Nuits d’amour et d’épouvante (La mort marche en talons hauts) : critique et test blu-ray (1975)

Giallo, Thriller, Policier | 1h47min
Note de la rédaction :
6/10
6
Nuits d'amour et d'épouvante, l'affiche

  • Réalisateur : Luciano Ercoli
  • Acteurs : Frank Wolff, Nieves Navarro, Claudie Lange, Daniela Giordano, Georges Rigaud, José Manuel Martín, Simón Andreu, Carlo Gentili, Luciano Rossi
  • Date de sortie: 26 Fév 1975
  • Nationalité : Italien, Espagnol, Britannique, Français
  • Titre original : La morte cammina con i tacchi alti
  • Titres alternatifs : Nuits d'amour et d'épouvante (titre français cinéma) / La mort marche en talons hauts (titre cinéma alternatif et titre vidéo français) / Death Walks on High Heels (titre international) / La muerte camina con tacón alto (Espagne) / Śmierć na wysokich obcasach (Pologne) / Der Tod küsst Dich um Mitternacht (Allemagne) / A Morte Caminha de Salto Alto (Brésil)
  • Année de production : 1971
  • Scénariste(s) : Ernesto Gastaldi, Manuel Velasco et Dino Verde
  • Directeur de la photographie : Fernando Arribas
  • Compositeur : Stelvio Cipriani
  • Société(s) de production : Atlántida Films et Cinecompany
  • Distributeur : Univers Galaxie
  • Éditeur(s) vidéo : Artus Films (DVD et blu-ray, 2022)
  • Date de sortie vidéo : 20 septembre 2022
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdiction aux moins de 12 ans
  • Formats : 2.35: 1 / Couleurs (Technicolor) / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Benjamin Mazure (jaquette blu-ray)
  • Crédits : Artus Films
Note des spectateurs :

Mélange de giallo, de thriller à machination et d’enquête policière classique, Nuits d’amour et d’épouvante est un divertissement efficace, porté par une intrigue délicieusement tortueuse et des acteurs bien dirigés. Agréable.

Synopsis : Après avoir dérobé des diamants, un homme se fait assassiner dans le train. N’ayant pas trouvé ce qu’il cherchait, le meurtrier va s’en prendre à sa fille, Nicole, strip-teaseuse à Paris. Il s’introduit chez elle et la menace, ne laissant voir que ses yeux d’un bleu étrange. Terrorisée, la jeune femme se réfugie chez son amant, Michel. Mais elle découvre que celui-ci a des lentilles de contact bleues.

Le deuxième volet d’un triptyque consacré au giallo par Luciano Ercoli

Critique : Lorsque le producteur Luciano Ercoli se lance dans la réalisation, il tourne un premier giallo qui rencontre un joli succès. Photo interdite d’une bourgeoise (1970) lui a permis d’offrir un beau premier rôle à son épouse Nieves Navarro, tout en livrant une œuvre au scénario tortueux, parfois jusqu’à l’absurde. Face à cette belle réussite artistique et commerciale, la même équipe se retrouve au complet pour un second volet qui sera lui-même suivi l’année d’après par La mort caresse à minuit (1972), formant ainsi un triptyque giallesque plutôt intéressant.

Au scénario, on appelle une fois de plus le spécialiste du genre, à savoir le grand Ernesto Gastaldi qui écrit Nuits d’amour et d’épouvante / La mort marche en talons hauts (1971) en moins d’un mois, comme à son habitude. Le scénariste stakhanoviste mélange ici plusieurs éléments qui viennent d’influences diverses. Si l’on trouve bien un tueur ganté qui joue du rasoir et traque une jeune femme – autant d’éléments typiques du giallo – l’auteur ajoute également une intrigue proprement policière, et surtout une pointe de thriller à machination dont il était le grand manitou dans les années 60.

Un script tortueux avec une pincée d’humour

Ainsi, le scénario de Nuits d’amour et d’épouvante est particulièrement tortueux et, même si l’on note bien quelques petites incohérences, la suspension d’incrédulité fonctionne miraculeusement bien grâce à un script solidement charpenté. L’auteur parvient à susciter l’intérêt, alors même que les meurtres sont peu nombreux et, pour la plupart, peu graphiques. Ce n’est donc clairement pas avec La mort marche en talons hauts que l’amateur de sang frais sera rassasié. Pourtant, il ne faut pas en déduire un manque de puissance du long-métrage qui compense ces manques par un jeu d’acteur uniformément bon, une ambiance seventies marquée par une bonne musique de Stelvio Cipriani et surtout une multitude de twists qui tiennent en haleine.

Marqué pendant une heure par la présence charismatique de Nieves Navarro qui est jusque-là de tous les plans, le giallo parvient à brouiller les pistes et s’autorise même des digressions qui ne nuisent pourtant pas à la cohérence de son histoire. On apprécie également le cadre parisien, puis londonien et finalement de la côte britannique qui octroie un charme certain aux images pourtant très naturalistes de Fernando Arribas. Alors que les autres gialli de Luciano Ercoli sont plus baroques par leurs images colorées et leurs mouvements de caméra plus audacieux, Nuits d’amour et d’épouvante est davantage classique, ne faisant pas du tout appel à un univers latin. Finalement, sa localisation en Angleterre semble avoir impliqué une réalisation plus sage, marquée notamment par un humour plus pince-sans-rire.

