Sans doute trop classique, Avec Django, ça va saigner est un western spaghetti qui manque un peu de panache. Le script est toutefois plus rigoureux que d’habitude.
Synopsis : Alors que la guerre de Sécession fait rage, un ingénieur vient en aide à l’armée nordiste en mettant au point une mitrailleuse d’une puissance de feu encore inégalée. Un commando est mis en place pour la récupérer mais un guet-apens les attend : les hommes sont tous abattus et l’arme volée. Seul survivant de ce traquenard, le général Tanner, responsable de la mission et accusé d’être l’auteur de cette tragédie par ses pairs, doit retrouver les responsables de ce massacre pour prouver son innocence.
Un faux Django incarné par un Robert Woods sans charisme
Critique : Plutôt spécialisé dans le film d’action tendance serial, Paolo Bianchini est un réalisateur qui semble aimer par-dessus tout le cinéma américain. En 1968, il dégoupille coup sur coup trois westerns qui ont pour titre Dieu les crée, moi je les tue, Clayton l’implacable et Avec Django ça va saigner. Dernier film d’une année très chargée pour Bianchini, le long-métrage n’entretient bien évidemment aucun rapport avec le personnage de Django immortalisé par Franco Nero. Seul élément qui peut rappeler le western de Corbucci, une mitrailleuse s’avère être au centre des préoccupations des différents personnages.
Ce titre est donc une des nombreuses opérations malhonnêtes des distributeurs français de l’époque. En lieu et place de Django et de Franco Nero, les spectateurs devront se contenter d’un certain Tanner, incarné sans réel charisme par l’Américain Robert Woods, sorte de Giuliano Gemma du pauvre. Dépourvu de la moindre capacité à susciter des émotions, l’acteur fait donc un héros bien peu intéressant.
Le reste du casting sauve les meubles dans une intrigue assez complexe
Sans doute conscient des limites de son acteur principal, Bianchini a eu la riche idée de l’entourer de professionnels plus aguerris comme John Ireland qui compose un rôle de métis vraiment étonnant. Méconnaissable, le comédien livre une prestation tout à fait remarquable, dans la lignée d’un Tomas Milian. On adore également la performance toujours impeccable du vieux routier Roberto Camardiel. Ils participent grandement au petit plaisir éprouvé devant cette série B très proche du western à l’américaine.
Effectivement, le script, un peu plus développé que la moyenne, tente d’afficher un sérieux qui tranche avec le sous-genre du western spaghetti. Si le film gagne en rigueur, il perd nettement en matière de fun. Réalisé avec un certain talent par un Bianchini qui aime les amples mouvements de caméra, Avec Django, ça va saigner souhaite s’inscrire dans une tradition américaine plus marquée que ses pairs. Ainsi, l’intrigue tente d’évoquer une page de l’histoire des Etats-Unis, avec une certaine rigueur. Le script, parfois un peu alambiqué, propose également des personnages assez complexes.
Des scènes d’action à la peine et une ambiance musicale très pauvre
Malheureusement, tout n’est pas réussi. Tout d’abord, le long-métrage pâtit d’une musique trop pop de Piero Piccioni. Impossible d’identifier un thème fort que l’on retiendrait aisément. Ensuite, certaines séquences d’action souffrent d’un manque de punch, souvent à cause d’un montage assez maladroit. Enfin, la dernière partie paraît moins rigoureuse et tend à allonger démesurément une intrigue qui s’effiloche.
Avec Django, ça va saigner n’est donc aucunement un mauvais bougre, mais il est loin d’être un western spaghetti majeur.
Critique de Virgile Dumez
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