Limité par une réalisation trop académique, Tom Horn… Sa véritable histoire, l’avant-dernier film de Steve McQueen s’avère attachant par sa description nuancée de l’Ouest américain et sa condamnation sans appel de la peine de mort.
Synopsis : Un ancien éclaireur de renom est engagé par des éleveurs pour traquer les voleurs de bétail, mais se retrouve jugé pour le meurtre d’un garçon après avoir trop bien fait son travail. Tom Horn découvre que les compétences élémentaires qu’il possède ne lui sont d’aucun secours pour faire face aux ambitions des éleveurs et des fonctionnaires corrompus, alors que le progrès s’abat sur lui et sur le vieil Ouest.
Tom Horn, un projet porté entièrement par Steve McQueen
Critique : De retour sur grand écran après six ans de semi-retraite, l’acteur Steve McQueen revient en 1980 avec un projet qui lui tenait particulièrement à cœur, à savoir raconter les derniers mois de la vie de Tom Horn, ancien héros des guerres indiennes, devenu hors-la-loi et exécuté pour un crime qu’il n’a sans doute pas commis. Passionné par ce sujet, l’acteur est non seulement le producteur exécutif du film, mais il semblerait qu’il ait tourné une grande partie des scènes, après avoir congédié un nombre conséquent de réalisateurs.
Finalement signé William Wiard dont ce fut l’unique contribution au septième art (contre un nombre impressionnant d’épisodes télés pour des séries cultes comme Max la menace, Bonanza, Cannon ou Les rues de San Francisco), Tom Horn… Sa véritable histoire peut donc légitimement être considéré comme l’œuvre personnelle de Steve McQueen, secondé par de bons artisans pour la partie technique.
De l’Ouest sauvage au monde des affairistes
De manière assez inattendue, le western ici présent semble faire l’impasse sur plus de vingt ans d’évolution du genre pour revenir à sa forme la plus pure. Exit les délires baroques du western italien, de même que les excès de violence d’un Sam Peckinpah, Tom Horn s’inscrit dans la lignée de ces westerns progressistes des années 50 qui faisaient évoluer le genre tout en en respectant les codes. Ainsi, le métrage nous propose bien des chevauchées au milieu d’un bétail, des fusillades endiablées et même quelques duels fulgurants, mais en n’oubliant pas de traiter un sujet historique avec une vraie intelligence.
Prenant la suite de ces westerns des années 50, Tom Horn évoque les évolutions de l’Ouest américain à l’orée du 20ème siècle. D’abord terre de conquête dominée par des fines gâchettes sans foi ni loi, l’Ouest est peu à peu gagné par la civilisation moderne. Le personnage incarné avec justesse par un Steve McQueen physiquement épuisé incarne à merveille cet Ouest sauvage en voie de disparition. Incapable de s’adapter au monde moderne et à ses lois, le héros fatigué, par ailleurs bien plus sympathique que la bonne société locale, n’a plus sa place au milieu d’un univers normalisé et dominé par des hommes d’affaires.
Un plaidoyer contre la peine de mort
Progressivement marginalisé, l’ancien héros de guerre ne fait plus le poids face à la puissance des institutions. A la violence franche et directe de cet homme de main implacable, l’auteur oppose la froideur mécanique de la justice et de cette glaciale cérémonie qu’est la mise à mort d’un être humain. Si le film semble parfois un peu maladroit, notamment dans l’insertion de flashbacks inutiles, ou encore dans le développement de certains personnages secondaires, il s’avère remarquable lors de l’impeccable dernière séquence.
Tom Horn… Sa véritable histoire dépasse alors le temps d’une scène son statut de western classique un brin démodé pour devenir un vibrant plaidoyer contre la peine de mort. Avec une réalisation plus inspirée, ce long-métrage aurait sans doute pu devenir un grand film. En l’état, il n’est que le brouillon d’un chef d’œuvre qui ne verra jamais le jour.
Son échec commercial n’est en tout cas absolument pas mérité, même si Steve McQueen a finalement payé le fait d’arpenter les terres d’un genre considéré à la fin des années 70 comme moribond. La même année, Michael Cimino et sa Porte du paradis en ont, eux aussi, fait l’amère constatation, à un degré encore bien plus important.
Box-office français de Tom Horn
Sorti en France la semaine du 23 avril 1980, Tom Horn… Sa véritable histoire est proposé dans 19 salles à Paris et dans sa proche périphérie. Le métrage démodé doit affronter la comédie Je vais craquer!!! (François Leterrier) avec le populaire Christian Clavier. Mais il est surtout positionné sur le même créneau que Le cavalier électrique (Sydney Pollack) avec Robert Redford qui évolue sur 18 écrans. En première semaine, l’avantage est à la comédie française, mais Tom Horn se hisse en deuxième position du classement hebdomadaire avec 57 023 amateurs de films à l’ancienne. Redford, lui, doit se contenter de 48 179 clients.
En deuxième semaine, le Steve McQueen résiste assez mal avec 41 479 retardataires et une cinquième place. Il faut dire que la comédie Les sous-doués (Claude Zidi) débarque et emporte tout sur son passage. L’effondrement se confirme en troisième septaine avec une perte de salles pour laisser s’ébattre les nouveautés et 17 702 Parisiens. Le film dépasse désormais les 100 000 entrées dans la capitale. Fin mai 1980, Tom Horn a réuni autour de 130 000 Franciliens, tandis que ses chiffres français l’amènent à 424 909 tickets vendus.
Rapidement mis sur le marché de la cassette VHS par Warner, Tom Horn… Sa véritable histoire a été retitré Tom Horn, le hors la loi pour son exploitation vidéo. La nouvelle dénomination était sans doute jugée plus attractive pour le grand public qui a, depuis longtemps, oublié ce film académique, mais non dépourvu d’intérêt.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 23 avril 1980
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William Wiard, Steve McQueen, Geoffrey Lewis, Billy Green Bush, Richard Farnsworth, Linda Evans, Slim Pickens
Mots clés
Cinéma américain, L’injustice au cinéma, La peine de mort au cinéma