Nos plus belles années : la critique du film (1974)

Drame, Romance | 1h58min
Note de la rédaction :
7/10
7
Nos plus belles années, l'affiche

  • Réalisateur : Sydney Pollack
  • Acteurs : James Woods, Lois Chiles, Susan Blakely, Robert Redford, Barbra Streisand, Viveca Lindfors, Murray Hamilton, Allyn Ann McLerie, Sally Kirkland, Bradford Dillman
  • Date de sortie: 08 Mar 1974
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Way We Were
  • Titres alternatifs : So wie wir waren (Allemagne) / Nuestros años felices (Pérou) / Våra bästa år (Suède) / Tal como éramos (Espagne) / O Nosso Amor de Ontem (Portugal) / Tacy byliśmy (Pologne) / Come eravamo (Italie) / Ilyenek voltunk (Hongrie) / Vore bedste år (Danemark) / Nosso Amor de Ontem (Brésil)
  • Année de production : 1973
  • Autres acteurs : Patrick O'Neal, Herb Edelman, Diana Ewing, Marcia Mae Jones, Don Keefer, George Gaynes
  • Scénaristes : Arthur Laurents, avec les participations non créditées de Francis Ford Coppola, David Rayfiel, Dalton Trumbo, Alvin Sargent
  • Monteur : John F. Burnett
  • Directeur de la photographie : Harry Stradling Jr.
  • Compositeur : Marvin Hamlisch ; Chanson principale chantée par Barbra Streisand
  • Chefs maquilleurs : Donald Cash Jr., Gary Liddiard
  • Chef décorateur : William Kiernan
  • Directeur artistique : Stephen B. Grimes
  • Producteur : Ray Stark
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : Columbia Pictures, Rastar Productions
  • Distributeur : Warner Columbia
  • Distributeur reprise : Ciné Sorbonne
  • Date de sortie reprise : 18 décembre 2013
  • Editeurs vidéo : Gaumont Columbia RCA Vidéo (VHS, 1983) / Sony Pictures (DVD, 2000) / Wild Side Vidéo (DVD, blu-ray, 2021)
  • Dates de sortie vidéo : 1983 (VHS) / 2 août 2000 (DVD) / 24 novembre 2021 (blu-ray)
  • Budget : 15 000 000 $ (soit 103 980 000 $ au cours de 2023)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 530 945 entrées / 217 674 entrées
  • Box-office nord-américain : 49 900 000 $ (soit 345 920 000 $ au cours de 2023)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur / Son : Mono
  • Festivals : -
  • Nominations : Oscars 1974 : meilleure actrice pour Barbra Streisand, meilleure photographie pour Harry Stradling Jr., meilleurs costumes pour Dorothy Jeakins et Moss Mabry / Golden Globes 1974 : meilleure actrice dans un film dramatique pour Barbra Streisand / BAFTA 1975 : meilleure actrice pour Barbra Streisand
  • Récompenses : Oscars 1974 : meilleure chanson originale pour The Way We Were, meilleure musique de film - partition originale pour Marvin Hamlisch / Golden Globes 1974 : meilleure chanson originale pour The Way We Were / David di Donatello : Prix de la meilleure actrice étrangère pour Barbra Streisand
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Columbia Pictures, Rastar Productions. All Rights Reserved. Tous droits réservés.
  • Attachés de presse : François et Jean-Max Causse (reprise 2013)
  • Tagline : Un couple merveilleux. Une merveilleuse histoire d'amour.
Note des spectateurs :

Nos plus belles années est une superbe histoire d’amour portée par deux stars au firmament de leur talent et à la symbiose parfaite. Le tout enrobé dans un thème musical inoubliable et une réalisation très soignée. Un grand Sydney Pollack.

Synopsis : 1937, États-Unis, deux brillants étudiants que tout oppose. D’origine modeste, Katie est une travailleuse acharnée, ardente pacifiste et militante communiste qui lutte sans cesse pour ses convictions. Issu d’une famille aisée, athlète accompli, Hubbell n’a pas de réelle conscience politique, charmeur et désinvolte, il excelle sans effort dans tous les domaines. Pour elle, tout est si sérieux. Pour lui, tout est si facile. Une admiration réciproque va grandir jusqu’à se muer en une irrésistible attirance. Mais tout ceci n’est que le début de leur histoire…

Nos plus belles années, un projet cher à Barbra Streisand

Critique : Au début des années 70, le scénariste Arthur Laurents s’inspire de plusieurs éléments de son passé personnel pour écrire le script de Nos plus belles années. Le résultat final arrive dans les mains du producteur Ray Stark qui y voit aussitôt un projet idéal pour la star Barbra Streisand qu’il avait déjà mise en valeur dans Funny Girl (William Wyler, 1968). Et de fait, la star de la chanson s’entiche du script et du personnage de Katie dans lequel elle se reconnaît volontiers. Effectivement, il s’agit d’une femme engagée en politique, volontaire et qui n’entend pas suivre les cadres imposés par la société patriarcale d’alors. Cela correspond parfaitement au caractère bien trempé de la star qui suggère le nom de Sydney Pollack à la réalisation.

