Le paradis des mauvais garçons : la critique du film (1952)

Policier | 1h21min
Note de la rédaction :
5/10
5
Le paradis des mauvais garçons, l'affiche

  • Réalisateur : Josef von Sternberg Nicholas Ray
  • Acteurs : Robert Mitchum, William Bendix, Jane Russell, Brad Dexter, Gloria Grahame
  • Date de sortie: 12 Sep 1952
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Macao
  • Titres alternatifs : Macao, le paradis des mauvais garçons (titre français de la reprise 2008) / Den laglösa ön (Suède) / Una aventura en Macao (Espagne) / Macau (Portugal) / L'avventuriero di Macao (Italie) / Kinakystens helvede (Danemark) / Macao, la cité ardente (Belgique)
  • Année de production : 1952
  • Scénaristes : Stanley Rubin, Bernard C. Schoenfeld, George Bricker, Edward Chodorov, Norman Katkov, Frank L. Moss, Walter Newman d'après un roman de Robert Creighton Williams
  • Directeur de la photographie : Harry J. Wild
  • Compositeur : Anthony Collins
  • Société(s) de production : RKO Radio Pictures
  • Distributeur : RKO
  • Distributeur (reprise) : Action Cinémas / Théâtre du Temple
  • Date de reprise : 17 septembre 2008
  • Éditeur(s) vidéo : Editions Montparnasse (VHS) / Editions Montparnasse (DVD, 2000 et 2003)
  • Dates de sortie vidéo : 4 octobre 2000 (DVD) / 16 septembre 2003 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 654 312 entrées / 204 646 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.37 : 1 / Noir et Blanc / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Boris Grinsson (affiche de 1952)
  • Crédits : RKO Radio Pictures
Note des spectateurs :

Petit film noir exotique, Le paradis des mauvais garçons est une œuvre décevante qui ne tient que par la grâce de ses interprètes. La conception houleuse du film explique en grande partie l’échec de ce long-métrage oubliable.

Synopsis : Trois Américains débarquent à Macao : Nick Cochran, ancien GI fuyant les Etats-Unis où il a été condamné pour un délit mineur, Julie Benson, chanteuse de cabaret et Lawrence Trumble, inspecteur de police en mission qui se fait passer par un représentant de commerce. Les trois personnages vont se retrouver unis dans la lutte face au féroce parrain de la pègre locale.

Le paradis des mauvais garçons, une commande d’Howard Hughes

Critique : Depuis les années 40, la compagnie RKO Radio Pictures est dirigée d’une main de fer par le milliardaire excentrique Howard Hughes. Celui-ci est à l’origine de nombreux projets dont fait partie Macao, appelé en France Le paradis des mauvais garçons (1952). Il s’agissait pour le producteur de surfer sur le succès récent du film noir, en le mixant avec le film d’aventures exotiques. Le milliardaire souhaitait également reconstituer à l’écran le couple formé par Robert Mitchum et Jane Russell dans le succès Fini de rire (Farrow, 1951) l’année précédente. Il faut dire que les deux acteurs possèdent une réelle alchimie à l’écran et l’idée de les réunir dans un film plus sombre était plutôt judicieuse.

Macao, le paradis des mauvais garçons, l'affiche de la reprise 2008

© 1952 RKO Radio Pictures. Tous droits réservés.

Pour ce nouveau projet, Howard Hughes a engagé une armée de scénaristes pour adapter une œuvre de l’écrivain Robert Creighton Williams, ainsi que le réalisateur Josef von Sternberg, connu pour être le maître absolu du film exotique des années 30 avec sa muse Marlene Dietrich. Toutefois, la période faste du cinéaste est loin derrière lui puisque les années 40 ont été synonyme de déceptions multiples pour cet artiste exigeant qui a été plusieurs fois licencié en cours de tournage. Sternberg n’est guère motivé par ce nouveau projet, d’autant qu’il n’apprécie pas Jane Russell, et il l’a visiblement fait sentir à l’ensemble de l’équipe.

Un tournage infernal, terminé par Nicholas Ray

Tourné entre 1950 et 1951 par un cinéaste en bout de course, Le paradis des mauvais garçons a connu une conception houleuse, peu facilitée par un réalisateur qui est unanimement décrit comme un tyran odieux avec l’ensemble de l’équipe. Finalement, au bout de quelques semaines de tournage, Jane Russell et Robert Mitchum sont parvenus à avoir la peau du cinéaste qui est renvoyé du plateau par Howard Hughes et remplacé au pied levé par Nicholas Ray. A noter que le nouveau cinéaste dirige ainsi sa femme Gloria Grahame, avec qui il était en instance de divorce et qui n’avait aucunement envie de tourner ce film. L’actrice était tenue par un contrat et ne tournera d’ailleurs plus jamais pour Howard Hughes.

