Hamburger Hill : la critique du film (1988)

Film de guerre, Historique | 1h50min
Note de la rédaction :
6/10
6
Affiche du film Hamburger Hill

  • Réalisateur : John Irvin
  • Acteurs : Don Cheadle, Steven Weber, Courtney B. Vance, Dylan McDermott, Tim Quill
  • Date de sortie: 10 Fév 1988
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Hamburger Hill
  • Titres alternatifs : La colina de la hamburguesa (Espagne) / A Colina dos Heróis (Portugal) / Viet Nam: La colina del infierno (Pérou) / Hamburger Hill - Collina 937 (Italie) / 937: Posición de combate (Colombie) / La colina de la muerte (Argentine)
  • Année de production : 1987
  • Scénariste : James Carabatsos
  • Directeur de la photographie : Peter MacDonald
  • Compositeur : Philip Glass
  • Société(s) de production : RKO Pictures
  • Distributeur (1ère sortie) : AAA
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Vestron Vidéo (VHS) / Metropolitan Vidéo (DVD et blu-ray, 2011)
  • Date de sortie vidéo : 3 mai 2011 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 163 585 entrées / 49 584 entrées
  • Box-office nord-américain : 13,8 M$ (33.6 M$ au cours ajusté de 2021)
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs et Noir et Blanc / Son : Dolby Stéréo
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Philippe pour l'agence Tactics (affiche de 1988)
  • Crédits : RKO Pictures
Note des spectateurs :

A mi-chemin entre le film de guerre immersif et un certain classicisme, Hamburger Hill manque d’un réalisateur avec une vision de cinéma pour transcender son script assez basique, mais loin d’être inintéressant.

Synopsis : L’histoire vraie de l’assaut donné par la 101e division aéroportée américaine pour prendre la colline 937, dite colline Hamburger, durant la guerre du Vietnam.

La guerre du Vietnam, sujet sensible des années 80

Critique : Au cours des années 80, de nombreux films ont traité du traumatisme de la guerre du Vietnam. Certains réalisateurs ont privilégié une approche plus artistique comme Francis Ford Coppola (Apocalypse Now, 1979) ou Stanley Kubrick (Full Metal Jacket, 1987) ; d’autres ont tenté l’immersion totale au cœur des combats comme Oliver Stone (Platoon, 1986). Enfin, au milieu de cette vague de films de guerre sérieux et viscéraux, de très nombreuses séries B se sont engouffrées dans la brèche à la suite du triomphe rencontré par Rambo (Kotcheff, 1982) et surtout sa suite Rambo 2 : la mission (Cosmatos, 1985), dont la saga des Portés disparus avec l’inénarrable Chuck Norris.

Hamburger Hill, jaquette blu-ray

© 1987 RKO Pictures / © 2011 Metropolitan Vidéo. Tous droits réservés.

Au cœur de cette déferlante, Hamburger Hill (1987) se trouve quelque peu à la croisée des chemins en essayant d’être le plus réaliste possible dans sa description d’une opération militaire qui a bien existé – la bataille sanglante pour prendre la colline 937 au mois de mai 1969 – tout en étant réalisé selon des critères esthétiques et thématiques « à l’ancienne ». Écrit comme Platoon par un ancien combattant de la guerre – ici le vétéran James Carabatsos qui venait de scénariser Le maître de guerre pour Clint EastwoodHamburger Hill souhaite plonger le spectateur en pleine horreur des combats dans une expérience qui se veut viscérale et immersive. Toutefois, la première demi-heure qui permet de présenter les différents membres de l’unité ressemble davantage à s’y méprendre à un traditionnel film de guerre issu des années 40-50.

Hamburger Hill, une autre vision du classicisme

On a ainsi le droit à l’arrivée des bleus qui se font chahuter par les anciens, tandis que tous les clichés du genre sont convoqués, avec par exemple les virées entre mâles au bordel, les inévitables tensions au sein du commandement et les entrainements permettant de s’aguerrir. On a même le droit au gars qui n’a plus que quelques jours à tirer, mais va être envoyé sur une zone de combat particulièrement difficile, la fameuse colline 937 (nommée ainsi à cause de sa hauteur). Légitimement, on peut donc regretter l’usage un peu trop intensif de ces clichés, d’autant plus que la réalisation carrée, mais très impersonnelle de John Irvin ne parvient jamais à sublimer les limites du script.

