Après Pauline détective, Marc Fitoussi propose des couleurs un peu plus automnales, celles de la comédie domestique sur les affres du couple… Le résultat est toujours aussi convaincant. La ritournelle (ex Folies Bergères, son titre original), est l’un des succès de son auteur.
Synopsis : Brigitte et Xavier sont éleveurs bovins en Normandie. Elle est rêveuse, la tête dans les étoiles. Lui, les pieds ancrés dans la terre, vit surtout pour son métier. Avec le départ des enfants, la routine de leur couple pèse de plus en plus à Brigitte. Un jour, sur un coup de folie, elle prend la clef des champs. Destination : Paris. Xavier réalise alors qu’il est peut-être en train de la perdre. Parviendront-ils à se retrouver ? Et comment se réinventer, après toutes ces années ? La reconquête emprunte parfois des chemins de traverse…
Marc Fitoussi, un cinéaste qui aime les actrices
Critique : Marc Fitoussi aime bien les actrices, surtout si elles se nomment Sandrine Kiberlain avec qui il a tourné La vie d’artiste et Pauline Détective, Laure Calamy pour Les Cyclades (2022), Karin Viard (Les apparences) et Isabelle Huppert (Copacabana). Il retrouve d’ailleurs cette dernière dans une comédie dramatique, qui sème une brise automnale sur un décor agricole de province. Un cadre inhabituel pour la comédienne qui va réfléchir sur l’état de son couple et de sa vie, alors que le démon de midi prend les formes avantageuses de Pio Marmaï, un trentenaire un peu excentrique, qui n’a rien contre un plan cougar, au risque d’accentuer la zizanie sentimentale chez l’héroïne tranquille de La ritournelle.
Isabelle Huppert sous le charme de Pio Marmaï
Rongé par les frustrations et déceptions qui caractérisent désormais son quotidien, le personnage d’Huppert est marqué par des troubles psychosomatiques. Psoriasis ou eczéma atteignent ses derniers beaux moments d’une féminité qu’elle doit dissimuler depuis trop longtemps, alors que son mari ne semble pas vouloir aller au-delà de la surface, et préfère creuser le terroir plutôt que les troubles visibles de son épouse qui ne cesse pourtant de l’accompagner dans ses compétitions de bétail. Aussi, succombera-t-elle à l’attirance irrépressible qu’exerce l’intrépide Pio Marmaï ? Un suspense domestique de petits notables de province propulsés le temps de quelques scènes dans un Paris de charme où la beauté de la ville enivre et ravive le désir…
Le couple qu’Huppert forme avec Darroussin ne répond pas aux normes des grandes tragédies d’Huppert. La comédienne se livre à un numéro habituel d’intériorisation de la douleur, mais sans laisser percevoir la moindre fissure tordue qui pourrait nuire à son personnage somme tout commun, celle d’une femme aux exigences de bonheur qui n’appelle pas aux vertiges, mais aimerait toutefois rallumer une dernière fois la flamme de l’amour avant la tombée de l’hiver.
Isabelle Huppert à la campagne
L’actrice est toujours impériale, même dans un contexte rural, simple et rustique, qui trouve toute sa légitimité dans la complicité apparente qui émane de son couple avec Darroussin, dans un rôle d’époux bienveillant qu’on lui connaît bien (dans Fanny, pour ne citer qu’un exemple récent)… Les non-dits peuvent faire monter les larmes et l’intensité de l’émotion opère sans déballage. Huppert et Darroussin ne sont pas dans le règlement de comptes. Marc Fitoussi, même dans les moments les plus épineux, semble vouloir mener ses personnages vers une sérénité et une complétude nécessaires avant de les laisser accéder à l’étape suivante de leur existence…
Avec simplicité et non sans charme, La ritournelle invoque l’universalité des troubles sentimentaux liés à l’âge et au renoncement ; il offre à ses deux interprètes principaux de beaux rôles qui confirment la magnifique trajectoire de carrières toujours à l’écoute des vérités humaines. Si l’originalité fait peut-être un peu défaut au propos, on n’en diminuera pas sa portée.
La ritournelle au box-office :
Avec 344 031 entrées en 11 semaines au box-office français, La ritournelle a été pendant longtemps le plus gros succès du réalisateur Marc Fitoussi après Copacabana (300 864 entrées en 2010). Depuis, Les apparences l’a chassé du peloton de tête, avec 359 279 spectateurs.
Sorti dans 228 cinémas et bénéficiant d’un petit budget de 4 220 000 euros, La ritournelle a démarré sa carrière française à 114 679 spectateurs, mais a connu une chute importante en 2e semaine (58 093). Il se maintiendra néanmoins grâce à la Fête du Cinéma en 3e semaine (66 957), tout en restant solide en semaines 4 et 5, fort d’un bouche-à-oreille en province qui lui permettra in fine de tripler la mise initiale.
M6 Vidéo le proposera uniquement en DVD. Aucun Blu-ray n’est commercialisé initialement lors de sa sortie sur support physique.