Autant dire que le résultat final se ressent de ces multiples tensions lors du tournage. Le spectateur s’aperçoit assez rapidement que l’intrigue n’est pas suffisamment développée et que les motivations des différents personnages demeurent floues. Au niveau de la réalisation, von Sternberg emballe le tout sans grande imagination, donnant même l’impression de visionner une œuvre datant des années 30 et non des années 50. Ainsi, l’emploi des transparences pour faire croire que l’équipe s’est déplacée en Asie vient ruiner tous les efforts du réalisateur afin de crédibiliser sa vision fantasmée de l’ancienne colonie portugaise. Outre les clichés d’usage à l’époque sur les populations chinoises, Le paradis des mauvais garçons ne nous épargne aucun archétype du genre, sans jamais parvenir à sublimer le matériau d’origine.

D’excellents acteurs qui sauvent les meubles

Finalement, le seul véritable intérêt du long-métrage vient des acteurs qui assurent tant bien que mal. Ainsi, Robert Mitchum et Jane Russell font preuve d’un réel charisme à l’écran et leur couple de cinéma fonctionne à merveille. On adore notamment le rôle de forte tête tenu par la belle brune qui ne se laisse pas charmer si facilement par les hommes qui lui courent après. Dans le rôle d’un agent infiltré, William Bendix fait également preuve d’un réel talent d’incarnation, tandis que le méchant joué par Brad Dexter bénéficie d’un certain charme. En revanche, on peut être davantage déçu par l’implication peu enthousiaste de Gloria Grahame, dont le personnage n’est absolument pas développé. On comprend mieux le désintérêt de l’actrice envers ce projet mal fagoté.

Assez lent dans sa progression narrative, sans doute trop linéaire, Le paradis des mauvais garçons n’est pas nécessairement désagréable à regarder, mais il est toujours en-deçà des attentes générées par son casting et surtout par les noms prestigieux attachés à sa conception. Après plusieurs séquences additionnelles ajoutées par Nicholas Ray, mais aussi Robert Stevenson et Mel Ferrer, Macao est finalement sorti en avril 1952 aux Etats-Unis et a été un gros échec commercial.

Le paradis des mauvais garçons, coupure presse

© Les Archives de CinéDweller

Un échec américain pour une œuvre inégale

En France, le film noir à tendance exotique a tout de même réussi à attirer quelques curieux, même si ses chiffres de 204 646 entrées en région parisienne et de 654 312 clients sur toute la France ne sont guère affolants à une époque où bien des œuvres à vocation commerciale dépassaient le million de spectateurs. En tout cas, pour un film américain porté par un Robert Mitchum qui n’était pas encore une star en France, cela n’est pas si mal.

A l’ère de la vidéo, Le paradis des mauvais garçons a été édité à plusieurs reprises par les Editions Montparnasse qui ont acquis les droits d’exploitation du catalogue complet du studio RKO. Ils ont ainsi sorti une cassette VHS, puis deux galettes DVD. Le métrage est finalement plus intéressant pour sa conception houleuse que pour le résultat à l’écran. Malgré sa réputation peu flatteuse, le métrage a bénéficié d’une reprise en salles au mois de septembre 2008 sous le titre Macao, le paradis des mauvais garçons.

Critique de Virgile Dumez

Où voir Le paradis des mauvais garçons à Paris, à sa sortie?

C’est un 12 septembre 1952 que parut Le paradis des mauvais garçons sur la capitale. RKO le présenta dans trois cinémas, l’Ermitage (en VO), le Max-Linder et à l’Olympia.

Le film américain devait affronter une nouveauté française, Drôle de noce, de Léo Joannon, avec Julien Carette et Jean Richard, ainsi qu’Alerte aux garde-côtes de Joseph Kane, Les diables du Guadalcanal un autre film RKO, d’Howard Hugues et Nicholas Ray, avec John Wayne et Robert Ryan, Le fils des mousquetaires de Lewis Allen avec Cornel Wilde et Maureen O’Hara, La flibustière des Antilles de Jacques Tourneur, avec Jeanne Peters, Louis Jourdan et Debra Paget, et La cité des stupéfiants d’Enzo Trapani, avec Lois Maxwell.

Notes de Frédéric Mignard

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Le paradis des mauvais garçons, l'affiche

© 1952 RKO Radio Pictures / Affiche : Boris Grinsson. Tous droits réservés.

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