Box-office : Je le jure de Samuel Theis lâché par tous ? La réflexion sur les rouages de la machine judiciaire par l’un de nos auteurs les plus talentueux sort discrètement dans les salles entachée d’une accusation de VHSS.
C’est en plein procès Gérard Depardieu que le drame judiciaire Je le jure sort dans les salles. Un moment forcément embarrassant pour son distributeur Ad Vitam puisque le cinéaste, Samuel Theis est visé par une accusation de violence sexuelle depuis juillet 2023.
Le réalisateur que l’on connaît pour les formidables Party Girl et surtout Petite nature, son chef d’œuvre, était particulièrement engagé dans la lutte contre les violences et harcèlements sexistes et sexuels. En tant qu’acteur, Samuel Theis avait d’ailleurs tenu un rôle essentiel dans la Palme d’or cannoise, Anatomie d’une chute.
Dans ce contexte, le distributeur et les producteurs du film ont affiché une volonté de transparence absolue pour accompagner l’équipe du film, les journalistes, les exploitants et le public. A toutes les étapes de la création du film, de sa post-production, de la promotion du film, et de son exploitation en salle, Avenue B Productions et Ad Vitam Distribution ont essayé de contextualiser une situation complexe, avec notamment la mise en place d’une note explicative. On notera que le distributeur a plutôt caché le film au public jusqu’à présent au lieu d’essayer de lui bâtir une réputation solide via des avant-premières qui auront été très rares.
© Avenue B Productions, Ad Vitam Distribution. All Rights Reserved.
Je le jure plébiscité par la critique
La critique a plutôt adhéré au film, dont la thématique rappelle celle de Juré N°2 de Clint Eastwood, mais les exploitants sont restés à distance, avec seulement 108 copies pour sa première semaine, malgré un casting comprenant Marina Fois ou Louise Bourgoin. Petite nature, pourtant sans vedettes, avait pu en obtenir 110. Party Girl, fort de sa Caméra d’or avait séduit 191 exploitants. Je le jure aurait pu prétendre à plus de 170 salles.
Les spectateur ont pour l’instant totalement boudé Je le jure. Avec 3 456 entrées pour le mercredi de sa sortie, avec seulement 32 spectateurs par écrans. Il obtient la même moyenne qu’un documentaire sur la tauromachie, Tardes de Soledad (2 018 entrées dans 63 salles, hors avant-premières!), loin des autres nouveautés qui disposaient de beaucoup plus d’écrans Les condés (17 849 entrées dans 284 salles), Novocaine (13 014 entrées dans 425 salles), 100 millions (11 770 entrées dans 403 salles), Lire Lolita à Téhéran (8 853 entrées dans 174 salles). Même le film asiatique Le joueur de go a vendu 6 100 tickets dans une combinaison double de 219 salles !
Le sentiment d’un gâchis côtoie celui de l’espoir. Les regrets de ne pas avoir pu faire connaître l’œuvre en amont de sa sorti s’accompagnent de la réalité artistique et humaine de l’œuvre. Je le jure possède les éléments qui pourraient lui permettre d’exciter le bouche-à-oreille. Les échos du public sont à cette heure excellents !