Ce dernier veut bien s’engager dans la création de ce véhicule pour la star féminine, mais il entend aussi rééquilibrer le script qui n’octroie pas suffisamment de relief au personnage masculin de Hubbell. C’est d’ailleurs ce point qui fait hésiter Robert Redford à s’impliquer dans le projet. Le comédien ne veut pas servir de faire-valoir au personnage féminin et il finit par céder par amitié envers Sydney Pollack. Afin de répondre aux remarques de son ami, Sydney Pollack s’adjoint les services de son complice de toujours David Rayfiel et d’Alvin Sargent pour modifier en profondeur le scénario trop schématique d’Arthur Laurents.

Un témoignage de Sydney Pollack sur son implication dans l’écriture

Comme le précise Sydney Pollack (dans Sydney Pollack, Michèle Leon, 1991, Pygmalion, p 55) :

Le problème dans Nos plus belles années a toujours été d’essayer de donner un certain poids ou une validité à Hubbell Gardiner. Parce qu’au départ, il est très facile de le réduire à un beau garçon, à un « beau mec » qui ne tient à rien et n’a aucune opinion. Le travail le plus dur que nous avions – David Rayfiel et Alvin Sargent plus particulièrement – était de lui donner un point de vue positif.

Nos plus belles années, jaquette blu-ray

© 1973 Columbia Pictures – Rastar Productions / © 2021 Wild Side Vidéo. Tous droits réservés.

Ce travail de rééquilibrage a permis de mieux structurer le script et d’offrir aux deux stars des rôles suffisamment profonds pour qu’ils se sentent à égalité de traitement. Cela explique en grande partie la belle harmonie qui a existé sur le plateau. En cela, il faut saluer le talent de directeur d’acteurs de Sydney Pollack. Effectivement, il n’était pas facile d’harmoniser les techniques différentes des deux stars. Ainsi, Barbra Streisand est connue pour se chauffer longtemps et avoir besoin de nombreuses prises, tandis que Robert Redford est surtout bon dans les premiers instants, son jeu s’émoussant au fil des répétitions. Heureusement, la bonne humeur entre Redford et Streisand a évité bon nombre de sujets de tension.

Le couple Redford / Streisand, ou l’art de la symbiose parfaite

Et de fait, Nos plus belles années fonctionne de manière assez miraculeuse grâce à la symbiose absolument parfaite à l’écran entre ses deux stars. Barbra Streisand est d’une belle sobriété, tout en défendant bec et ongles son personnage de femme engagée qui ne peut se résoudre à mener une vie bourgeoise alors que le monde entier se délite. Son personnage incarne ainsi une certaine gauche militante qui ne se satisfait pas des injustices. Cela ne l’empêche pas de se tromper en soutenant l’URSS, mais son action est compensée par sa volonté de lutter contre le maccarthysme qui s’abat sur les Etats-Unis au début des années 50.

Face à elle, Robert Redford joue parfaitement le bogosse apparemment futile dans son détachement vis-à-vis de la politique et de la chose publique. Pourtant, cette forme de détachement lui permet souvent une certaine lucidité. Certes, Hubbell peut paraître un protagoniste plus léger, mais il porte en lui un certain désenchantement qui peut également toucher. Si son caractère est moins séduisant de prime abord, son personnage n’en est pas moins touchant et finalement tragique dans les décisions qu’il doit prendre.

Sydney Pollack, l’incorrigible romantique

La grande réussite de Nos plus belles années vient justement de cette opposition de caractères qui n’exclue pas l’amour. Car le long-métrage s’inscrit bien dans la longue liste des films sentimentaux de Sydney Pollack, grand romantique s’il en est. On peut d’ailleurs aisément rapprocher ce film de son futur Out of Africa (1985) dans sa volonté d’opposer deux positions politiques irréconciliables. D’un côté, ceux qui estiment qu’il faut s’engager dans les affaires du monde pour ne pas avoir à les subir, et de l’autre ceux qui survolent les événements sans jamais s’y attacher. Sydney Pollack se situe certainement à la confluence entre ces deux attitudes.

D’ailleurs, Barbra Streisand en a fait l’expérience lors du montage final de Nos plus belles années. Effectivement, l’actrice était ravie d’avoir tourné de nombreuses scènes mettant en cause le maccarthysme et les ravages de la liste noire à Hollywood. Il s’agissait alors d’un sujet tabou aux States et Nos plus belles années devait être le premier brûlot politique à s’attaquer au problème. Mais Sydney Pollack a choisi de couper ces nombreuses séquences au montage et de recentrer tout le film sur l’histoire d’amour.

