Je le jure : la critique du film (2025)

Drame, Film de procès | 1h50min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Je le jure, l'affiche

  • Réalisateur : Samuel Theis
  • Acteurs : Louise Bourgoin, Saadia Bentaïeb, Marina Foïs, Serge Bozon, Sophie Guillemin, Julien Ernwein, Marie Masala, Emmanuel Salinger
  • Date de sortie: 26 Mar 2025
  • Année de production : 2024
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Je le jure
  • Titres alternatifs :
  • Autres acteurs : Micha Lescot, Hedi Zada, Claude Aufaure, Rachid Yous, Souleymane Cissé, Abibatou Koné
  • Scénaristes : Samuel Theis, Gilles Marchand, Marcia Romano
  • Monteurs : Nicolas Desmaison, Esther Lowe
  • Directeur de la photographie : Jonathan Ricquebourg
  • Compositrice : Maud Geffray
  • Cheffe maquilleuse : Marine Tesson
  • Cheffe décoratrice : Mila Preli
  • Directeur artistique :
  • Productrice : Caroline Bonmarchand
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : Avenue B Productions, France 3 Cinéma
  • Distributeur : Ad Vitam Distribution
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Budget :
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals : Festival des Arcs 2024 : en avant-première
  • Nominations :
  • Récompenses :
  • Illustrateur/Création graphique : © Leroy & Rose. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Avenue B Productions, France 3 Cinéma. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Tony Arnoux, Pablo Garcia-Fons
  • Tagline :
  • Franchise :
Note des spectateurs :

Brillant film sur la justice française, Je le jure confirme le talent de Samuel Theis par sa capacité à décrire la complexité de chaque être humain dans une forme d’empathie nécessaire à l’heure de l’hystérisation des débats sur le proportionnalité des peines.

Synopsis : À quarante ans, Fabio se laisse porter par le courant. Un peu largué, il trouve du réconfort dans l’alcool. Et un peu auprès de Marie, de vingt ans son aînée, avec qui il entretient une relation secrète. Un jour, il reçoit une convocation pour être juré d’assises, il va devoir juger un jeune pyromane accusé d’homicide involontaire.

Le troisième volet d’une trilogie informelle ?

Critique : Pour son troisième long métrage de fiction, Samuel Theis souhaitait boucler une manière de trilogie consacrée à la Moselle après les excellents Party Girl (2014) et Petite nature (2021). Toutefois, il voulait aussi se confronter au sous-genre du film de procès afin d’en détourner les principaux codes. Ainsi, dès le départ, le statut du coupable est établi de manière claire puisque celui-ci a déjà été jugé et condamné. Faisant appel de la décision, un nouveau procès se tient, non pas pour savoir si l’accusé est coupable, mais pour déterminer la peine juste.

Je le jure, affiche Julien Ernwein

© Avenue B Productions, Ad Vitam Distribution. All Rights Reserved.

Par ce biais narratif, Samuel Theis évacue habilement toute forme de suspense généralement lié au genre et préfère s’intéresser au mécanisme complexe de la justice française, à ses usages et à son protocole extrêmement codifié, généralement très mal connus du grand public français, davantage familiarisé avec le système judiciaire américain par la profusion de films hollywoodiens sur le sujet (voir le récent Juré n°2 de Clint Eastwood, par ailleurs très intéressant également).

Juré n°22

Afin de mieux comprendre le mécanisme du jugement, Samuel Theis a retenu la leçon apprise du chef d’œuvre 12 hommes en colère (Sidney Lumet, 1957) en suivant les vies personnelles cabossées de quelques-uns des jurés. Le spectateur prend donc connaissance du taiseux Fabio, homme du peuple qui n’a pas l’habitude de s’exprimer en public et qui entretient une relation amoureuse avec Marie, une femme plus âgée que lui d’une bonne vingtaine d’années. Il n’était pas facile de pousser le spectateur à s’identifier à un protagoniste aussi secret et ambigu, mais Samuel Theis y parvient parfaitement.

