La légion saute sur Kolwezi : la critique du film (1980)

Historique, Film de guerre | 1h40min
Note de la rédaction :
4/10
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La légion saute sur Kolwezi, l'affiche

  • Réalisateur : Raoul Coutard
  • Acteurs : Jacques Perrin, Giuliano Gemma, Mimsy Farmer, Laurent Malet, Bruno Cremer, Pierre Vaneck, Joseph Momo
  • Date de sortie: 09 Jan 1980
  • Nationalité : Français
  • Titre original : La légion saute sur Kolwezi
  • Titres alternatifs : Operation Leopard (titre international) / Operación Leopardo (Espagne) / Comandos: Operação Leopardo (Portugal) / Legia skacze na Kolwezi (Pologne) / Commando d'assalto (Italie) / Laskuvarjolegioona iskee (Finlande) / Operação Leopardo (Brésil)
  • Année de production : 1979
  • Autres acteurs : Robert Etcheverry, Jean-Claude Bouillon, Gérard Essomba, Laure Moutoussamy, Patricia Lavidange, Jean-Paul Richepin, Pierre Rousseau, Yan Brian
  • Scénariste : André-Georges Brunelin d'après le roman de Pierre Sergent
  • Directeur de la photographie : Georges Liron
  • Compositeur : Serge Franklin
  • Monteur : Michel Lewin
  • Producteurs : Gérard Beytout et Georges de Beauregard
  • Sociétés de production : BELA - FR3 et Société Nouvelle de Cinématographie (SNC)
  • Distributeur : Groupement des Editeurs de Films (GEF) - CCFC
  • Éditeurs vidéo : UGC Vidéo (VHS) / Vidéofilms (VHS) / Opening (DVD, 1999) / Studiocanal (DVD, 2008) / Studiocanal (blu-ray, 2020)
  • Dates de sortie vidéo : 6 novembre 1999 (DVD) / 22 avril 2008 (DVD) / 1er octobre 2020 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 599 609 entrées / 151 379 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Budget : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.66:1 / Couleurs (Eastmancolor) / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique René Ferracci © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : Studiocanal © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attaché(e) de presse : Claude Le Gac
Note des spectateurs :

La légion saute sur Kolwezi est non seulement un mauvais film de guerre, mais aussi une œuvre de propagande au service d’une vision colonialiste typique de la Françafrique. A éviter.

Synopsis : Mai 1978. Des rebelles katangais venant de Zambie et d’Angola attaquent la garnison zaïroise, s’emparent de la ville et l’isolent du reste du monde. Trois mille coopérants européens et américains sont pris en otages et menacés à tout moment d’un massacre collectif.

Une œuvre qui se veut dans la lignée des films de Pierre Schoendoerffer

Critique : Directeur de la photographie de la Nouvelle Vague, Raoul Coutard a travaillé non seulement avec Jean-Luc Godard ou encore François Truffaut, mais il s’est également lié d’amitié avec le cinéaste Pierre Schoendoerffer avec il a collaboré sur La 317ème section (1965) et Le crabe-tambour (1977). A l’occasion de ces tournages, Raoul Coutard a fait ainsi connaissance avec Bruno Cremer et Jacques Perrin qu’il parvient à convaincre de le suivre dans l’aventure de La légion saute sur Kolwezi (1980), son deuxième long-métrage après son film sur l’Indochine intitulé Hoa-Binh (1970) tourné dix ans auparavant.

Le thème colonial est encore au centre de ce second film du célèbre chef opérateur puisqu’il est directement adapté du livre éponyme écrit par Pierre Sergent et édité en 1979. Ce dernier évoque dans son bouquin les événements intervenus au Zaïre en 1978, détaillant notamment l’opération militaire menée par la France pour tenter de libérer les otages français des mains d’une faction katangaise particulièrement déterminée et violente. Si l’on ne s étonnera pas du choix d’un tel sujet opéré par Raoul Coutard, on peut davantage se poser la question de la présence au générique de Jacques Perrin, plutôt connu pour ses opinions de gauche.

Un film “historique” dépourvu de la moindre contextualisation

Effectivement, l’auteur du livre Pierre Sergent n’est pas un inconnu et son curriculum vitae comprend notamment une condamnation à sept ans de prison pour avoir été l’un des chefs d’orchestre de l’OAS (Organisation Armée Secrète) lors de la guerre d’Algérie. Au début des années 80, au moment de la publication de son livre, il est déjà un compagnon de route du Front National de Jean-Marie Le Pen. Et de fait, cela imprime fortement la vision qui est donnée de l’Afrique dans le bouquin, et par extension dans le film.

Sans doute un peu gêné par le contexte historique qui entoure cette opération de sauvetage, Raoul Coutard se contente dans La légion saute sur Kolwezi (1980) de décrire par le menu les préparatifs de l’opération, ainsi que le déroulement objectif des faits. Rien qui soit condamnable, mais l’absence de contextualisation demeure problématique pour qui souhaite approfondir la période. Ainsi, il n’est jamais fait mention dans le film du dirigeant du Zaïre, à savoir le dictateur Mobutu qui a vendu les ressources naturelles de son propre pays au profit des Européens, et notamment de la France de Giscard d’Estaing par le biais de la Françafrique.

