Le retour de Ringo : la critique du film et le test du Mediabook (1967)

Western | 1h35min
Note de la rédaction :
8/10
8
Le Retour de Ringo affiche cinéma

Note des spectateurs :

Librement adapté de l’Odyssée d’Homère, ce western italien fait partie du haut du panier d’une production pléthorique. Indispensable.

Synopsis : De retour de la guerre de Sécession, Ringo retrouve sa ville sous la coupe réglée de bandits mexicains. Au milieu des habitants terrorisés et du shérif impuissant, il voit sa femme aux côtés du chef des bandits. À lui seul, Ringo va entreprendre la reconquête de la ville.

 Critique : Lorsque sort sur les écrans italiens Un pistolet pour Ringo (1965), le réalisateur Duccio Tessari était déjà en train d’écrire le script de son prochain western avec Fernando Di Leo basé sur le retour à Ithaque d’Ulysse dans l’Odyssée d’Homère. Rien de plus dissemblable que ce nouveau projet par rapport au film précédent, léger et primesautier. Rien ne laissait présager le triomphe obtenu par Un pistolet pour Ringo qui a cumulé plus de 5,6 millions d’entrées rien qu’en Italie. Dès lors, les producteurs ont immédiatement demandé à Duccio Tessari de changer le titre de son nouveau film et de l’appeler Le retour de Ringo, histoire de profiter de l’énorme popularité acquise par le personnage et par son interprète, le jeune Giuliano Gemma.

Une suite sombre, sans concession pour le retour de Ringo

Le retour de ringo G. Gemma

Copyright 2019 Artus Films

Fausse suite qui n’essaye même pas de prendre les atours du film précédent, Le retour de Ringo n’adopte ni le ton, ni le style de son prédécesseur. Bien plus sombre, sans aucune concession en matière de divertissement, le long-métrage est avant tout une variation autour de l’histoire d’Ulysse lorsque celui-ci revient dans sa patrie après un long périple et qu’il doit lutter pour récupérer sa femme et son fils (ici une fille). Marqué par la guerre de Sécession qui l’a éloigné de son foyer pendant des années, le personnage de Ringo est affublé d’un tic facial et de cicatrices qui caractérisent son traumatisme lié au conflit. Mutique et conçu davantage comme une figure christique, Ringo n’est plus ce protagoniste souriant et sautillant du premier opus, à tel point qu’on peut considérer cette suite comme un film à part, n’entretenant que peu de rapports avec son prédécesseur.

 

Ambiance fantastique et tragédie classique font bon ménage

Grâce à une musique emphatique d’Ennio Morricone, mais aussi à une superbe photographie de Francisco Marin, le film s’impose aisément comme l’un des chefs d’œuvre du western transalpin. Son ambiance soignée, son script intelligent qui sait recycler avec pertinence des thèmes de la tragédie classique et sa réalisation inspirée font du produit fini une impeccable réussite. Le casting est également parfaitement choisi avec un Giuliano Gemma au jeu sobre mais toujours juste, un Fernando Sancho à la gouaille communicative, un George Martin impérial en rival que l’on croirait sorti d’une aventure de Zorro et une Nieves Navarro magnifique en beauté fatale. Recyclant des thèmes européens, Duccio Tessari glisse également des références au Rio Bravo de Ford, tout en opérant quelques détours vers le cinéma fantastique, faisant du héros une sorte de mort-vivant venant hanter ceux qui ont survécu à la guerre.

Malgré sa noirceur et son aspect moins commercial, Le retour de Ringo fut un nouveau triomphe en Italie, ce qui a permis son exploitation en France en 1967 où il a même dépassé les résultats du premier opus. Nettement supérieure au premier épisode, cette fausse suite est avant tout une œuvre impressionnante qui s’est taillée au fil du temps une belle réputation au point d’être considérée à juste titre comme le meilleur film de son auteur.

Le test du Mediabook :

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Le retour de ringo Jaquette blu-ray

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Compléments & packaging : 4,5/5

Le Mediabook édité par Artus est de toute beauté grâce à la présence en son centre d’un livre d’une soixantaine de pages écrit par Lionel Grenier sur les rapports entre la mythologie et le western italien. Outre des analyses très pointues, l’auteur compare point par point le film de Duccio Tessari et l’œuvre d’Homère, par le biais de citations. L’objet est non seulement beau, mais pertinent et pointu. Un vrai bonheur de cinéphile.

Sur la galette proprement dite, on profite d’un entretien de 13min avec l’inévitable Curd Ridel, qui revient en détail sur les carrières respectives du réalisateur et des différents acteurs, avec sa science toujours aussi profuse. On sent à chaque instant son amour pour ce long-métrage. Ensuite, un autre document de 26min permet d’écouter Lorella De Luca et l’opérateur Sergio D’Offizi revenir sur leurs souvenirs du tournage. Les deux vantent les mérites du réalisateur, tout en insistant sur l’ambiance détendue instaurée sur le plateau par un homme sensible et attachant. Enfin, un diaporama nous livre de nombreuses affiches étrangères du film, tandis que la bande-annonce internationale vient clore la section bonus.

L’image du blu-ray : 4/5

Superbe restauration qui nous vaut quelques belles sensations esthétiques. Les couleurs sont pimpantes, la définition reste séduisante, même si un peu moins poussée que sur d’autres titres de la même collection. On notera toutefois le mauvais état du générique du début et de celui de fin. A part cela, la copie proposée est de toute beauté.

Le son du blu-ray : 3,5/5

La version française d’époque est plutôt correcte, même si elle a tendance à étouffer davantage les ambiances et la musique. On lui préfère de loin la version italienne où la musique se déploie sans retenue et où le vent souffle en permanence pour nous immerger dans une ambiance sombre et angoissante, comme dans un film d’horreur. Le résultat est de très bonne tenue, compte tenu des limites sonores de l’époque.

Critique du film et test Mediabook : Virgile Dumez

Les westerns spaghettis sur CinéDweller

Le retour de ringo affiche cinéma

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