Les canons de Batasi : la critique du film (1965)

Drame, Film de guerre | 1h43min
Note de la rédaction :
5/10
5
Les canons de Batasi, l'affiche

  • Réalisateur : John Guillermin
  • Acteurs : Mia Farrow, Jack Hawkins, Richard Attenborough, John Meillon, Flora Robson, John Leyton, Errol John, David Lodge
  • Date de sortie: 12 Mar 1965
  • Nationalité : Britannique
  • Titre original : Guns at Batasi
  • Titres alternatifs : Schüsse in Batasi (Allemagne) / Los rifles de Batasi (Mexique) / Cañones en Batasi (Espagne) / Revolta em Batasi (Portugal) / Cannoni a batasi (Italie) / Pistolas para Batasi (Chili) / Os Rifles de Batasi (Brésil)
  • Année de production : 1964
  • Scénariste(s) : Robert Holles, Leo Marks, Marshall Pugh, C.M. Pennington-Richards, d'après un roman de Robert Holles
  • Directeur de la photographie : Douglas Slocombe
  • Compositeur : John Addison
  • Société(s) de production : Twentieth Century Fox, George H. Brown Productions
  • Distributeur (1ère sortie) : 20th Century Fox
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : 20th Century Fox (DVD, 2007) / ESC Éditions (DVD, 2017)
  • Date de sortie vidéo : 1er octobre 2017 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 188 248 entrées / 28 147 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : 1 Golden Globes 1965 : Meilleure révélation féminine pour Mia Farrow / 1 BAFTA 1965 : Meilleur acteur pour Richard Attenborough
  • Illustrateur / Création graphique : Boris Grinsson
  • Crédits : Twentieth Century Fox Film Corporation
Note des spectateurs :

Faux film de guerre au discours néocolonial, Les canons de Batasi étonne par sa modestie et son manque d’action. Seuls les acteurs sauvent l’ensemble de la médiocrité.

Synopsis : Un groupe de sergents britanniques servent d’instructeurs à l’armée d’un pays africain, dans une ancienne colonie ayant récemment pris son indépendance. Le groupe est dirigé par un sergent major très attaché au règlement. Pris entre deux feux dans un coup d’état, les hommes vont s’opposer au gré de leurs caractères : faut-il protéger un capitaine blessé ou le livrer aux forces rebelles ?

Un film de guerre qui tourne rapidement au huis clos

Critique : Au début des années 60, l’industrie britannique est friande de longs-métrages se déroulant durant un quelconque conflit, se spécialisant dans le film de guerre. Si le titre original Guns at Batasi (1964) a sans doute été choisi pour faire écho au triomphe des Canons de Navarone (Thompson, 1961), il s’agit en réalité de l’adaptation cinéma du roman nommé The Siege of Battersea, écrit et publié par Robert Holles en 1962. Le cinéma britannique se penche effectivement de plus en plus sur son passé colonial en cette année 1964 qui a également vu la réalisation de Zoulou (Enflield, 1964) qui retrace un épisode historique de la guerre anglo-zouloue de 1879. On notera d’ailleurs que l’acteur Jack Hawkins est au casting des deux productions.

Les canons de Batasi, jaquette DVD

© 1964 Twentieth Century Fox Film Corporation, Renewed © 1992. / © 2014 Twentieth Century Fox Home Entertainment – ESC Conseils. Tous droits réservés.

Pourtant, là où les deux œuvres citées sont de véritables films de guerre, avec de nombreuses scènes de bataille et du grand spectacle, Les canons de Batasi étonne par la modestie des moyens engagés. Tout d’abord, le long-métrage est tourné en noir et blanc à une époque où ce type de films avait le droit à la couleur. Ensuite, le casting s’avère bien modeste puisque les artistes engagés sont alors surtout célèbres en Angleterre.

Un casting modeste, mais pertinent

Parmi eux, seul Richard Attenborough commence à avoir une stature internationale depuis sa participation remarquée à La grande évasion (Sturges, 1963). Aussi bien Jack Hawkins que Flora Robson ne sont pas des têtes d’affiche porteuses à l’international, tandis que le jeune John Leyton est surtout un chanteur populaire en Grande-Bretagne. Enfin, la jeune Mia Farrow est encore une inconnue venue remplacer au pied levé une Britt Ekland ayant abandonné le tournage sous la pression de son mari Peter Sellers, trop jaloux pour supporter sa présence sur un plateau en même temps que le séduisant John Leyton.

Enfin, signalons que l’ensemble du long-métrage a été tourné en studio sur les légendaires plateaux de Pinewood. Cela occasionne notamment quelques plans malheureux avec des transparences lorsque les personnages sont censés être face à la nature sauvage. On a également le droit à quelques stock-shots sur des révoltes africaines, procédé utilisé généralement sur des productions bon marché.

La décolonisation africaine dans le viseur

Largement inspiré par la révolte des Mau-Mau qui a eu lieu au Kenya durant les années 50, Les canons de Batasi est censé se dérouler dans un pays imaginaire, mais le film se veut une analyse à chaud de la décolonisation en Afrique noire. Si le métrage a le mérite d’évoquer un fait brûlant qui touche la Grande-Bretagne depuis la décolonisation de l’Inde, à savoir la perte progressive de son empire, il ne parvient pas à convaincre pleinement par l’oscillation constante de son point de vue.

Ainsi, le personnage principal incarné avec autorité par Richard Attenborough symbolise à lui tout seul le vieil empire britannique. Alors qu’il est vaguement ridiculisé au début du film par ses excès de rigorisme disciplinaire, il s’avère être le protagoniste le plus héroïque au moment des événements dramatiques et termine le métrage comme une victime valorisée par les auteurs. À l’inverse, les protagonistes plus progressistes comme la parlementaire incarnée par l’excellente Flora Robson possèdent un discours plus ouvert, mais leur point de vue est sans cesse contredit par les événements.

Un point de vue néocolonialiste pas totalement assumé

On peut donc en conclure que Les canons de Batasi semble regretter le bon temps où l’Angleterre régnait sur son empire colonial. Bien entendu, cela représente un point de vue largement répandu à l’époque, mais qui se teinte parfois d’un léger sentiment de supériorité par rapport aux peuples africains. Cela n’est pas le seul défaut d’un film qui manque également de scènes vraiment marquantes pour pouvoir s’imposer en tant que simple spectacle. Finalement, on ne retiendra vraiment du long-métrage que la justesse de l’interprétation et notamment la belle performance de Richard Attenborough dans un rôle où il est quasiment méconnaissable. Cela lui a d’ailleurs valu un BAFTA du meilleur acteur en 1965, même si attribué pour un autre film. Par ailleurs, la jeune Mia Farrow a eu le droit à un Golden Globe de la meilleure révélation féminine la même année.

Passé grandement inaperçu, Les canons de Batasi est sorti en France en mars 1965. Entré à la 8ème place du box-office parisien lors de sa semaine d’investiture avec seulement 19 675 spectateurs dans les salles, le métrage s’est ensuite effondré rapidement, ne cumulant que 28 147 entrées en fin de carrière parisienne. Pire, au national, Les canons de Batasi n’a grappillé que 188 248 tickets vendus au long d’une carrière éclair qui n’a laissé guère de traces dans les consciences.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 10 mars 1965

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Les canons de Batasi, l'affiche

© 1964 Twentieth Century Fox Film Corporation, Renewed © 1992. / Affiche : Boris Grinsson. Tous droits réservés.

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