En dépit d’un budget très serré, Le défi des MacKenna est un western qui étonne par le soin apporté à son écriture et à son interprétation.
Synopsis :Un vagabond du nom de Jonas trouve sur son chemin un homme récemment pendu et décide de l’enterrer. Apprenant que le pendu était le prétendant de la fille du propriétaire du ranch voisin, Jonas sera vite impliqué dans un sanglant conflit familial.
Critique : Après avoir joué ensemble dans Avec Django, ça va saigner, John Ireland, Robert Woods et Roberto Camardiel se retrouvent l’année suivante dans ce Défi des MacKenna. Point de gatling ici, ce western-ci se centre sur l’aspect dramatique et non sur l’action. Ainsi, le film souffre d’une certaine mollesse due à de rares scènes d’action peu convaincantes. Mais il se distingue du tout-venant par une écriture étonnamment travaillée pour un film de cet acabit.
Le défi des MacKenna se distingue par son écriture travaillée
En effet, le script, auquel a participé Edoardo Mulargia, réalisateur d’El Puro, la rançon est pour toi, se caractérise par des répliques marquantes et par une ambiance sombre, palpable dès l’ouverture du métrage. Le défi des Mac Kenna est empreint de tragédie classique, du fait du conflit familial qu’il dépeint, auquel s’ajoute une thématique religieuse dès lors que l’on découvre le passé de Jonas. Le symbolisme chrétien est de fait omniprésent. Néanmoins, en dépit de sa richesse, le script manque un peu de logique. En effet, l’ordre de succession des scènes aurait gagné à être davantage travaillé.
Des personnages marquants et bien interprétés
Une des grandes qualités du métrage réside dans la profondeur psychologique de ses personnages. Ils sont loin d’être uniquement archétypaux, défaut récurrent des westerns s’inspirant de la tragédie. A cette écriture convaincante s’ajoute une interprétation de qualité. Quoique vieillissant, Jonas fait un antihéros crédible. Face à lui, Roberto Camardiel et surtout son fils psychopathe interprété par un Robert Woods en grande forme ne sont pas en reste. Seule Daniela Giordano, qui joue la fille de Camardiel peine à convaincre, d’autant plus qu’Anabella Incontrera l’éclipse dans son rôle de prostituée au grand cœur. Un petit bémol toutefois au niveau du choix des costumes, beaucoup trop colorés, qui nuisent un peu à la crédibilité de l’ensemble.
Le défi des MacKenna est un western de seconde zone étonnamment ambitieux
Si le film se démarque au niveau de son écriture et de son interprétation, il reste un western de seconde zone. Du fait d’un tournage en Toscane, on déplore des décors ni variés, ni crédibles. Fort heureusement, la photographie redonne du panache au métrage. On a de beaux jeux de clairs obscurs lourds de sens, notamment lors de l’évocation du passé trouble du héros. Si la réalisation demeure très classique, certaines compositions de plans font mouche. Tel ce plan rassemblant l’arbre du pendu et la croix de sa tombe. Enfin, la musique du talentueux Francesco de Masi, bien que typique du genre, constitue un atout indéniable.
En conclusion, Le défi des MacKenna constitue un des meilleurs westerns crédités à León Klimovsky . En effet, selon les sources Ireland et Woods, voire Edoardo Mulargia assurèrent la mise en scène. Quoi qu’il en soit, s’il n’atteint pas la flamboyance du Dernier des salauds du fait de ses faibles moyens, Le défi des MacKenna demeure un représentant honorable du western « tragique ».
Critique de Kevin Martinez
Box-office :
Pur film d’exploitation, Le défi des MacKenna est sorti une semaine à Paris, le 3 mai 1972, dans 3 cinémas : le Barbizon Concordia, le Saint-Antoine et la Cigale. Le distributeur Les Films Jacques Leitienne avait réussi à négocier une petite semaine de programmation, pas plus. La semaine, qui comprenait des nouveautés le 3 et le 5 mai, était lourde en défis : L’aventure c’est l’aventure de Lelouch débarque avec sa floppée de stars, Pialat fait l’événement avec Nous ne vieillirons pas ensemble (Jean Yanne, Marlène Jobert), l’éternel Woody Allen donnait le ton dans Bananas, Marco Ferreri dirigeait Catherine Deneuve dans Liza, Jean Yanne réalisateur assurait la promo de l’énorme Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, Homo Eroticus de Marco Vicario, avec Lando Buzzanca, Rossana Podesta et Bernard Blier, paraissait dans dix cinémas…
Sur l’ensemble du territoire, Le défi des MacKenna atteindra les 65 000 entrées avant de disparaître des mémoires, faute de VHS et de DVD dans l’Hexagone.
Les sorties de la semaine du 3 mai 1972
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León Klimovsky, Robert Woods, John Ireland, Daniela Giordano, Giovanni Cianfriglia, Attilio Dottesio