Heureusement, certains éléments interpellent le spectateur et l’on apprécie notamment toutes les notations sur le racisme ambiant au cœur d’un bataillon où beaucoup d’Afro-américains sont représentés, juste reflet d’une terrible réalité socio-économique. Rappelons que bon nombre des soldats envoyés en première ligne étaient surtout issus de la classe ouvrière (dont beaucoup de Noirs). On aime également les petites notations sur l’ambiance délétère qui secouait alors les États-Unis, à travers les lettres et courriers envoyés par les familles. Ainsi, l’auteur évoque les mouvements contestataires des hippies dans les campus et condamne d’ailleurs au passage le manque de soutien de la part de la population américaine, ainsi que la responsabilité des médias dans l’impopularité de cette guerre.

Hamburger Hill se place toujours à hauteur de soldat

Certes, on sent bien de la part de l’auteur une amertume et un positionnement plutôt à droite de l’échiquier politique américain. Mais Hamburger Hill a le mérite de rappeler ce contexte historique, tout en demeurant respectueux envers les jeunes hommes qui se sont sacrifiés dans une guerre qui les dépassait totalement. Contrairement à la Seconde Guerre mondiale où le sentiment général était celui d’une défense du monde libre contre la dictature, la guerre du Vietnam est surtout un conflit périphérique entre deux puissances cherchant à dominer le monde à travers ce que l’on a appelé la guerre froide. Le mérite de Hamburger Hill est de ne jamais mépriser le peuple vietnamien qui se bat pour une cause, mais de chanter les louanges de tous ceux qui ont combattu vaillamment, même pour un but absurde.

Réalisé de manière très classique par John Irvin (qui avait déjà à son actif un film du même genre avec Les chiens de guerre en 1980, et venait tout juste de tourner Le contrat avec Arnold Schwarzenegger), Hamburger Hill s’appuie sur une bande de jeunes comédiens plutôt convaincants, dont certains ont ensuite fait de belles carrières, tels que Don Cheadle, Dylan McDermott ou encore Courtney B. Vance. Même si certains protagonistes ne dépassent pas le stade archétypal, d’autres parviennent à construire de vrais personnages que l’on aime suivre dans leur enfer quotidien.

Des choix formels qui amoindrissent la portée du film

C’est d’ailleurs la reconstitution pointilleuse de cette bataille étonnante, tournée aux Philippines (située sur un terrain en pente, avec quelques tranchées à prendre, comme lors de la Première Guerre mondiale) qui fait tout le prix de ce long-métrage agréable à suivre, à défaut d’être totalement prenant. Il faut finalement attendre la scène finale pour qu’une réelle émotion commence à pointer le bout de son nez grâce au jeu intériorisé, mais brillant, du jeune Tim Quill. Le reste est davantage centré sur l’action, les fusillades meurtrières, ainsi que les arrosages de la zone à coup d’explosifs, au risque d’ailleurs de tuer par erreur des soldats américains.

On peut toutefois regretter que John Irvin n’utilise pas suffisamment la partition composée par Philip Glass. Comme à son habitude, le compositeur livre une bande musicale en boucle qui tranche avec les habitudes d’un genre plus martial. Visiblement peu à l’aise avec cette musique à contre-courant, John Irvin a privilégié une approche plus classique en incluant de nombreuses chansons d’époque, jusque sur des images d’hélicoptères, comme dans Apocalypse Now. Finalement, Hamburger Hill souffre assurément du manque d’audace d’un réalisateur qui n’a jamais réussi à transcender le moindre sujet. Ce film de guerre intéressant est pourtant l’un de ses meilleurs travaux.

Un échec commercial international

Sorti dans un parc raisonnable de 814 cinémas sur le territoire américain, Hamburger Hill (1987) a assurément souffert de l’omniprésence de films du même genre et n’a rapporté que 4,9 millions de dollars lors de sa semaine de sortie fin août 1987. Le métrage a terminé sa carrière avec 13,8 M$ (33.6 M$ au cours ajusté de 2021) dans sa besace pour une 83ème place annuelle.

Même constat d’échec sur le territoire français puisque Hamburger Hill débarque à la 11ème place du box-office parisien la semaine de sa sortie (le 10 février 1988) avec 25 238 combattants. La semaine suivante est catastrophique avec une perte de plus de 50 % des entrées (12 760 survivants supplémentaires). Sur la France entière, Hamburger Hill n’arrive la semaine de sa sortie qu’en 14ème place avec 60 248 soldats. Ils sont quasiment moitié moins nombreux la semaine suivante (38 362 supplémentaires). Mi-mars, la messe est dite pour le long-métrage qui termine sa carrière haché menu avec 163 585 tickets vendus.

Depuis, le film a été très largement oublié, même s’il existe bien une édition DVD et Blu-ray diffusée par Metropolitan Vidéo au début des années 2010.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 10 février 1988

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Affiche du film Hamburger Hill

© 1987 RKO Pictures / Affiche : Tactics (agence) – Philippe (affichiste). Tous droits réservés.

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Affiche du film Hamburger Hill

Bande-annonce de Hamburger Hill (VO)

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