Comment voler un million de dollars est une comédie mineure illuminée par la présence d’Audrey Hepburn. Le gage d’un divertissement séduisant.
L’argument : Charles Bonnet possède une impressionnante collection d’art, dont il vend parfois quelques pièces à d’autres amateurs. Seul problème, les œuvres sont en fait d’ingénieuses imitations. Par défi et orgueil, il accepte de prêter une somptueuse statuette à un musée : la Vénus de Cellini. Ce qu’il ignore, c’est que la fameuse statuette va faire l’objet d’une expertise. Sa fille, inquiète, décide de régler l’affaire à l’aide d’un séduisant inconnu, qu’elle prend pour un voleur mais qui est en réalité un détective privé.
Comment voler un million de dollars, des stars pour un résultat juste divertissant
Notre avis : Après L’obsédé (1965), brillant huis clos angoissant, William Wyler s’accorde une pause à la case comédie. Il en profite pour retrouver Audrey Hepburn, son interprète mythique de Vacances romaines (1953), considérée aujourd’hui comme une des meilleures comédies romantiques de l’histoire du cinéma, et de La rumeur qui a été un lourd échec mondial en raison de sa thématique adulte scandaleuse pour l’époque (les amours saphiques). Cet état de grâce ne se reproduit malheureusement pas avec ce nouvel opus pourtant tout à fait honorable, loin de la qualité de leurs précédentes collaborations.
Même si Comment voler un million de dollars se déroule intégralement en France dans des milieux riches et cultivés, cette comédie n’a pas la finesse des œuvres d’un Billy Wilder ou d’un Stanley Donen. L’humour y est plus évident avec des quiproquos en cascade et des réparties cinglantes, mais les ficelles du scénario sont parfois visibles et on n’est guère surpris dans un ensemble très balisé. Le réalisateur de Ben Hur est en fin de carrière (il s’arrêtera deux films plus tard, en 1970) et l’inspiration lui manque.
Pourtant, il n’est pas interdit de prendre du plaisir devant ce divertissement tout de même au-dessus de la moyenne. Tout d’abord parce que la réalisation de Wyler reste très professionnelle et efficace, ensuite parce qu’il est servi par d’excellents acteurs comme Hugh Griffith qui compose un beau personnage de bourgeois anarchiste. Enfin, le film est illuminé par la présence d’Audrey Hepburn qui arrive comme toujours à ensorceler le spectateur avec ses yeux de biche et ses tenues extravagantes. Tout le style Hepburn se trouve présent dans ce rôle qui lui va comme un gant : une classe folle mêlée à un charme espiègle. A ses côtés, Peter O’Toole a plus de mal à faire exister son personnage, éclipsé qu’il est par sa rayonnante partenaire.
Au final, le spectateur passe deux heures charmantes, sans s’ennuyer un seul instant, ce qui est déjà beaucoup. Les fans de la star sont donc ravis de la retrouver en pleine forme, dans une œuvre certes mineure, mais fort plaisante. Au box-office, le résultat est intéressant sans réitérer le triomphe du précédent film d’Hepburn, My fair Lady (1964) ou de Charade (1963), voire de Breakfast at Tiffany’s (1961).
Critique de Virgile Dumez