Effacer l’historique : la critique du film (2020)

Comédie, Satire sociale | 1h46min
Note de la rédaction :
6/10
6
Effacer l'historique : affiche

  • Réalisateur : Benoît Delépine Gustave Kervern
  • Acteurs : Benoît Poelvoorde, Jean Dujardin, Denis Podalydès, Bouli Lanners, Michel Houellebecq, Philippe Rebbot, Vincent Lacoste, Corinne Masiero, Gustave Kervern, Denis O’Hare, Jackie Berroyer, Vincent Dedienne, Blanche Gardin
  • Date de sortie: 26 Août 2020
  • Nationalité : Français, Belge
  • Titre original : Effacer l'historique
  • Titres alternatifs : Delete History (titre international) / Borrar el historial (Espagne) / Apaga o Histórico (Portugal) / Wykasuj historię (Pologne) / Imprevisti digitali (Italie) / Online für Anfänger (Allemagne) / Apagar o Histórico (Brésil)
  • Année de production : 2020
  • Scénariste(s) : Benoît Delépine, Gustave Kervern
  • Directeur de la photographie : Hugues Poulain
  • Compositeur : -
  • Société(s) de production : Les Films du Worso, No Money Productions, France 3 Cinéma, Scope Pictures, Pictanovo
  • Distributeur (1ère sortie) : Ad Vitam
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Ad Vitam (DVD)
  • Date de sortie vidéo : 9 décembre 2020
  • Box-office France / Paris-périphérie : 528 845 entrées / 137 175 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleurs / Son : Stéréo
  • Festivals et récompenses : Berlinale 2020 : prix spécial Ours d'argent du 70e anniversaire / Festival international du film de Transylvanie 2020 : film de clôture / 1 nomination aux César 2021 : Meilleur scénario original pour Benoît Delépine et Gustave Kervern
  • Illustrateur / Création graphique : Photos : Mondino / Design : Benjamin Seznec pour Troïka
  • Crédits : Les Films du Worso, No Money Productions, France 3 Cinéma
Note des spectateurs :

Effacer l’historique est une comédie grinçante et cruelle qui dénonce l’emprise des GAFAM sur nos vies. Toutefois, le rythme est inégal et l’ensemble ne fait pas toujours mouche.

Synopsis : Dans un lotissement en province, trois voisins sont en prise avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Il y a Marie, victime de chantage avec une sextape ; Bertrand, dont la fille est harcelée au lycée ; et Christine, chauffeur VTC dépitée de voir que les notes de ses clients refusent de décoller. Ensemble, ils décident de partir en guerre contre les géants d’internet.

Le duo Delépine-Kervern part en guerre contre les GAFAM

Critique : Partis initialement d’un scénario qui suivait les pas d’un seul personnage, les compères Benoît Delépine et Gustave Kervern ont choisi de raconter l’aventure collective de trois protagonistes différents après le mouvement des Gilets jaunes. Ainsi, Effacer l’historique intègre ce mouvement social spontané lancé à partir du mois d’octobre 2018 et qui a marqué la France durant de longs mois. Les deux complices, toujours engagés dans une forme de lutte contre la mondialisation capitaliste, s’en prennent cette fois-ci directement aux GAFAM (les géants du numérique que sont Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft). Ils montrent à quel point nous sommes devenus totalement dépendants – et donc complices – de sociétés multinationales qui possèdent un pouvoir quasiment illimité sur nos vies.

Effacer l'historique, photo d'exploitation 1

© 2020 Les Films du Worso – No Money Productions. Tous droits réservés.

Durant la première partie de la comédie, Delépine et Kervern décrivent le quotidien de trois personnages qui ne s’en sortent plus et ont espéré un changement au moment du mouvement d’occupation des ronds-points. On trouve parmi eux l’excellente Blanche Gardin qui n’a jamais travaillé et se retrouve sans un sou après le départ de son mari et son fils de quinze ans. Elle vivote ainsi en vendant la plupart de ses meubles sur Le Bon Coin. Son voisin incarné par Denis Podalydès est un quadragénaire qui élève seul son adolescente de fille, harcelée à l’école et sous le coup d’un chantage à la vidéo humiliante par des camarades peu scrupuleux. Lui-même est endetté jusqu’au cou par des crédits à la consommation. Enfin, Corinne Masiero joue une femme totalement accro aux séries télévisée et qui survit en étant VTC.

