Après La vie d’artiste et Copacabana, Marc Fitoussi dirige Sandrine Kiberlain et Audrey Lamy dans Pauline détective, une comédie policière lumineuse et cocasse.
Synopsis : Plaquée par son petit ami, Pauline se laisse entraîner par sa sœur dans un palace de la riviera italienne. Au lieu de savourer les joies du farniente, elle se persuade qu’un crime a été commis dans l’hôtel et s’improvise détective, embarquant dans ses investigations un séduisant maître-nageur…
Glamour et Technicolor sur la riviera italienne
Critique : Pauline, rédactrice en chef très parisienne d’un magazine de faits divers sordides, aime le polar et les bouquins de la Bibliothèque verte, comme son créateur, Marc Fitoussi. L’espiègle réalisateur qu’on avait laissé en bonne compagnie (celle d’Isabelle Huppert dans l’émouvant Copacabana) met en scène ses péripéties comme dans une aventure de Fantômette ou du Club des cinq, version adulte, le style glamour et Technicolor en plus.
Pauline, c’est Sandrine Kiberlain, vedette qu’il a rencontrée en tournant le truculent La vie d’artiste où elle s’adonnait à des doublages surréalistes. L’actrice revient à ce qu’elle sait faire le mieux, la comédie sardonique, où elle se détache des conventions par des errances de regard, une franchise du verbe et un refus de se plier au bon ton des autres. La vedette loquace de Rien sur Robert, totalement irrésistible dans Romaine par moins 30, nous livre un grand numéro d’enquêtrice égocentrique, puisque Madame voit des crimes partout, y compris dans un luxueux hôtel italien, où sa sœur et son beau-frère l’ont embarquée de force à la suite d’une séparation.
Pauline détective : meurtre au soleil
Dépressive la Pauline ? Que nenni. L’ex est vite oublié alors que tous les signes d’une mort criminelle sont là, avec le départ impromptu d’une pensionnaire friquée, jouée dignement par Michèle Moretti, que rien ne prédestinait à filer à l’aube, un beau matin. Pas question alors pour celle qui s’imagine le monde en gros titres sensationnels partout, de s’adonner aux bains en piscine de luxe ou de fricoter avec les beaufs autour d’un bon repas ; sa came à elle, c’est le Cluedo en chair et en os. C’est mieux d’ailleurs, s’il y en a (des os) dans le placard ! A ce jeu du chat et de la souris, “Kiberlain détective fonce dans son obsession, sans se soucier de ceux qui l’entourent : le commerce du crime avant tout. De la curiosité déplacée, mais aussi, allez, de bonnes intentions quand même. Loin de nous, l’image d’un personnage odieux qui nous irriterait le poil ; Kiberlain rend les idées fixes de Pauline totalement attachantes quand elles ne sont pas loufoques.
Pour mettre en scène cette investigation que n’aurait pas reniée Pascal Thomas, le réalisateur Marc Fitoussi (Les Apparences, 2020) ose diriger des comédiens comiques qui n’ont aucun scrupule (Audrey Lamy en vedette de soap opéra bon marché qui joue la diva des palaces jubile ; elle aussi, c’est un sacré numéro) et dilue ses images dans des filtres de couleurs qui rendent le visionnage aussi acidulé qu’une délicieuse sucrerie dont on se délecte avec un plaisir coupable.
Les tribulations de Pauline, aussi légères soient-elles, amusent beaucoup, charment. La pétillante comédie s’achève sur une fin ouverte afin d’envisager un Pauline Détective 2. Pas de bol, avec 114 061 entrées, l’échec a été cuisant et l’idée d’une franchise mourut dès la réception des premiers chiffres. Le distributeur comptait sur les succès récents de Kiberlain (Mademoiselle Chambon, Les femmes du 6e étage, Un balcon sur la mère, Le petit Nicolas) pour amortir les risques. Malheureusement, le box-office est une science opaque qui n’a pas toujours le sens de l’humour. Affaire classée.