Un pistolet pour Ringo : la critique du film (1966)

Western | 1h38min
Note de la rédaction :
6/10
6
Un pistolet pour ringo Affiche cinéma

Note des spectateurs :

Ce premier Ringo est un honorable divertissement inaugurant la veine comique du western italien. Enlevé.

Synopsis : Sancho, à la tête d’un groupe de bandits mexicains, est blessé à l’issue d’un hold up. Lors de sa fuite, il se réfugie avec ses hommes dans un ranch dont il tient les occupants en otage. Après avoir fait boucler les lieux, le shérif fait appel à l’intrépide Ringo, un aventurier sans scrupules, pour s’introduire dans le ranch et libérer les otages…

Critique : Profitant de l’incroyable succès des westerns spaghettis de Sergio Leone, Duccio Tessari s’engouffre dans la brèche après avoir dynamité le péplum avec Les titans (1962) et livre une version très personnelle de l’Ouest américain. Osant s’éloigner des clichés en vigueur dans le cinéma américain, le réalisateur brise toutes les règles du genre et introduit de nombreux éléments de la Commedia dell’arte dans un film qui lorgne très souvent vers la comédie pure.

Un pistolet pour ringo DVD

© T.V.O.R. Paris. Tous droits réservés. / Propriété graphique 2004 Seven Sept.

Un héros comique au charme très latin

A mille lieues du personnage de justicier solitaire incarné par Clint Eastwood, Tessari et son acteur fétiche Giuliano Gemma créent au contraire une figure de héros sans scrupules, à l’évidente insolence et au bagout très latin. Embobinant tout le monde grâce à sa brillante faconde, Ringo est un séducteur qui parvient à mener sa barque malgré toutes les embûches rencontrées.

Et le western parodique est né…

Autant dire que le spectateur ne trouvera pas ici de grandes scènes émouvantes ou lyriques, comme dans bon nombre de westerns latins. Même si la musique est signée Ennio Morricone, Un pistolet pour Ringo est avant toute chose un divertissement basé sur une action soutenue et sur un humour plus ou moins léger. Ancêtre des films parodiques à la Terence Hill, Ringo initie donc la veine humoristique du western rital, avec un bonheur évident.

Un succès qui confirme le statut de star de Giuliano Gemma

On regrettera par contre le manque d’imagination du cinéaste, dont la mise en scène très appliquée ne dépasse jamais le stade d’un efficace, mais trop sage, artisanat. Malgré ces défauts évidents, le film a connu un important succès en Italie (plus de 5,6 millions d’entrées tout de même) et dans de nombreux pays permettant au cascadeur Giuliano Gemma de devenir la première star de western d’origine italienne – même s’il est encore crédité au générique sous le pseudonyme de Montgomery Wood. Il retrouva son metteur en scène fétiche dans la foulée afin de tourner une suite plus noire intitulée Le retour de Ringo (1965), qui n’entretient qu’un lointain rapport avec ce premier opus. La suite est d’ailleurs nettement supérieure, aussi bien sur le plan esthétique que thématique.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 3 août 1966

Les westerns spaghettis sur CinéDweller

Un pistolet pour Ringo affiche cinéma

Copyright Balcazar producciones Cinematograficas – Rizzoli Film – Produzioni Cinematografiche Mediterranee (PCM) / Illustrateur : Guy Gerard Noel.

Le test du blu-ray :

Artus Films complète sa collection de westerns européens avec l’un des premiers fleurons du genre qui nous revient avec une copie restaurée 2K et quelques suppléments inédits. A prendre.

Compléments & packaging : 3,5 / 5

Contrairement à sa suite Le retour de Ringo qui a eu les honneurs d’un superbe Mediabook comme on les adore chez l’éditeur, Un pistolet pour Ringo est publié dans la collection plus passe-partout d’Artus. Cela ne signifie pas un travail au rabais, mais un packaging plus simple avec un fourreau renfermant un digipack illustré des affiches américaine et espagnole. La présentation est assurément l’un des points forts de cette belle édition.

Sur la galette proprement dite, on peut retrouver un traditionnel entretien de 27 minutes avec Curd Ridel qui revient rapidement sur la rencontre entre Duccio Tessari et Giuliano Gemma. Il en profite aussi pour expliquer la genèse du film, puis évoque les trajectoires des différents acteurs du long métrage. L’ensemble est toujours aussi informatif. On préfère toutefois l’entretien croisé avec Lorella De Luca et Giuliano Gemma (20 min) qui se souviennent avec émotion de ce tournage qui fut apparemment heureux et agréable pour toute l’équipe. Enfin, l’éditeur propose un diaporama d’affiches et de photos d’exploitation, ainsi que la bande annonce du film.

L’image : 4 / 5

Rehaussé par une belle restauration en 2K (en fait d’après un scan 4K effectué en Italie en 2020), le master d’origine est absolument pimpant. La définition est excellente, tandis que la colorimétrie y gagne un aspect pastellisé fort agréable à l’œil. Toutefois, on signalera aussi la présence d’un certain grain d’origine qui est parfois assez visible, y compris sur des séquences très éclairées.

Le son : 4 / 5

L’éditeur nous propose deux pistes sonores PCM mono qui se valent en termes de dynamique et de précision. Certes, la piste italienne fait preuve d’un certain naturel, mais la française ne démérite pas avec un doublage de très bonne tenue et l’inimitable voix de Dominique Paturel donne un charme supplémentaire au jeu de Giuliano Gemma. Il est assurément le point fort auditif de cette version tout à fait recommandable. Quelques passages reviennent en VOstf car ils avaient été évincés du montage français. Cela n’est guère choquant et permet aux cinéphiles de profiter d’une version complète du long métrage. Signalons d’ailleurs que la précédente édition DVD de Seven 7 était dépourvue de VOST et cela constitue donc un apport non négligeable de cette nouvelle publication.

Test du blu-ray de Virgile Dumez

Un pistolet pour Ringo, jaquette blu-ray

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