Huitième opus de la franchise, Halloween : résurrection est un nanar improbable qui constitue l’un des pires segments de l’increvable saga. Tout bonnement déplorable.
Synopsis : « Dangertainment », une émission de Real TV, réunit 6 adolescents pour passer une nuit entière dans la maison d’enfance de Michael Myers, le légendaire tueur en série. Grâce à des caméras, leurs moindres faits et gestes sont diffusés en direct sur Internet. Mais le programme vire vite au film d’horreur… car Michael Myers s’invite à la fête.
Comment réactiver Michael Myers pour la huitième fois ?
Critique : En 1998, le revival de la saga Halloween a été un carton inespéré au box-office américain et même mondial. Effectivement, Halloween, 20 ans après, il revient (Steve Miner, 1998) qui voyait le retour à l’écran de Jamie Lee Curtis dans le rôle de Laurie Strode a généré plus de 73 millions de dollars dans le monde, soit l’équivalent de 136 460 000 $ au cours du dollar de 2024. Un beau pactole pour un budget réduit.
La firme Dimension Films (filiale horrifique de Miramax, des frères Weinstein) allait donc nécessairement mettre en chantier une suite. Mais un problème de taille se pose aux scénaristes puisque Michael Myers a été décapité dans le septième volet. Or, le tueur implacable n’est pas censé être une entité indestructible comme son compère Jason Voorhees de la franchise Vendredi 13. Certains exécutifs du studio ont d’abord proposé de réutiliser le nom de la franchise sans faire intervenir Michael Myers, mais le producteur historique de la saga Moustapha Akkad s’y est farouchement opposé. Il se souvenait notamment du désarroi des spectateurs à la découverte d’Halloween 3 : Le Sang du sorcier (Tommy Lee Wallace, 1982) dont le concept était très éloigné du slasher d’origine.
Exit Laurie Strode et bienvenue à des protagonistes têtes à claques
Finalement, les scénaristes Larry Brand et Sean Hood proposent une solution alternative en clôturant définitivement l’arc narratif autour de Laurie Strode – puisque Jamie Lee Curtis ne voulait pas jouer dans cette suite initialement – et en introduisant de nouveaux personnages afin de relancer d’éventuelles suites. Pour plaire au public jeune qui commence déjà à se lasser du néo-slasher revitalisé par le succès de Scream (Wes Craven, 1996), les différents intervenants cherchent à réorienter le huitième épisode vers un style plus en phase avec son temps.
Comme Le Projet Blair Witch (Daniel Myrick, Eduardo Sánchez, 1999) vient de triompher, on va injecter une bonne dose de found footage dans le film, à base de caméra hystérique et d’images crades. Mais au début des années 2000, la grande tendance est aussi à la télé-réalité. Donc, les auteurs n’ont rien trouvé de mieux que de créer une fictive émission diffusée sur internet où les participants sont filmés dans la maison d’un ancien serial-killer. Et qui de mieux que ce bon Michael Myers pour inaugurer le programme ?
Rick Rosenthal se fourvoie dans les grandes largeurs
Ces décisions à but purement mercantile vont avoir un impact redoutable sur Halloween : résurrection (2002) que l’on pourrait plutôt intituler Halloween : profanation, tant le métrage est une injure à l’intelligence des spectateurs. Et ce n’est pas le nom de Rick Rosenthal au générique qui nous rassure, même s’il fut autrefois le réalisateur du très bon Halloween 2 (1981) et de Bad Boys, les mauvais garçons (1983). Depuis longtemps passé à la télévision, le cinéaste n’a finalement jamais surpassé son travail des années 80.
Halloween : résurrection débute par une explication totalement absurde et incohérente visant à justifier le retour de Michael Myers. Toutefois, malgré une esthétique déjà à la peine, les premières séquences dans l’hôpital psychiatrique peuvent encore vaguement faire illusion. On se dit que Rick Rosenthal reprend sa thématique favorite puisque son Halloween 2 orchestrait un jeu du chat et de la souris au sein d’un hôpital. On est également satisfaits de retrouver Jamie Lee Curtis, même si elle n’a ici pas grand-chose à jouer. Malheureusement, son personnage est bassement exécuté en moins d’un quart d’heure afin de clore cet arc narratif pourtant essentiel à la franchise. Une fois le sort de Laurie Strode entériné, il ne reste plus qu’à introduire de nouveaux personnages.
Halloween : résurrection ou comment flinguer la carrière cinéma du rappeur Busta Rhymes
A partir de là, le long-métrage propose sans aucun doute l’histoire la plus insipide possible, menée par des jeunes acteurs mal dirigés et, pire, dans une ambiance urbaine qui constitue un pur contresens par rapport à la franchise. Exit le beau thème musical de John Carpenter pour faire place à une compilation de RnB qui fait saigner les oreilles. Dépourvu de la moindre tension, Halloween : résurrection n’a tout bonnement aucun scénario à illustrer. Dès lors, Rick Rosenthal enchaîne les scènes de bavardages entre personnages tous plus transparents les uns que les autres. On se contrefiche très rapidement de leur destin, d’autant que les différents meurtres sont visuellement bâclés.
Avec son esthétique crade et ses couleurs pisseuses, Halloween : résurrection pâtit d’une réalisation digne des pires nanars vidéo des années 90. Multipliant notamment les ralentis d’une laideur à faire peur, le cinéaste s’appuie un peu trop sur le jeu outré de Busta Rhymes, rappeur à la mode destiné à attirer le jeune public américain en salles. Son interprétation est tout bonnement déplorable, voire franchement risible, faisant de ce huitième opus un authentique nanar qui déclenche le rire moqueur en lieu et place des frissons attendus. Le final en mode kung-fu du pauvre vient enterrer définitivement une œuvre qui se place aisément parmi les pires rejetons de la saga.
Halloween : résurrection est surtout une déception commerciale
Le public de l’époque a vite compris l’arnaque et ce huitième épisode n’a généré que 30 354 442 $ (soit 51 320 000 $ au cours de 2024) et seulement 37 659 652 $ (soit 63 680 000 $ au cours de 2024) si l’on compte l’international. On est ici à moins de la moitié par rapport à l’opus précédent qui avait coûté à peu près la même somme.
La déception fut totale en France où le slasher a retrouvé les niveaux habituels de la saga. Ainsi, sa sortie sur 232 copies le 30 octobre 2002 n’a guère convaincu le jeune public qui a préféré se rendre en masse voir Dragon rouge (Brett Ratner, 2002) qui était le troisième volet, par ailleurs raté, des aventures d’Hannibal Lecter. Il faut dire que le film avec Anthony Hopkins était proposé dans 600 salles. Il a atteint la première place du box-office de la semaine pendant que notre Halloween : résurrection s’est contenté d’une triste 17ème place hebdomadaire avec seulement 79 954 victimes. Visiblement déçus par le nanar, les ados ont déserté les salles en deuxième semaine avec seulement 23 868 retardataires.
Le film sorti par le jeune distributeur TFM (union de TF1 et de Miramax entre 2001 et 2010) n’a guère performé et termine sa course avec dans sa besace 108 189 égarés qui se sont faits arnaquer. Depuis, le film est sorti en VHS, DVD et blu-ray, trainant derrière lui la réputation désastreuse qu’il mérite grandement, à savoir celle de l’un des pires segments d’une franchise qui sera réactivée une fois de plus par le très bon remake de Rob Zombie en 2009.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 30 octobre 2002
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Jamie Lee Curtis, Rick Rosenthal, Busta Rhymes, Bianca Kajlich
Mots clés
Franchise Halloween, Slasher, Les tueurs fous au cinéma