Nuits d’amour et d’épouvante est sorti discrètement en France

Ainsi, le commissaire de police incarné avec justesse par Carlo Gentili est avant tout vecteur d’ironie et plusieurs passages du film confirment cette volonté du réalisateur de ne pas être dupe d’une intrigue qu’il jugeait sans doute trop complexe. La vraie force de cet énième giallo vient justement de cette constante distance humoristique, ainsi que d’un montage très alerte qui fait que l’on ne s’ennuie jamais durant la projection, même lors des inévitables passages explicatifs.

Honnête divertissement qui n’a d’autre but que de faire passer un bon moment d’évasion au spectateur, La mort marche en talons hauts est sorti en Italie avec un certain succès et s’est surtout vendu dans le monde entier, devenant rentable dès sa mise en production. En France, le distributeur Univers Galaxie en a fait l’acquisition, comme le reste du triptyque d’ailleurs, pour une sortie confidentielle au mois de février 1975, soit quatre ans après sa réalisation. Le long-métrage est sorti majoritairement sous le titre Nuits d’amour et d’épouvante, même si certaines affiches prouvent que le thriller a également été distribué sous son titre original traduit de manière littérale : La mort marche en talons hauts. Les deux titres figurent désormais sur la jaquette du combo DVD / Blu-ray sorti par Artus Films en septembre 2022.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 26 février 1975

Acheter le combo DVD / Blu-ray sur le site de l’éditeur

Nuits d'amour et d'épouvante, l'affiche

© 1971 Atlántida Films – Cinecompany / © 1975 Univers Galaxie. Tous droits réservés.

Biographies +

Luciano Ercoli, Frank Wolff, Nieves Navarro, Claudie Lange, Daniela Giordano, Georges Rigaud, José Manuel Martín, Simón Andreu, Carlo Gentili

Le test du blu-ray :

Une sortie bienvenue d’un thriller sympathique proposé dans une copie somptueuse.

Compléments & packaging : 4 / 5

Les deux disques (DVD et blu-ray) sont proposés dans un beau digipack avec des visuels italiens d’époque. Le tout réside dans un fourreau esthétiquement joli et qui vient compléter une collection que l’on aime avoir dans sa bibliothèque. Au niveau des suppléments vidéo, on suivra tout d’abord une présentation du film traditionnelle par Emmanuel Le Gagne (environ 25min) qui évoque la genèse du thriller, mais aussi les pas de côté effectué par les auteurs par rapport au giallo classique. L’intervenant revient aussi sur les différences esthétiques entre les trois polars d’Ercoli. Intéressant.

Ensuite, l’éditeur propose un entretien d’une demi-heure avec Luciano Ercoli et Nieves Navarro. Les deux reviennent en détail sur leurs carrières respectives. C’est tout bonnement essentiel et passionnant, même si ceux qui ont fait l’achat de Photo interdite d’une bourgeoise chez l’éditeur Le Chat qui Fume possèdent déjà cet entretien. Par contre, l’entretien avec Ernesto Gastaldi durant environ 35min est totalement exclusif et permet à l’auteur de gialli de s’exprimer sur son travail durant la préparation du film. Il évoque même les quelques incohérences de son intrigue, sans avoir l’air de s’en formaliser car il estime que cela ne se voit pas trop. Honnêtement, il n’a pas tort. Il insiste aussi sur le fait que les scénaristes étaient si mal payés qu’ils étaient contraints d’écrire l’intégralité d’un script en moins d’un mois afin de pouvoir les enchaîner et ainsi payer leurs factures.

Enfin, l’éditeur propose la bande-annonce du film et un diaporama avec affiches et photographies du film.

L’image du blu-ray : 4,5 / 5

La restauration est ici proprement prodigieuse, nous donnant fréquemment l’impression de visionner une œuvre récente par la précision de son piqué, la beauté de sa colorimétrie (naturelle et non accentuée artificiellement) et la fluidité de sa compression. Le master a été nettoyé de la très grande majorité des impuretés si l’on excepte un petit cheveu qui s’invite lors d’un plan furtif. Mais là, on chipote.

Le son du blu-ray : 4 / 5

Certes, l’éditeur ne propose pas la version française du film – qui doit sans doute exister puisque le film est sorti en salles à l’époque – mais la version originale sous-titrée est d’une très belle tenue. Non seulement le souffle en est absent, mais les dialogues ressortent parfaitement et la musique intervient de manière équilibrée, ne saturant jamais. Le résultat est donc parfaitement maîtrisé pour une œuvre ancienne tournée en mono.

Test du blu-ray : Virgile Dumez

La mort marche en talons hauts, jaquette Artus

© 1971 Atlántida Films – Cinecompany / © 2022 Artus Films. Design : Benjamin Mazure. Tous droits réservés.

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