’on imagine nettement supérieur. En France, le film est apparu sur les écrans en plein mois d’août 1979 (le 15, un jour férié) lors d’une semaine marquée par la domination sans partage de films olé-olé.

Toutefois, le métrage de J. Lee Thompson doit affronter Avec les compliments de Charlie (Stuart Rosenberg) qui est justement porté par Charles Bronson, grand ami du cinéaste. Ce dernier entre directement à la première place du box-office hebdomadaire parisien avec 64 315 entrées sur 24 écrans. Face à lui, Passeur d’hommes doit se contenter de la 5ème marche du podium avec seulement 34 885 montagnards dans 18 salles. Malgré une combinaison accrue en deuxième septaine, le film de guerre ne trouve que 26 130 retardataires. Le métrage aura bien du mal à survivre à l’été et plie bagage après avoir glané 84 996 entrées dans la capitale.

La province plus réceptive que Paris

Sur la France entière, Passeur d’hommes entre à la neuvième position avec 56 280 amateurs de films démodés. Pour sa deuxième fournée, le métrage se maintient plutôt bien et convainc encore 52 840 clients de s’aventurer dans les salles obscures malgré l’été. En quinze jours, le film franchit donc la barre des 100 000 tickets vendus. Malgré la rentrée scolaire, le montagnard continue sa randonnée en province avec 41 954 marcheurs supplémentaires. Au bout d’un mois, la baisse est plutôt minime et Passeur d’hommes continue son tour de France à bas bruit.

Mi-septembre, il escalade la marche des 200 000 billets vendus et mi-octobre, celle des 250 000 tickets. Le métrage bis finira sa carrière avec 347 239 entrées, principalement arrachées à la province, preuve que le spectacle lui était davantage destiné. Au cours des années 80, le métrage a fait l’objet de plusieurs éditions en VHS par Carrère Vidéo, généralement retitré Le passage. Il faut attendre les années 90 pour que le film retrouve son titre cinéma, puis les années 2010 pour qu’il fasse l’objet d’une version DVD et blu-ray éditée par Sidonis Calysta.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 15 août 1979

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Passeur d'hommes, l'affiche

© 1979 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. / Affiche : René Ferracci (affichiste) – LPC / Jean-Claude Labret (agence). Tous droits réservés.

Biographies +

J. Lee Thompson, Malcolm McDowell, Christopher Lee, James Mason, Patricia Neal, Anthony Quinn, Marcel Bozzuffi, Michael Lonsdale, Jim Broadbent, Kay Lenz, Paul Clemens

Mots clés

Cinéma britannique, Nanar, La Seconde Guerre mondiale au cinéma, Les Nazis au cinéma

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Passeur d'hommes, l'affiche

Bande-annonce de Passeur d'hommes (VO)

Film de guerre, Action, Aventures, Nanar

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