Réalisateur, scénariste et producteur américano-autrichien, Josef von Sternberg est né à Vienne en 1894, mais il rejoint dès 1901 son père aux Etats-Unis et sera finalement naturalisé américain dès 1908. Issu d’un foyer pauvre, il ne peut poursuivre ses études et multiplie les petits boulots. Il est finalement embauché comme monteur vers 1915, puis devient opérateur pendant la Première Guerre mondiale. Finalement, cela lui ouvre les portes de l’industrie cinématographique et Sternberg devient assistant sur Le mystère de la chambre jaune (Chautard, 1919).
Un bon réalisateur du temps du muet
Finalement, Sternberg débute dans la réalisation avec Les Chasseurs de salut (1925) qu’il écrit et tourne pour l’acteur George K. Arthur. C’est le début d’une très riche carrière où le cinéaste sera connu pour son perfectionnisme et son intransigeance, se mêlant à la fois de la photographie, des décors, mais aussi du montage de ses films. Il réalise son premier grand film au temps du muet avec Les nuits de Chicago (1927), interprété par George Bancroft. Toujours pour le même acteur, il signe encore La rafle (1928).
La révélation de L’ange bleu et l’association mythique avec Marlene Dietrich
© 1930 UFA Tonfilm – Universum Film (UFA) / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.
Toutefois, la révélation intervient en 1930 avec son premier chef d’œuvre L’ange bleu (1930) qui révèle au monde entier Marlene Dietrich. Le triomphe de ce film tourné pourtant en Allemagne va changer à jamais le cours du destin des deux artistes. Désormais, Marlene Dietrich devient la muse et Sternberg le mentor qui vont signer ensemble un corpus de films remarquables. La même année, ils tournent Cœurs brûlés (1930) avec Gary Cooper, puis enchaînent sur Agent X27 (1931).
© 1930 Paramount Pictures. All Rights Reserved.
Si les intrigues sont souvent peu passionnantes, le cinéaste s’appuie sur l’aura de ses acteurs et de son actrice fétiche pour créer des personnages inoubliables. Parmi leurs classiques, on trouve notamment Shanghaï Express (1932), Blonde Venus (1932) et surtout L’impératrice rouge (1934). Malheureusement, ce dernier titre pourtant mythique de nos jours, a été un cruel échec commercial et la carrière de Sternberg vacille. Il continue sur sa lancée avec La femme et le pantin (1935) qui fut la dernière association entre le cinéaste et sa star attitrée.
Une fin de carrière compliquée
Après cela, Josef von Sternberg quitte la Paramount et signe Crime et châtiment (1935) pour la Columbia. Les projets ne se bousculent plus à la porte du cinéaste qui ne réussit même pas à achever le tournage de I Claudius (1937). Il faut attendre 1939 pour qu’il revienne avec le drame musical Au service de la loi. En 1941, Shanghaï lui convient mieux, même si Gene Tierney n’est pas Dietrich.
Au cours des années 40, le réalisateur ne parvient plus à travailler et il est souvent débarqué des films sur lesquels il est embauché. Cette malédiction se poursuit lorsque Howard Hughes l’embauche pour tourner Le paradis des mauvais garçons (1952). Sternberg est remercié au bout de quelques semaines et remplacé par Nicholas Ray. Dégoûté, le cinéaste part au Japon où il met en boite un intéressant Fièvre sur Anatahan (1953). De manière étrange, Howard Hughes le sollicite à nouveau pour un projet d’envergure, Les espions s’amusent (1957) avec John Wayne et Janet Leigh. Ce long-métrage dispensable fut le dernier film du cinéaste qui devient enseignant entre 1959 et 1963, avant de prendre sa retraite.
Josef von Sternberg meurt en 1969 à l’âge de 75 ans et son nom restera à jamais attaché à celui de celle qui fut un temps sa compagne, la grande Marlene Dietrich.