Daaaaaalí! : la critique du film (2024)

Comédie | 1h18min
Note de la rédaction :
7,5/10
7,5
Daaaaaali, l'affiche

  • Réalisateur : Quentin Dupieux
  • Acteurs : Romain Duris, Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Edouard Baer, Anaïs Demoustier, Marie Bunel, Jonathan Cohen, Sandrine Blancke, Jean-Marie Winling, Marc Fraize, Jérôme Niel, Didier Flamand, Agnès Hurstel
  • Date de sortie: 07 Fév 2024
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Daaaaaalí!
  • Titres alternatifs : -
  • Année de production : 2023
  • Autres acteurs : Boris Gillot, Nicolas Carpentier, Tom Dingler
  • Scénariste : Quentin Dupieux
  • Monteur : Quentin Dupieux
  • Directeur de la photographie : Quentin Dupieux
  • Compositeur : Thomas Bangalter
  • Chef maquilleur : -
  • Chef décorateur : Joan Le Boru
  • Directeur artistique : Joan Le Boru
  • Producteurs : Mathieu Verhaeghe, Thomas Verhaeghe
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : Atelier de Production, France 3 Cinéma
  • Distributeur : Diaphana Distribution
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : -
  • Date de sortie vidéo : -
  • Budget : 6 700 000 euros
  • Box-office France / Paris-Périphérie : entrées / entrées
  • Box-office nord-américain / monde : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur / Son : 5.1
  • Festivals : Mostra de Venise 2023 : hors compétition
  • Nominations : -
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Check Morris. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Atelier de Production - France 3 Cinéma. All Rights Reserved. Tous droits réservés.
  • Attachée de presse : Monica Donati
  • Tagline : -
Note des spectateurs :

Aboutissement d’une œuvre déjà profuse, Daaaaaalí! est sans doute le meilleur opus de Quentin Dupieux tant il parvient à rendre hommage au peintre surréaliste, tout en ne trahissant jamais son propre cheminement esthétique. A découvrir l’esprit ouvert.

Synopsis : Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.

Dupieux et le surréalisme, une longue histoire d’amour

Critique : Tourné dans la foulée de son plus beau succès personnel, le très bon Yannick (2023), Daaaaaalí! permet au cinéaste loufoque Quentin Dupieux de rendre hommage à l’un des artistes les plus emblématiques du 20ème siècle. Pour le réalisateur, il ne s’agissait aucunement de succomber aux sirènes du biopic académique, mais bien de confronter son propre univers cinématographique à l’une des figures majeures du surréalisme. Afin de bien signifier au spectateur qu’il ne verra pas un biopic classique, Quentin Dupieux a offert le rôle de Salvador Dali à six acteurs différents. Là encore, hors de question pour le réalisateur de signifier le passage des années puisque les comédiens se succèdent dans le désordre le plus total, parfois d’un plan à l’autre, sans aucune raison apparente.

On l’aura compris, le spectateur n’apprendra strictement rien de l’histoire du peintre espagnol en visionnant Daaaaaalí!, mais il se retrouvera plongé dans un univers totalement barré que n’aurait sans doute pas désavoué le magistral peintre surréaliste. Effectivement, grand adepte de la provocation, Dali entendait faire de sa personne une œuvre d’art permanente. Toujours en train de proclamer son génie, l’artiste exploitait les médias afin de donner une image totalement folle de sa personnalité excentrique.

Dali est incarné par six acteurs différents

C’est donc l’esprit de Dali qu’entend capturer Quentin Dupieux, tout en le confrontant avec ses propres obsessions d’artiste. Ainsi, le long-métrage évoque en filigrane la création d’un documentaire impossible à réaliser. Et le réalisateur revient ainsi sur une dimension qui innerve l’intégralité de son œuvre, à savoir l’imposture qui se dissimule derrière chaque tentative artistique. Ici, il se moque du milieu du cinéma où les producteurs – excellent Romain Duris – peuvent être à la fois sympathiques et odieux, en fonction de leurs intérêts immédiats.

Daaaaaali, photo d'exploitation

© 2023 Atelier de Production – France 3 Cinéma. Tous droits réservés.

De son côté, la journaliste novice qui ne parvient pas à concrétiser son envie d’un entretien historique avec l’insaisissable peintre est interprété avec talent par une Anaïs Demoustier d’un beau naturel. Sa démarche maladroite pour atteindre l’artiste génial, ainsi que ses multiples bourdes sont vectrices de comédie, tout en faisant pitié dans son incapacité apparente à concrétiser ce projet. Face à elle, les six interprètes différents de Dali s’en donnent à cœur joie dans le cabotinage, avec deux mentions particulières pour Edouard Baer et Jonathan Cohen. Bien entendu, il ne s’agit pas de dévaluer la prestation des autres, mais au petit jeu des préférences, on sent bien une corrélation directe entre la folie du personnage et les deux comédiens précités.

Le film dans le film, dans le film, dans le film, dans le film…

Toutefois, il est important de signaler aux spectateurs les moins habitués à l’univers barré de Quentin Dupieux que Daaaaaalí! s’inscrit pleinement dans son esthétique personnelle. On retrouve donc quelques références au maître surréaliste, mais le film fait surtout songer à l’excellent Réalité (2014) par la multiplication des mises en abîme, à tel point qu’on ne sait plus du tout où on se situe en tant que spectateur. Dans Daaaaaalí!, les différents niveaux de réalité sont enchâssés les uns dans les autres et l’on finit par ne plus savoir quand le rêve fait place à la réalité, quand on est dans un film ou dans le monde réel, et ainsi de suite. La temporalité est également malmenée, à tel point que deux Dali peuvent apparaître dans le même plan, avec des dizaines d’années d’écart.

Le délire est donc total, enclenchant ainsi la mécanique du rire. Effectivement, on adore des séquences absurdes comme celle de la pluie de chiens morts ou encore l’interminable rêve du prêtre (très bon Éric Naggar) dont on ne semble jamais voir la fin. Jouant sans cesse avec la distorsion temporelle (excellente séquence inaugurale du couloir de l’hôtel), Quentin Dupieux se plaît à utiliser toutes les ressources du cinématographe pour s’amuser et nous régaler d’un esprit malicieux et délicieusement effronté.

Une durée ramassée, en totale harmonie avec un objet ovniesque

Pour une fois, la faible durée du métrage s’accorde parfaitement avec le projet qui ne pouvait fonctionner trop longtemps. Daaaaaalí! constitue donc l’une des plus éclatantes réussites du cinéaste qui a trouvé ici le sujet idéal pour laisser libre cours à sa fantaisie, tout en livrant une œuvre aboutie et cohérente dans son projet artistique total. On saluera donc cette belle liberté qui est rehaussée par une photographie agréable à l’œil et par la ritournelle entêtante composée par Thomas Bangalter (un des deux Daft Punk).

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 7 février 2024

Daaaaaali, l'affiche

© 2023 Atelier de Production – France 3 Cinéma / Affiche : Check Morris. Tous droits réservés.

Biographies +

Quentin Dupieux, Romain Duris, Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Edouard Baer, Anaïs Demoustier, Marie Bunel, Jonathan Cohen, Sandrine Blancke, Jean-Marie Winling, Marc Fraize, Jérôme Niel, Didier Flamand, Agnès Hurstel

Mots clés

Festival de Venise 2023, Comédie décalée, La peinture au cinéma

 

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Bande annonce de Daaaaaali!

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