Troisième remake d’un film espagnol à succès, Retribution fait le job en matière de suspense et d’action, sans pour autant se démarquer des films précédents menés par Liam Neeson. Correct, mais prévisible.
Synopsis : Un homme d’affaires découvre qu’une bombe a été placée dans la voiture qu’il conduit par un assaillant inconnu. Ce dernier lui ordonne d’exécuter une série d’actions tout au long de la journée ou la bombe explosera… le tuant lui et sa famille.
Et pour un remake de plus…
Critique : En 2015, le réalisateur espagnol Dani de la Torre réalise le thriller à succès Appel inconnu avec dans le rôle principal Luis Tosar en père de famille pris au piège de sa voiture chargée d’explosifs. Le succès est au rendez-vous en Espagne et, même si le métrage ne sort pas dans nos salles, son concept accrocheur est acheté dans plusieurs pays. Ainsi, le thriller routier a le droit à plusieurs remakes comme le germanique Steig. Nicht. Aus! (Christian Alvart, 2018) ou encore le sud-coréen Hard Hit (Kim Chang-ju, 2021).
Comme si cela ne suffisait pas, voici donc que Jaume Collet-Serra envisage de monter sa propre mouture, avec en ligne de mire un nouveau rôle pour Liam Neeson qu’il a déjà dirigé dans Sans identité (2011), Non-Stop (2014), Night Run (2015) et The Passenger (2018). Désormais passé aux blockbusters, le réalisateur n’est plus que producteur de Retribution dont il a offert la conception au cinéaste hongrois Nimród Antal, surtout connu en tant que tâcheron sur des films comme Motel (2007), Predators (2010) et des séries comme Wayward Pines et Stranger Things.
Moins de virulence politique, mais davantage de sensations fortes et de suspense
Le script reprend pas à pas les tenants et aboutissants du film d’origine, en mettant toutefois la pédale douce sur l’antipathie que pouvait légitimement susciter le protagoniste principal alors interprété par Luis Tosar. Il faut dire que le film de Dani de la Torre avait la main particulièrement lourde en matière d’anticapitalisme primaire. Cette dimension politique a clairement été minorée dans la version de 2023, même si la critique du libéralisme financier et de ses dérives apparaît encore en filigrane. Afin de séduire un public plus vaste, Retribution préfère insister sur les séquences à suspense, ainsi que sur les cascades en voiture. Toutefois, loin de desservir le film, cette volonté de lisser le propos offre au spectateur un divertissement certes mainstream, mais finalement plus agréable à suivre.
© 2023 StudioCanal – The Picture Company – Ombra Films / Photographie : Stephan Rabold. Tous droits réservés.
Dans le rôle du patriarche piégé dans sa voiture, Liam Neeson fait preuve d’une certaine sensibilité et parvient à faire oublier qu’il ne peut pas se servir de son corps pour incarner le personnage. Son visage est suffisamment expressif pour délivrer son lot d’émotions aux spectateurs. Les jeunes acteurs Lilly Aspell et Jack Champion s’avèrent très professionnels en tant que frère et sœur qui s’entendent comme chien et chat. Ils évitent le piège d’être irritants et peuvent ainsi susciter l’empathie du spectateur. Enfin, le choix de Matthew Modine en tant qu’ami proche du héros est sans aucun doute une facilité impardonnable, puisque le cinéphile se doute bien de son implication dans le complot dès les premières scènes du film.
Un ensemble plaisant, mais terriblement prévisible
Afin d’emballer ce classique film à suspense, Nimród Antal fait encore étalage de sa capacité à placer sa caméra dans les endroits les plus improbables. Il arrive à dégoupiller quelques bons moments de suspense, mais sans parvenir à sublimer un script qui semble sur des rails. Car c’est la principale faille de ce Retribution que de dérouler ses bobines de manière conventionnelle, sans jamais surprendre le spectateur. Le twist final est éventé dès les premières minutes et le reste se déploie selon toutes les formules habituelles du film d’action. On a donc le droit à un héros pris au piège d’une machination qui vise à l’incriminer. Une fois l’effet de sidération passé, ce héros très ordinaire reprend la situation en main et renverse la vapeur en sa faveur afin de sauver sa famille. Le schéma est d’une banalité qui n’est surtout pas contredit ici.
Jamais désagréable à suivre, Retribution poursuit donc la longue liste des œuvres portées par Liam Neeson. Si certaines productions s’avèrent meilleures que d’autres, elles pâtissent toutes d’une absence évidente d’ambition sur le plan artistique. Retribution ne viendra donc aucunement troubler la carrière linéaire d’un acteur au créneau limité.
Une sortie peu remarquable pour un Liam Neeson en bout de course
Malgré une qualité supérieure à celle des mauvais Marlowe (Neil Jordan, 2023) et Blacklight (Mark Williams, 2022), Retribution n’a pas démarré sur les chapeaux de roue lors de sa sortie fin août 2023. Le métrage fait même partie des plus mauvais scores de la star vieillissante avec seulement 16 427 entrées dans 351 salles le jour de sa sortie, le 23 août. En une semaine, le thriller n’a embarqué que 124 439 covoitureurs. Si le résultat n’est guère enthousiasmant, c’est toutefois nettement mieux que tous les films de l’acteur depuis The Good Criminal (Mark Williams, 2020).
Avec la rentrée scolaire, Retribution rétrograde fortement dès sa deuxième semaine d’exploitation avec seulement 53 249 retardataires. Il doit attendre sa troisième semaine pour tutoyer les 200 000 entrées. Perdant un peu plus de 50 % de ses entrées de semaine en semaine, Retribution finit tout de même avec 219 146 passagers à son bord. Un résultat qui ne devrait pas motiver les distributeurs pour continuer à exploiter le nom de Liam Neeson au-delà des plateformes de streaming. Depuis, le film est visible aussi bien en VOD, en DVD ou en blu-ray. Il permet de passer un moment relativement agréable, dans les limites qualitatives évoquées plus haut.
Critique de Virgile Dumez
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© 2023 The Picture Company – Ombra Films – TF1 Films Production – Studio Babelsberg – Studiocanal Film / Affiche : Art Machine. Tous droits réservés.
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Nimród Antal, Liam Neeson, Embeth Davidtz, Matthew Modine, Noma Dumezweni, Lilly Aspell, Jack Champion
Mots clés
Le cinéma d’action, Berlin au cinéma, Le chantage au cinéma, Les voitures au cinéma