Ce premier Ringo est un honorable divertissement inaugurant la veine comique du western italien. Enlevé.
Synopsis : Sancho, à la tête d’un groupe de bandits mexicains, est blessé à l’issue d’un hold up. Lors de sa fuite, il se réfugie avec ses hommes dans un ranch dont il tient les occupants en otage. Après avoir fait boucler les lieux, le shérif fait appel à l’intrépide Ringo, un aventurier sans scrupules, pour s’introduire dans le ranch et libérer les otages…
Critique : Profitant de l’incroyable succès des westerns spaghettis de Sergio Leone, Duccio Tessari s’engouffre dans la brèche après avoir dynamité le péplum avec Les titans (1962) et livre une version très personnelle de l’Ouest américain. Osant s’éloigner des clichés en vigueur dans le cinéma américain, le réalisateur brise toutes les règles du genre et introduit de nombreux éléments de la Commedia dell’arte dans un film qui lorgne très souvent vers la comédie pure.
Un héros comique au charme très latin
A mille lieues du personnage de justicier solitaire incarné par Clint Eastwood, Tessari et son acteur fétiche Giuliano Gemma créent au contraire une figure de héros sans scrupules, à l’évidente insolence et au bagout très latin. Embobinant tout le monde grâce à sa brillante faconde, Ringo est un séducteur qui parvient à mener sa barque malgré toutes les embûches rencontrées.
Et le western parodique est né…
Autant dire que le spectateur ne trouvera pas ici de grandes scènes émouvantes ou lyriques, comme dans bon nombre de westerns latins. Même si la musique est signée Ennio Morricone, Un pistolet pour Ringo est avant toute chose un divertissement basé sur une action soutenue et sur un humour plus ou moins léger. Ancêtre des films parodiques à la Terence Hill, Ringo initie donc la veine humoristique du western rital, avec un bonheur évident.
Un succès qui confirme le statut de star de Giuliano Gemma
On regrettera par contre le manque d’imagination du cinéaste, dont la mise en scène très appliquée ne dépasse jamais le stade d’un efficace, mais trop sage, artisanat. Malgré ces défauts évidents, le film a connu un important succès en Italie (plus de 5,6 millions d’entrées tout de même) et dans de nombreux pays permettant au cascadeur Giuliano Gemma de devenir la première star de western d’origine italienne – même s’il est encore crédité au générique sous le pseudonyme de Montgomery Wood. Il retrouva son metteur en scène fétiche dans la foulée afin de tourner une suite plus noire intitulée Le retour de Ringo (1965), qui n’entretient qu’un lointain rapport avec ce premier opus. La suite est d’ailleurs nettement supérieure, aussi bien sur le plan esthétique que thématique.
Critique de Virgile Dumez