La légion saute sur Kolwezi, un prospectus pour la Françafrique ?

Lorsque l’on visionne de nos jours ce film dit historique, le spectateur assiste donc surtout à une œuvre propagandiste qui tient à mettre en valeur le courage des légionnaires et des militaires français (ce qui est d’ailleurs incontestable sur une telle opération), sans chercher à expliquer les raisons de la rébellion katangaise, et encore moins à dénoncer les pratiques néo-colonialistes de la France et de la Belgique.

Déjà pas mal desservi par ce point de vue partial et biaisé, La légion saute sur Kolwezi n’est malheureusement pas uniquement mauvais pour sa dangereuse absence de réflexion, car il s’agit aussi d’une œuvre cinématographique de piètre tenue. On a d’ailleurs du mal à croire que l’un des meilleurs techniciens français de l’époque puisse être à l’origine de plans aussi pauvres sur le plan visuel. Ainsi, Raoul Coutard livre une réalisation tout juste digne d’un téléfilm, avec une caméra fixe et d’une lourdeur incommensurable.

Tout paraît faux devant la caméra de Raoul Coutard et même des acteurs chevronnés se vautrent dans la médiocrité d’un timbre récitatif. Les pauvres Jacques Perrin et Pierre Vaneck n’ont tout bonnement rien à jouer et les deux seuls qui s’en sortent finalement avec les honneurs sont Bruno Cremer – que l’on voit trop peu – et surtout le jeune espoir Laurent Malet qui se donne à fond malgré la pauvreté des dialogues à débiter.

Après la guerre froide, découvrez la guerre molle!

Alors que le métrage est plutôt court, il paraît terriblement long par l’incapacité du cinéaste à insuffler du rythme à ses images. Même les séquences guerrières semblent mollassonnes et insignifiantes, ce qui est un comble pour un film de guerre. On a souvent l’impression que personne n’y croit vraiment. Avec sa musique électronique peu inspirée, ses images assez pauvres et ses décors dépouillés, La légion saute sur Kolwezi fait donc plutôt pitié et l’on ne peut sauver de cet ensemble peu passionnant que quelques séquences efficaces de massacres de civils européens.

Sorti dans une combinaison assez large de 22 écrans à Paris et en périphérie, le film de guerre a d’abord attiré 56 394 spectateurs, ce qui représente moitié moins de chalands que La femme flic (Boisset) qui passionnait les foules la même semaine pour son lancement dans 21 cinémas (103 826).  Un score peu exaltant qui en fait une mauvaise surprise. L’autre déception de la semaine était Météor, blockbuster catastrophe qui ouvre en 2e place, avec 70 338 spectateurs dans la plus grosse combinaison du moment à Paris-Périphérie (27 écrans). Echec en revanche en 13e place pour le duo Roger Coggio / Elisabeth Huppert (20 271 entrées dans 15 salles), avec C’est encore loin l’Amérique.

Dans une combinaison identique, La légion s’écroule déjà à 36 250 nationalistes en deuxième semaine, puis perd la moitié de son parc d’exposition en troisième septaine (21 948 candidats supplémentaires) et passe péniblement la barre des 100 000 spectateurs. Au bout d’un mois, le pamphlet colonial expire doucement avec 12 978 nostalgiques de plus. La légion saute sur Kolwezi s’éteint donc avec 151 379 parachutistes à son bord.

Un écho plus favorable en province

Sur la France entière, le film de guerre démarre avec 115 624 légionnaires dans les salles durant sa semaine de sortie. Durant la deuxième semaine, le métrage franchit tout juste la barre des 200 000 entrées, mais le bouche-à-oreille n’est pas bon et les tickets vendus fondent comme neige au soleil. Il faut attendre un mois pour atteindre les 300 000 billets.

Pourtant, le deuxième film de Raoul Coutard semble avoir davantage séduit la province, car il a tourné pendant plusieurs mois en glanant des entrées semaine après semaine. Ainsi, fin février, la légion franchit la barre des 400 000 tickets déchirés, puis le métrage est relancé au début du mois de mars 1980 lui permettant d’arriver à dépasser les 500 000 entrées à la fin du mois. Ils furent ainsi 599 609 patriotes à venir soutenir l’armée et la légion dans leur effort de propagande.

Par la suite, La légion saute sur Kolwezi a fait l’objet de plusieurs sorties en vidéo (VHS, DVD et même blu-ray), souvent dans des éditions chiches en suppléments et dans des copies moyennes.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 9 janvier 1980

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La légion saute sur Kolwezi, l'affiche

© 1979 Studiocanal / Affiche : René Ferracci. Tous droits réservés.

Biographies +

Raoul Coutard, Jacques Perrin, Giuliano Gemma, Mimsy Farmer, Laurent Malet, Bruno Cremer, Pierre Vaneck, Joseph Momo

Mots clés

L’Afrique au cinéma, Le colonialisme au cinéma, Film historique

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La légion saute sur Kolwezi, l'affiche

Bande-annonce de La légion saute sur Kolwezi

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