Délire kitsch et débordements sanglants sont au menu de ce Serial Lover qui vire au jeu de massacre. Film culte en puissance.
L’argument : Claire, à l’aube de ses trente-cinq ans, est amoureuse de trois hommes à la fois. Pour faire son choix, elle les invite tous à dîner chez elle, mais un accident transforme la soirée en un cauchemar sanglant.
Serial Lover, comédie déjantée qui fut un cruel échec en salles
Critique : Grâce au succès de Brice de Nice (2005), StudioCanal a décidé de sortir du placard et éditer en DVD ce premier film de James Huth. Il était temps puisque les fans de ce petit bijou d’humour décalé ont attendu plus de six ans une hypothétique sortie. Il faut dire que le film en question fut un cuisant échec au box-office avec seulement 183 562 entrées sur tout le territoire national. Le budget étant relativement conséquent pour cause de construction d’un décor imposant en studio, le métrage a été une bien mauvaise affaire pour ses producteurs.
Bien moins commercial que la comédie bas du front avec Dujardin, Serial Lover chasse plutôt sur les terres d’un Almodovar ou de John Waters, le titre faisant directement référence à son Serial Mother (1994). Les décors sont outrageusement kitsch, la musique de Bruno Coulais joue la carte du décalage constant avec les images et le réalisateur multiplie les cadrages biscornus pour renforcer l’étrangeté de son univers bariolé. Tous ces artifices mettent en évidence un humour déjanté, frôlant sans cesse l’absurde le plus total.
Un univers décalé, baignant dans des éclairages volontairement kitsch
Parmi les références évidentes du cinéaste, on peut également citer le film La Party (Edwards, 1968) où Peter Sellers détruisait un appartement entier par sa maladresse. Ce sommet du burlesque nous vient immédiatement à l’esprit durant le visionnage du long-métrage, ce qui est confirmé par les crédits du générique de fin où James Huth rend hommage à l’acteur dingue et à son metteur en scène.
Dans un rôle qui ne lui est pas si habituel, Michèle Laroque mène avec talent toute une troupe de joyeux lurons. Parmi eux, on trouve Albert Dupontel qui venait de rencontrer le succès avec sa première réalisation (le cultissime Bernie), mais aussi Michel Vuillermoz, ainsi que les Robins des Bois dans leur première apparition importante à l’écran.
Serial Lover ou l’amour du cinéma bis
Soit on entre en symbiose avec cet univers, soit on risque une indigestion sévère tant cette œuvre ne ressemble qu’à elle-même dans sa volonté de creuser toujours plus le décalage bis. Parions que les amateurs d’étrangetés cinématographiques y trouveront leur compte, tandis que les autres resteront à la porte de ce buffet froid assez jubilatoire. On notera d’ailleurs que le métrage a remporté quelques prix l’année de sa sortie (dont le Prix spécial du jury au festival du film de Paris, l’Audience Award au festival du film « Cinemania » de Montréal et le Prix FIPRESCI – mention spéciale festival international du film de Chicago), preuve supplémentaire du talent naissant d’un cinéaste qui nous a ensuite souvent déçus.
Le test DVD (édition de 2005) :
Le(s) supplément(s) : 3 / 5
On ne trouve pas grand-chose d’intéressant dans cette petite édition, à part un making of de dix-sept minutes sans aucun commentaire, ayant juste le mérite de nous montrer l’ambiance du tournage. Le reste des suppléments est constitué de petits modules où les acteurs et le metteur en scène s’amusent à rejouer leurs personnages. Amusant, mais un peu vain quand même. Par contre, on nous offre sur le DVD la bande originale de Bruno Coulais, initiative à saluer.
Image et son : 2 / 5
Le transfert est de bonne qualité pour un DVD datant de 2005. Toutefois, nos critères ont largement évolué depuis cette époque et l’ensemble propose une palette de couleurs assez éteinte, loin de la magnificence kitsch des images d’origine. La piste stéréo remplit son office sans problème, tandis que nos amis étrangers n’étant pas versés dans la langue de Molière ont la possibilité de visionner le film avec des sous-titres anglais.
Critique de Virgile Dumez