Moins de politique et davantage de romanesque

Dans ses nombreux entretiens, Pollack s’est expliqué en invoquant une question d’équilibre interne du long-métrage. Pourtant, ces changements sont intervenus après des projections-test qui ont révélé un rejet du film par le public. Dès lors, Sydney Pollack n’a-t-il pas laissé de côté son caractère militant au profit d’un futur succès commercial, avec une œuvre plus édulcorée ? La question demeure ouverte, mais il est évident que des trous narratifs impactent sérieusement le dernier tiers du film.

Barbra Streisand, 45 tours The Way We Were

Barbra Streisand, 45 tours The Way We Were

Heureusement, le film bénéficie d’une réalisation classique, mais très soignée dans sa reconstitution des époques traversées, tandis que le thème musical principal de Marvin Hamlisch est un petit bijou de romantisme. Sa partition, ainsi que la chanson entonnée lors du générique initial par Barbra Streisand ont justement reçu un Oscar chacun, bien mérités au demeurant. On notera également que la chanson-titre The Way We Were a été classée numéro 1 du Billboard Hot 100 en 1974 et qu’elle figure également à la 8ème place des 100 meilleures chansons de bandes originales de films dans le classement de l’American Film Institute.

Un triomphe aux Etats-Unis

Séduit par le couple star à l’affiche, le public américain a répondu présent au point de faire de Nos plus belles années le 5ème plus gros succès aux Etats-Unis de l’année 1973 derrière L’exorciste (William Friedkin), L’arnaque (George Roy Hill, encore avec Redford), American Graffiti (George Lucas) et Papillon (Franklin J. Schaffner). Rien qu’aux Etats-Unis, Nos plus belles années a amassé la coquette somme de 49 900 000 $ (soit 345 920 000 $ au cours de 2023). Attention toutefois, son budget était très élevé pour l’époque avec une mise de départ risquée de 15 000 000 $ (soit 103 980 000 $ au cours de 2023). Le studio Columbia jouait donc gros avec ce drame romantique qui s’adressait à un public mature. Un autre temps, assurément.

En France, un écho nettement plus limité, mais un joli succès sur la durée

En France, l’écho ne fut pas le même à cause d’un sujet bien trop américain pour un public français qui ne suivait pas encore comme des moutons les succès d’outre-Atlantique. Ainsi, Nos plus belles années n’est même pas entré dans le top 60 de l’année 1974. A Paris, la semaine de sa sortie (le film ne déboule que le vendredi 8 mars 1974), la romance ne séduit que 22 510 Franciliens en 5 jours pour une 12ème place hebdomadaire. Plusieurs films érotiques passent même devant le film romantique. Toutefois, le bouche à oreille favorable permet au film de rester stable en deuxième semaine avec 25 508 spectateurs (sur sept jours cette fois). Même constat en semaine 3 avec 22 226 romantiques en plus, le film passant la barre des 70 000 spectateurs parisiens.

Malgré la concurrence, les semaines se suivent et se ressemblent pour Nos plus belles années qui continue à séduire le public et reste longtemps à l’affiche, profitant même de l’engouement du public pour L’arnaque – qui sort avec succès le 17 avril 1974 et qui relance l’intérêt autour de Robert Redford. En fin de carrière, Nos plus belles années a séduit 217 674 Parisiens, ce qui en fait un joli succès par rapport à ses débuts inquiétants.

Un bon bouche à oreille et une longue vie dans la mémoire des cinéphiles

Sur la France entière, le long-métrage ne démarre que très faiblement à la 25ème place du box-office national. Diffusé plus largement en province en deuxième semaine, il remonte à la 14ème place et reste encore une fois stable pendant quelques semaines, générant autour de 40 000 et 50 000 entrées par septaine. Début avril, le Redford movie franchit la barre des 200 000 spectateurs, puis va continuer une carrière discrète, mais continue, jusqu’à totaliser 530 945 tickets. Là encore, le succès s’est établi sur la durée, grâce à un bon bouche à oreille.

Depuis, Barbra Streisand est davantage célébrée en France et le film a été ainsi régulièrement édité en VHS, puis DVD et même récemment en blu-ray dans une copie superbe par Wild Side Vidéo. Le long-métrage a même fait l’objet d’une reprise en salle en 2013 dans une copie 4K, preuve de la longévité d’une œuvre qui est surtout une magnifique et touchante histoire d’amour, thème universel s’il en est.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 6 mars 1974

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Nos plus belles années, l'affiche

© 1973 Columbia Pictures – Rastar Productions. All Rights Reserved.

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Sydney Pollack, James Woods, Lois Chiles, Susan Blakely, Robert Redford, Barbra Streisand, Viveca Lindfors, Murray Hamilton, Allyn Ann McLerie, Sally Kirkland, Bradford Dillman

Mots clés

Drame historique, Les histoires d’amour malheureuses au cinéma, La politique au cinéma, Oscars 1974

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