Maman très chère : la critique du film (1982)

Drame, Biopic | 2h09min
Note de la rédaction :
7/10
7
Maman très chère, l'affiche

  • Réalisateur : Frank Perry
  • Acteurs : Faye Dunaway, Rutanya Alda, Peter Jason, Diana Scarwid, Steve Forrest, Mara Hobel
  • Date de sortie: 27 Jan 1982
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Mommie Dearest
  • Titres alternatifs : Meine liebe Rabenmutter (Allemagne) / Queridísima mamá (Espagne) / Querida Mãezinha (Portugal) / Najdroższa mamusia (Pologne) / Mamita querida (Mexique) / Mammina cara (Italie) / Mamãezinha Querida (Brésil)
  • Année de production : 1981
  • Scénariste(s) : Robert Getchell, Tracy Hotchner, Frank Perry, Frank Yablans d'après le livre "Mommie dearest" de Christina Crawford
  • Directeur de la photographie : Paul Lohmann
  • Compositeur : Henry Mancini
  • Société(s) de production : Paramount Pictures
  • Distributeur (1ère sortie) : CIC
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : CIC Vidéo (VHS) / Paramount (DVD, 2003)
  • Date de sortie vidéo : 4 décembre 2003 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 43 554 entrées / 32 348 entrées
  • Box-office nord-américain : 19 M$ (soit 55,8 M$ ajustés à 2021)
  • Budget : 5 M$ (14,6 M de dollars ajustés à 2021)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : 5 Razzie Awards en 1982 : pires actrice et acteur dans un second rôle (Scarwid et Forrest), pire actrice dans un premier rôle (Dunaway), pire film, pire scénario / 1 Razzie Award en 1990 : Pire production de la décennie / 1 nomination aux Razzie Awards 2005 : Pire film dramatique des 25 dernières années
  • Illustrateur / Création graphique : Affiche française : Alain Bertrand
  • Crédits : © 1981 Paramount Pictures
Note des spectateurs :

Modèle absolu du film camp, Maman très chère est un biopic fou, totalement hystérique et porté par une interprétation excessive de l’ensemble du casting. A la fois drôle et tragique. Définitivement culte.

Synopsis : Les années 30. Joan Crawford est au sommet de la gloire cinématographique depuis plusieurs années. Mais le fait de ne pas être mère la rend malheureuse. Joan adopte ainsi une fille de deux mois, Christina, puis un petit garçon, Christopher. Mais, dans la vie comme à l’écran, Joan Crawford est avant tout une star et les vrais sentiments, ainsi que la chaleur maternelle, ne sont pas son fort et lui font même cruellement défaut…

Maman très chère, le livre choc de Christina Crawford

Critique : A la mort de la star Joan Crawford en 1977, sa fille adoptive Christina décide de sortir un livre intitulé Mommie Dearest où elle règle ses comptes avec cette mère abusive qui lui a fait un vivre un enfer. Il faut dire que les deux femmes avaient fini par mieux s’entendre, avant que Christina découvre que sa mère ne lui a rien légué. Cette révélation – qui donne lieu à l’excellente scène finale du film, particulièrement cruelle – a ravivé tous les souvenirs douloureux de la jeune femme qui a décidé de rendre cette histoire publique. On notera que le livre a immédiatement été un best-seller, écornant fortement l’image glamour de Joan Crawford.

Hollywood ne pouvait pas passer à côté d’un tel bouquin et un projet d’adaptation a rapidement vu le jour. Longtemps attachée au film, l’actrice Anne Bancroft finit par jeter l’éponge à cause de différends artistiques. Finalement, la star Faye Dunaway décide qu’elle est la personne idéale pour incarner Joan Crawford. Elle accepte le rôle en espérant obtenir un Oscar pour sa performance habitée. A la réalisation, Frank Perry est surtout connu pour ses films d’auteur audacieux des années 60 comme David et Lisa (1962), Le plongeon (1968) et Le journal intime d’une femme mariée (1970). Cela fait toutefois plusieurs années qu’il travaille à la télévision à cause d’une multitude d’échecs artistiques et commerciaux.

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Collection Paramount Presents © 2021 Paramount Pictures

Les Razzie Awards à la place des Oscars attendus

Si le tournage se passe globalement bien, l’intégralité de l’équipe a depuis témoigné du caractère épouvantable de Faye Dunaway, star connue pour ses caprices. Passant comme d’habitude de nombreuses heures au maquillage, l’actrice semble avoir eu une attitude méprisante envers l’ensemble de l’équipe. On imagine la terrible déconvenue de l’actrice au moment de la sortie du film qui s’est fait éreinter par la presse. Considéré par beaucoup de critiques comme un navet qui franchit à plusieurs reprises les frontières du ridicule, Maman très chère (1981) est nommé aux Razzie Awards qui récompensent les pires films de l’année. En 1982, Maman très chère décroche cinq Razzies dont celui du pire film, des pires acteurs et actrices secondaires, du pire scénario et de la pire actrice pour Faye Dunaway. Pire, le film décroche même le Razzie du pire film de la décennie en 1990.

