Réalisateur, producteur, scénariste et monteur américain, George Lucas est né à Modesto en Californie en mai 1944 dans une famille de commerçants papetiers. Etant petit et timide, George Lucas est harcelé à l’école où il échoue régulièrement. Arrivé à l’adolescence, le fragile George se passionne pour le rock, la photographie et les voitures de sport. Ainsi, le jeune garçon participe à plusieurs courses automobiles, mais il échappe de justesse à la mort en 1962 lors d’un terrible accident. Conscient de la fragilité de l’existence, George Lucas change de comportement et passe de loubard à étudiant assidu.
George Lucas, un jeune prodige indépendant
En 1964, le jeune homme entre à l’école de cinéma de l’USC (University of Southern California). Il se passionne pour la technique et se révèle brillant aussi bien en écriture, montage et réalisation. Là, il réalise plusieurs courts-métrages et commence à se faire repérer grâce à son essai de SF intitulé Electronic Labyrinth THX 1138 4EB (1967). A la même époque, George Lucas réalise un making of du film Les gens de la pluie (1968) tourné par son ami Francis Ford Coppola. Il s’agit de Filmmaker (1968).
C’est grâce à cette amitié que George Lucas peut passer au long-métrage puisque Coppola fonde sa société American Zoetrope qui finance le film de SF quasiment expérimental THX 1138 (1971) avec Robert Duvall. Le tout est filmé en mode système D durant l’année 1969, puis George Lucas travaille sur la post-production durant l’année 1970 et la firme Warner le distribue dans les salles en 1971 pour un terrible échec commercial. Lors de sa sortie initiale en France, le long-métrage n’a glané que des miettes.
Les triomphes d’American Graffiti et de La guerre des étoiles
Déçu par cet accueil, mais pas démotivé pour autant, George Lucas enchaîne avec un film qui n’a strictement rien à voir puisqu’il met en scène des souvenirs d’adolescence dans American Graffiti (1973). Cette fois, c’est le carton plein avec une troisième place annuelle au box-office nord-américain et plus de 65 millions de dollars de recettes (soit 444 M$ au cours de 2023) pour un budget initial minuscule. La carrière de George Lucas est donc sur orbite et le cinéaste reçoit même des nominations aux Oscars.
© 1973 Universal Studios
Aussitôt, Lucas se lance dans un nouveau projet de SF, cette fois sous la forme d’un ambitieux space-opera. Il s’agira de La guerre des étoiles (1977) dont il supervise même les trucages à travers sa nouvelle société ILM (Industrial Light and Magic). A sa sortie, La guerre des étoiles emporte tous les suffrages et le grand public se rue dans les salles. Le métrage se classe numéro 1 de l’année et cumule 195,6 M$ (soit presque un milliard de dollars actuel) sur le sol nord-américain. Cela grimpe à plus d’un milliard et demi de dollars actuels si l’on tient compte du monde entier. Autant dire que cela a changé non seulement la carrière de George Lucas, mais aussi la face du cinéma mondial.
George Lucas, le producteur
Finalement, George Lucas décide d’abandonner la réalisation pendant une vingtaine d’années pour se consacrer exclusivement à l’écriture et surtout à la production. Il a ainsi écrit et produit L’empire contre-attaque (Kershner, 1980), puis Le retour du Jedi (Marquand, 1983) afin de compléter sa première trilogie Star Wars. A chaque fois, le triomphe est total.
Dans le même temps, il développe avec Steven Spielberg un nouveau projet qui va donner naissance à la trilogie Indiana Jones : ce sont Les aventuriers de l’arche perdue (1981), Indiana Jones et le temple maudit (1984) et Indiana Jones et la dernière croisade (1989) qui cartonnent dans le monde entier et redéfinissent la notion de film d’aventures et de rythme trépidant au cinéma. Par ces franchises, George Lucas et Steven Spielberg ont redéfini le Hollywood des années 80 et en ont fait une machinerie à blockbuster.
© 1980 Kurosawa Production Co. – Toho Company – Twentieth Century Fox – Zoetrope Studios / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.
Il ne se limite pourtant pas à des œuvres faciles puisqu’il a produit Kagemusha : L’Ombre du guerrier (1980) d’Akira Kurosawa, Mishima (Schrader, 1985) et Powaqqatsi (Reggio, 1988) qui sont des chefs d’œuvre ambitieux et difficiles à vendre. Pourtant, les spectateurs ont surtout retenu de lui ses incursions dans le domaine du blockbuster avec des échecs cuisants (Labyrinthe, Howard… une nouvelle race de héros) et des succès mitigés (Willow).
Au cours des années 90, George Lucas se consacre surtout à la série télé Les Aventures du jeune Indiana Jones et au toilettage de sa première trilogie Star Wars par l’ajout d’effets spéciaux numériques. Ainsi, les trois premiers volets ressortent dans les salles pour séduire une nouvelle génération. Le but est aussi de préparer le terrain pour accueillir la prélogie que George Lucas décide cette fois-ci de réaliser entièrement.
Retour aux affaires avec la prélogie Star Wars
Ainsi, en 1999, il revient derrière la caméra et livre un peu enthousiasmant Star Wars : Épisode I – La menace fantôme (1999) qui abandonne les fans sur le bas-côté. Cela n’empêche nullement le métrage d’être un événement qui intègre la première place au box-office américain annuel avec 430,2 M$ de recettes (783, 3 M$ au cours de 2023).
© 2005 Lucasfilm / Affiche : New Wave Creative – Illustration : Drew Struzan. Tous droits réservés.
Le cinéaste récidive avec un très moyen Star Wars : Épisode II – L’Attaque des clones (2002) qui n’arrive cette fois-ci que troisième du box-office américain annuel, devancé par Le seigneur des anneaux : les deux tours (Jackson) et surtout par Spider-Man (Raimi). Enfin, les amoureux de la saga de SF ont pu se réconforter avec la conclusion très efficace de la prélogie puisque Star Wars : Épisode III – La Revanche des Sith (2005) est un excellent épisode qui a légitimement tout balayé devant lui.
Malgré plusieurs années consacrées à sa saga culte, George Lucas continue à œuvrer dans le domaine en produisant la saga animée Star Wars – The Clone Wars. A noter que le pilote de la série est sorti au cinéma dans le monde entier.
La retraite et la vente de sa société au géant Disney
En 2012, alors qu’il souhaite partir à la retraite, George Lucas décide de vendre sa maison de production Lucasfilm à la firme Disney. La transaction est conclue pour la modique somme de 4 milliards de dollars. Cela est vécu par les fans de la première heure comme une trahison, d’autant que Disney n’a pas caché sa volonté de réactiver la franchise, aussi bien au cinéma qu’à la télévision.
Désormais, même si son nom apparaît toujours aux génériques des différents produits dérivés Star Wars, l’auteur s’est fait dépossédé de sa création par l’industrie. George Lucas a donc préféré une retraite dorée plutôt que de conserver ses idéaux de jeunesse. Ainsi, on peut citer une phrase du jeune homme qu’il était dans les années 70 :
Je me vois mal m’adapter à un système dans lequel je devrais laisser quelqu’un agir à ma place.
Après avoir été partie intégrante du système qu’il dénonçait tant, George Lucas a fini par pactiser et même se faire dévorer par l’ogre Disney. Triste histoire finalement.