Bruno Cremer a connu une belle carrière au théâtre, à la télévision et au cinéma, où il a été dirigé par Schoendoerffer, Chéreau, Friedkin, Sautet, Brisseau, Ozon…
De la « bande du Conservatoire » aux personnages ténébreux et ambigus
Né à Paris de parents belges, Bruno Cremer est formé au Conservatoire, dans la promotion de Belmondo, Rochefort, Marielle, Rich, Girardot, et autres jeunes acteurs qui font partie de la « bande du Conservatoire ». Il entame en 1952 une carrière théâtrale, de Richard II de Shakespeare, mis en scène par Jean Vilar au TNP (1953) à Après la répétition de Bergman, mis en scène par Louis-Do de Lencquesaing au théâtre de la Renaissance (1997), en passant par des collaborations avec Jean Le Poulain, Michel Bouquet ou Jean Anouilh. Bruno Cremer débute au cinéma en 1952, et à la télévision six ans plus tard. Au grand écran, il incarne des petits rôles pendant plus de dix ans, avant de partager l’affiche avec Jacques Perrin dans La 317e section (1965) de Pierre Schoendoerffer, où son personnage de l’adjudant Willsdorf est resté dans les mémoires.
On le voit ensuite dans d’autres rôles de militaire ou policier, colonel Rol-Tanguy dans Paris brûle-t-il ? (1966) de René Clément, capitaine dans Biribi (1971) de Daniel Moosman, ou commissaire dans Les suspects (1974) de Michel Wyn. Interprétant plutôt des personnages inquiétants ou ambigus, Bruno Cremer est prêtre dans L’étranger (1967) de Luchino Visconti, séquestreur dans Le viol (1967) de Jacques Doniol-Valcroze, et anarchiste dans La bande à Bonnot (1968) de Philippe Fourastié. Il est aussi à l’aise en avocat communiste dans L’attentat (1972) d’Yves Boisset qu’en éleveur de chevaux poursuivi par des truands dans La chair de l’orchidée (1975) de Patrice Chéreau ou en ennemi public n° 1 dans L’alpagueur de Philippe Labro.
Un acteur complet et éclectique
Il a aussi l’honneur de faire partie casting du futur film culte Le convoi de la peur (1977) de William Friedkin, même si le métrage est un échec commercial à sa sortie. Il incarne ensuite l’ex-mari de Romy Schneider dans Une histoire simple (1978) de Claude Sautet. Dans les années 80, Bruno Cremer continue à alterner premiers et seconds rôles, grosses productions et films d’auteur, sous la direction d’Edouard Niermans, José Giovanni, Daniel Duval, Christopher Frank ou Alexandre Arcady. Il est le commandant du Matelot 512 (1984) pour René Allio, le policier sadomasochiste d’À coups de crosse (1984) de Vicente Aranda, ou l’amateur d’art dans Tenue de soirée (1986) de Bertrand Blier.
Bruno Cremer devient aussi un fidèle de Jean-Claude Brisseau pour Un jeu brutal (1983), De bruit et de fureur (1988) et surtout Noce blanche (1989), dans lequel il interprète le professeur de philosophie tombant amoureux de son élève (Vanessa Paradis). L’acteur incarne ensuite le commissaire Maigret dans une série télévisée très populaire (1991-2005). Il tourne encore huit films de 1990 à 2003, père de famille dans Tumultes (1990) de Bertrand Van Effenterre et Un vampire au paradis (1992) d’Abdelkrim Bahloul, ou époux disparu de Charlotte Rampling dans Sous le sable (2001) de François Ozon.