Pourtant, assez rapidement, un culte commence à naître au sein de la communauté homosexuelle qui voit dans ce long-métrage un modèle du film camp (esthétique typiquement gay dont les quatre piliers sont : l’ironie, l’esthétisme, la théâtralité et l’humour). Ainsi, le long-métrage va obtenir progressivement un certain succès commercial aux Etats-Unis grâce à des séances où les spectateurs viennent munis de cintres et de hachettes qu’ils brandissent durant deux scènes essentielles du film, tout en récitant les dialogues. Comme le Rocky Horror Picture Show dans les années 70, le film devient donc l’objet d’un culte auprès de la communauté gay qui retrouve ici son goût immodéré pour les personnages féminins outranciers, les scènes grandiloquentes et une certaine forme d’humour fondé sur la méchanceté.

Un festival de scènes outrancières

Et de fait, même si les auteurs n’ont pas nécessairement eu conscience de cette orientation, Maman très chère est bel et bien un parfait modèle du film camp. Le long-métrage est ainsi célèbre pour les quelques scènes de pure hystérie où Faye Dunaway s’en prend avec rage à sa fille adoptive. Ces séquences s’avèrent tellement outrancières qu’elles ne peuvent que déclencher le rire, et ceci même si la maltraitance évoquée est bien évidemment douloureuse.

Véritable festival d’humiliations en tout genre, Maman très chère est une œuvre d’une incroyable méchanceté et qui fait de la star Joan Crawford un monstre. Lors de ces séquences hallucinantes, il faut oublier toute forme de subtilité ou de nuance puisque le jeu des acteurs est poussé au maximum. On peut citer la scène des cintres, le lavage du sol de la salle de bains, l’affrontement physique dans le salon ou encore le massacre des rosiers du jardin à coups de hachettes.

 

Le film vaut mieux que sa terrible réputation

Toutefois, il serait vraiment dommage de réduire le long-métrage à ses excès – réels et fort drôles au demeurant – puisque le film livre une vision plutôt caustique et ironique du système des studios hollywoodiens. Le cinéaste rappelle ainsi que les stars étaient totalement façonnées par les grands nababs et devaient se soumettre à leurs décisions, uniquement guidées par les chiffres du box-office. Toutefois, le métrage ne fait pas de Crawford une victime de ce système, mais plutôt une femme traumatisée par son enfance difficile et reproduisant sur ses enfants adoptifs les mauvais traitements de sa propre mère.

Si l’on excepte les passages hystériques, Maman très chère est avant tout le portrait d’une femme incapable d’aimer, ou plus exactement d’exprimer cet amour. Le personnage le plus intéressant, car le plus ambigu et donc complexe, est celui de la gamine. Incarnée à l’âge de dix ans par l’excellente Mara Hobel, puis adulte par Diana Scarwid, la pauvre Christina est sans cesse partagée entre son amour véritable pour cette mère et la réalité de sa vie quotidienne, malmenée par les fréquentes crises de folie d’une mère devenue alcoolique. C’est finalement cette relation douloureuse entre deux êtres incapables de se proclamer leur amour que l’on préfère retenir de ce long-métrage plutôt tragique, si l’on omet les passages plus décalés.

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Collection Paramount Presents © 2021 Paramount Pictures

Un film fou et décalé, à réévaluer dans cette optique

La réception catastrophique et moqueuse du film nous paraît donc très excessive. Effectivement, Maman très chère ne correspond pas aux canons académiques du film à Oscars et peut même se ranger dans la catégorie des films bis par ses séquences outrancières. Mais au moins, le long-métrage fait preuve de personnalité et ose repousser les frontières du bon et du mauvais goût avec une redoutable efficacité. Soyons honnêtes, on éprouvera toujours plus de plaisir à visionner ce film dingue qu’un énième produit à Oscars académique et bienveillant.

A sa sortie en France, Maman très chère n’est entrée qu’à la 17ème place du box-office parisien lors de sa semaine d’investiture (celle du 27 janvier 1982) avec seulement 16 128 curieux. On notera que certains films érotiques ont généré davantage d’entrées cette semaine-là. Sur la France entière, le métrage n’intègre même pas le top 30 la semaine de sa sortie. Il faut dire que le distributeur CIC ne lui a pas vraiment fait confiance à la suite de la réception américaine catastrophique. Editée une seule fois en VHS, puis en DVD, Maman très chère est donc une œuvre rare que l’on aimerait voir en Blu-ray, agrémentée de bonus qui seraient passionnants à découvrir.

Aux USA, pour les 40 ans du film, Paramount propose depuis le 2 juin 2021 une édition collector incluant de nombreux bonus inédits (plusieurs pistes de commentaires audio par la Drag Queen Hedda Lettuce ou, John Waters, et de nombreux documentaires), un packaging incluant l’affiche originale. Tous les titres édités en blu-ray de cette collection Paramount Presents profiteront du même traitement. Maman très chère en est le numéro 17. Pas de piste française, mais, selon le site Blu-ray.com, la galette peut être lue sur nos lecteurs français (Region Free).

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 27 janvier 1982

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Maman très chère, l'affiche

© 1981 Paramount Pictures / Affiche : Alain Bertrand. Tous droits réservés.

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Bande-annonce de Maman très chère (VO)

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