Une présentation des personnages chaotique, au rythme heurté

A la suite d’un chantage à la sextape qui touche le personnage de Blanche Gardin, les trois compères décident de s’attaquer directement aux responsables de leur malheur, à savoir les GAFAM et leurs installations (les fameux Data Centers, lieux de stockage des données numériques). Il est important de préciser que la présentation des différents personnages occasionne des moments de flottement dans la narration. Ainsi, il faut un certain temps au long-métrage pour qu’une ossature narrative apparaisse vraiment.

L’accumulation de petites saynètes, parfois drôles, parfois très cruelles, et souvent les deux en même temps (l’unique scène avec Benoît Poelvoorde en est un parfait exemple dans le malaise qu’elle sait instaurer), a tendance à ne pas faire corps. De même, un léger problème de rythme, sans doute lié au montage, rend le spectateur quelque peu extérieur aux malheurs de ces victimes du système. On a alors la désagréable impression de se retrouver face au ratage du Grand soir (2012), métrage le plus faible du duo à ce jour, d’autant que son esthétique des ronds-points et autres zones pavillonnaires est identique.

Une seconde partie plus dynamique et mieux charpentée

Heureusement, à la moitié du métrage, la colonne vertébrale du script commence à se faire jour, reprenant la thématique développée dans l’excellent Louise-Michel (2008), à savoir la quête absurde et impossible du responsable de tous les malheurs des personnages. Dès lors, Effacer l’historique trouve progressivement son rythme et son ton. On aime particulièrement l’aventure américaine de Blanche Gardin qui donne lieu à des gags sous la ceinture très drôles. Parallèlement, la quête de Denis Podalydès qui le mène à l’île Maurice touche par sa résolution glaciale. Enfin, Corinne Masiero manie la tronçonneuse avec une certaine prestance. La folie de son personnage lui convient parfaitement.

Effacer l'historique, photo d'exploitation 2

© 2020 Les Films du Worso – No Money Productions. Tous droits réservés.

Très pessimistes quant à l’évolution actuelle du monde vers toujours plus de déshumanisation et de dématérialisation, les deux auteurs placent toutefois encore quelques espoirs dans le collectif et les sentiments humains, pour peu qu’ils soient débarrassés de toute pollution numérique. Pour cela, Delépine et Kervern ont développé une esthétique froide, parfois à la lisière de la science-fiction. Ils se sont surtout appuyés sur un formidable trio d’acteurs dont Blanche Gardin qui semble abonnée aux rôles traitant du numérique après son sketch dans Selfie (collectif, 2019) et #Jesuislà (Lartigau, 2019). Elle est assurément l’élément comique moteur du film.

Un petit succès de l’été 2020, miné par la pandémie

Comédie engagée, mais inégale et parfois bancale, Effacer l’historique a tout de même reçu un prix spécial (Ours d’argent du 70e anniversaire) lors du Festival de Berlin en 2020. Devant sortir dans la lancée de Berlin, au début du printemps, le film est repoussé à la fin du mois d’août 2020 en raison du grand confinement, durant un été placé sous le signe de la crise sanitaire. Dans un contexte de désaffection totale du public, on peut considérer son résultat de 528 845 entrées sur toute la France comme un succès. Certes, bien loin des espoirs des auteurs et du distributeur, ce score place le long-métrage en 29ème place annuelle. Mais il s’inscrit finalement dans la droite ligne des résultats récents des deux compères de Groland.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 26 août 2020

Acheter le film en DVD

Voir le film en VOD

Effacer l'historique : affiche

© Ad Vitam

Trailers & Vidéos

trailers
x
Effacer l'historique : affiche

Bande-annonce d'Effacer l'historique

Comédie, Satire sociale

x