Poliziottesco efficace et sérieux, Un flic voit rouge impose le comédien Franco Gasparri et son personnage de Mark pour un énorme succès transalpin mérité. A découvrir chez Artus Films.
Synopsis : Le commissaire Mark Terzi, de la brigade des stupéfiants de Milan, doit enquêter sur les activités de l’homme d’affaires Benzi, soupçonné d’être à la tête d’un trafic de drogue international. Aidé par un second, le flic aux méthodes expéditives et peu conventionnelles part se confronter à celui qui se dit intouchable.
Stelvio Massi, spécialiste du poliziottesco
Critique : En 1974, l’ancien directeur de la photographie Stelvio Massi a prouvé aux producteurs son savoir-faire en tant que cinéaste à part entière avec le poliziottesco Brigade volante (1974) interprété par Tomas Milian. Le polar connaît un beau succès commercial et Stelvio Massi est donc approché par la firme P.A.C. (Produzioni Atlas Consorziate) pour tourner un nouveau poliziottesco scénarisé par le grand Dardano Sacchetti : Un flic voit rouge (1975).
Toutefois, le but était cette fois de capitaliser sur l’énorme popularité du comédien Franco Gasparri, surtout connu du public féminin pour ses rôles dans les romans-photos à succès de la maison Lancio. Si l’acteur a encore rarement tourné des films, il est devenu une star grâce à son physique avantageux (un mélange entre Alain Delon et Clint Eastwood), sans avoir à bouger ou même s’exprimer.
Le défi : faire de Franco Gasparri un acteur crédible
Le défi pour le cinéaste était donc d’imposer un nouvel acteur qui soit crédible dans un film d’action. Comme son rôle est celui d’un flic taciturne et taiseux, les auteurs prenaient moins de risques. Et de fait, Franco Gasparri se tire plutôt bien de son rôle de flic célibataire, mais tombeur de ces dames, qui vit avec son vieux chien dans un appartement en désordre.
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Si la mode était alors au film de vigilante, on a surtout le sentiment que la source principale d’inspiration d’Un flic voit rouge se situe plutôt du côté de French Connection (William Friedkin, 1971). Effectivement, le long métrage nous conte la traque d’un gros bonnet de la drogue (charismatique Lee J. Cobb) par un policier qui ne s’embarrasse pas trop avec les subtilités de la loi.
De solides acteurs secondaires
Le commissaire Mark Terzi tire sans sommation, réalise des perquisitions sans mandat et agit même en dehors de la légalité lorsqu’il est mis à pied par son supérieur, le préfet interprété par le grand acteur de théâtre Giorgio Albertazzi. Pour l’aider dans sa mission, il dispose d’un collègue sympathique incarné par un Giampiero Albertini débonnaire. Enfin, Mark prend sous son aile une droguée – Sara Sperati, très correcte – sans jamais abuser de ses charmes, ce qui est à signaler dans les productions de l’époque.
Même si Un flic voit rouge n’est pas spécialement porté sur l’action, il comporte son lot de poursuites en voiture, de cascades et de morts violentes, sans faire étalage de gros dérapages bis. A part quelques traits d’humour pour détendre l’atmosphère, le métrage est plutôt sérieux dans son approche du genre et se veut respectueux de ses modèles américains. Stelvio Massi s’en sort plutôt bien, même si son usage habituel de la caméra à l’épaule peut fatiguer sur certaines séquences qui semblent un peu tournées à l’arrache.
Un triomphe italien qui a immédiatement initié une suite
Enfin, le polar bénéficie d’une très bonne bande son signée Stelvio Cipriani qui était décidément très à l’aise dans le poliziottesco. Egalement, il convient de saluer l’audace de son ultime scène de duel qui se termine par une image figée laissant le spectateur libre d’interpréter la fin du film. Clairement, il fallait l’oser. Cela ne semble pas avoir gêné le public italien de l’époque qui s’est rendu en masse dans les salles malgré une sortie nationale positionnée en plein mois d’août, généralement une période creuse pour le cinéma.
Le pari des producteurs a été tellement réussi qu’ils se sont fait une petite fortune avec Un flic voit rouge. Ils ont donc immédiatement commandé une suite intitulée Marc la gâchette (1975), avec la même équipe et sorti seulement quatre mois plus tard en Italie, en décembre 1975, connaissant à nouveau un succès majeur.
Ce très beau succès local a permis au film de débarquer dans les salles françaises à partir du 20 avril 1977, mais sans faire d’éclat car ne proposant aucune vedette vraiment identifiable pour le public français. Par la suite, le film est sorti en 1984 en VHS chez l’éditeur Delta Vidéo assorti d’une belle jaquette. Il faudra toutefois patienter jusqu’en 2025 pour que l’éditeur Artus Films propose le film et sa suite directe en DVD et blu-ray.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 20 avril 1977
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Biographies +
Stelvio Massi, Lee J. Cobb, Teodoro Corrà, Sara Sperati, Franco Gasparri, Giampiero Albertini, Giorgio Albertazzi
Mots clés
Cinéma bis italien, Poliziottesco, Les gangsters au cinéma, Vigilante movie, La drogue au cinéma, Artus Films