Pour cela, il a fait confiance à deux acteurs non professionnels formidables, à savoir Julien Ernwein dont on se demande ce qu’il dissimule derrière cette allure impassible si ce n’est une fêlure personnelle qui restera à jamais tue et Marie Masala, femme âgée qui n’ose demander un engagement plus affirmé de la part d’un amant qu’elle dévore pourtant des yeux. De l’aveu du cinéaste, ces personnages sont inspirés de la destinée de son propre frère, ce qui octroie une véracité certaine à cette relation encore peu vue au cinéma, du moins dans ce sens (un homme plus jeune attiré par une femme mûre). Leur couple fonctionne parfaitement à l’écran.

Un film humaniste, et non à thèse

En ce qui concerne les autres personnages, tous trimbalent un vécu différent – Louise Bourgoin en médecin progressiste qui vit une relation toxique, Micha Lescot en prof de collège qui en veut aux minorités que l’on excuse trop à son goût – et finissent par transposer une part de leur vie dans le cas de Jean-Charles Fadil, pyromane dont les actes ont entrainé la mort d’un pompier (joué par le non professionnel Souleymane Cissé, à ne pas confondre avec le célèbre cinéaste homonyme). Avec une attention de chaque instant aux différents personnages (y compris la juge très posée jouée avec sobriété par Marina Foïs), Samuel Theis signe assurément un grand film sur la justice, et plus particulièrement sur l’idée de la juste peine.

Je le jure, affiche Souleymane Cissé

© Avenue B Productions, Ad Vitam Distribution. All Rights Reserved.

Il rappelle au passage les problèmes non résolus de la surpopulation carcérale, de l’errance de la psychiatrie en France ou encore des préjugés racistes qui minent notre société. Toutefois, il ne fait jamais de Je le jure un film à thèse par l’intelligence de l’écriture dont il fait preuve. Tout passe par le destin des personnages et non par des phrases sentencieuses. Il n’a donc pas à rougir face à son modèle qu’est le film séminal de Sidney Lumet évoqué plus haut.

Une sortie polluée par une affaire judiciaire embarrassante

Malheureusement, ce très joli film qui entend réintroduire la notion de complexité de l’être humain dans une société française où les jugements péremptoires polluent les plateaux d’infos en continu et les réseaux sociaux est entaché par une affaire judiciaire qui l’a percuté de plein fouet. Effectivement, accusé d’agression sexuelle par un technicien, le cinéaste Samuel Theis a été contraint par ses producteurs de diriger la fin de son film depuis une pièce isolée du reste de l’équipe, avant que la post-production ne lui échappe.

Placé depuis en tant que témoin assisté, Samuel Theis a donc été totalement écarté de la promotion de son propre film, tourné dès 2023, mais sorti en catimini fin mars 2025 sans grand renfort de publicité par le distributeur Ad Vitam, visiblement bien embarrassé par ce métrage ayant pourtant reçu des échos favorables de la presse. Je le jure mérite d’être vu par un grand nombre de cinéphiles qui y retrouveront toute la sensibilité d’un réalisateur encore sous le coup de la présomption d’innocence à l’heure où ces lignes sont rédigées.

Lire notre article sur cette sortie particulière ici

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 26 mars 2025

© 2024 Avenue B Productions, France 3 Cinéma / Affiche : Leroy & Rose. Tous droits réservés.

Biographies +

Samuel Theis, Louise Bourgoin, Saadia Bentaïeb, Marina Foïs, Serge Bozon, Sophie Guillemin, Julien Ernwein, Marie Masala, Emmanuel Salinger

Mots clés

Cinéma français, Films de procès, Les faits divers au cinéma

Trailers & Vidéos

trailers
x
Je le jure, l'affiche

Bande-annonce de Je le jure

Drame, Film de procès

x