El Puro, la rançon est pour toi : la critique du film (1973)

Western | 1h30min
Note de la rédaction :
5/10
5
Jaquette DVD d'El puro, la rançon est à toi

Note des spectateurs :

El Puro, la rançon est pour toi est un western européen à petit budget qui se démarque toutefois par un ton et une ambiance singuliers.

Synopsis: Quatre chasseurs de primes partent à la recherche du redoutable et sanguinaire El Puro dont la tête est mise à prix dans toute la région. Leur but : le ramener mort ou vif pour empocher la rançon. Mais Rosie, danseuse de saloon tombée amoureuse du bandit décide de l’héberger. Une impitoyable chasse à l’homme commence…

Critique: El Puro, la rançon est pour toi est le quatrième western d’Edoardo Muliarga. Officiant parfois sous le pseudonyme d’Edward G. Muller, ce dernier avait déjà réalisé Cjamango et les plus confidentiels  Django le justicier et Prie et Creuse ta tombe entre 1967 et 1968.

El Puro, la rançon est pour toi est un western bardé de défauts…

Dès les premières minutes, un constat s’impose : nous ne sommes pas en présence d’un film à grand spectacle, loin s’en faut. Alors qu’un western comme Un dollar entre les dents composait avec ses contraintes budgétaires pour un résultat minimaliste mais élégant, El puro, la rançon est pour toi est un cas d’école de série Z. En effet, les décors sont récurrents et absolument banals, les costumes immondes et l’action réduite à son strict minimum.

La bande son a également subi le même traitement, puisqu’il s’agit essentiellement d’un démarquage low-cost du thème du Bon, la brute et le truand… Si le morceau demeure sympathique, on l’entendra ad nauseam, parfois seulement sifflé, ce qui met encore davantage en évidence le manque de moyens du film.

La réalisation, quand à elle, est souvent plate et parfois discutable, avec quelques fautes de goût (heureusement ponctuelles),  à l’instar d’une  séquence de présentation des antagonistes caractérisée par des zooms avants s’enchaînant sur des zooms arrières, pour un résultat honteusement proche du film de vacances.

Enfin, le scénario ne propose pas assez d’action et a tendance à recycler les mêmes situations. Tous ces soucis font en conséquence, d’El Puro, la rançon est pour toi  un film au rythme laborieux, qui s’étire péniblement sur environ une heure et demie.

…mais aussi d’éléments particulièrement originaux…

En dépit de ses nombreuses tares, le film demeure intéressant dans le paysage du western européen puisqu’il se démarque par son ambiance plutôt inédite. En effet, le métrage est assez intimiste et nous présente un personnage décadent, ruiné par son addiction à l’alcool. Nous suivons ici un homme égaré et traqué comme une bête sauvage. Contrairement à beaucoup d’autres westerns européens, nous avons donc le point de vue de la proie, et non du chasseur.

L’intérêt du film repose donc essentiellement sur le personnage titre, qu’incarne de manière plutôt crédible l’américain Robert Woods. Néanmoins, si ce dernier a bien su retranscrire la décrépitude physique et morale du protagoniste, Marc Fiorini cabotine à outrance pour incarner un antagoniste fou, et échoue là où Kinski et Milian ont excellé. Ses excès ont toutefois eu le mérite de donner naissance à une scène inédite dans ce type de film, puisqu’il se met à embrasser un de ses hommes de manière totalement inattendue. De par cette singularité, le métrage sera projeté lors de l’édition 2007 du festival du film gay et lesbien de Turin.

El Puro, la rançon est pour toi se distingue enfin par une vision très noire de l’Ouest, sans compromis aucun. On y retrouve ainsi ce sadisme si caractéristique du genre, notamment lors d’une scène marquante où l’on voit l’amie du héros battue à mort. La séquence finale, quand à elle, est mémorable, à la faveur d’un retournement de situation particulièrement cynique.

… qui mérite donc le visionnage pour les aficionados du genre.

En définitive, les multiples défauts d’El Puro, la rançon est pour toi n’en font clairement pas un film pour s’initier au genre. Néanmoins, il saura contenter les aficionados de par sa noirceur et son originalité. El Puro, la rançon est pour toi fait partie de ces westerns européens de la fin des années soixante qui ont eu le mérite d’explorer de nouvelles thématiques, alors que le genre commençait à s’auto-parodier, ce qui explique son statut d’œuvre culte parmi certains amateurs éclairés.

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Critique : Kevin Martinez

Les westerns spaghettis sur CinéDweller

Jaquette DVD d'El puro, la rançon est à toi

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