Maniac Cop peut être considéré comme l’ultime film regardable de William Lustig, jadis cinéaste inspiré de Maniac, en un seul mot.
Synopsis : Une série de meurtres particulièrement sordides éclate à New York. L’agresseur portait un uniforme de policier, ce qui provoque bientôt une véritable psychose au sein de la population. Soupçonné d’être l’auteur de ces crimes, l’agent Forrest est arrêté. Mais l’inspecteur McCrae, chargé de l’enquête, est convaincu de son innocence
Critique : Après deux films culte qui marquèrent leur époque, le nauséabond Maniac aux scènes gore impressionnantes, signées Tom Savini, et le thriller urbain Vigilante, William Lustig met en boîte son 3e long métrage alors que le cinéma de genre commençait à être à court de salles indépendantes pour le programmer.
Toujours friand de cinéma new-yorkais underground, à l’instar de Jim Muro (Street Trash), et Frank Henenlotter (Frères de Sang et Elmer le remue méninge), il accepte la proposition de Larry Cohen (ici au scénario et à la production) avec ce Maniac Cop qui reprend l’idée de son slasher de 1981, un “maniaque dans la ville”, sauf qu’ici le psychopathe sera joué par un policier, cette figure de “Cop”, tellement en vogue depuis notamment le succès de Beverly Hills Cop, en 1984.
Maniac Cop se savoure comme du pop corn industriel, sans surprise, mais jamais déplaisant. La musique d’ambiance de Jay Chattaway (Peur Bleue, d’après Stephen King) jette une belle atmosphère et la présence d’acteurs de B Movies comme Bruce Campbell, la star des Evil Dead de Sam Raimi qui est plutôt sobre ici, et la bisseuse Laurene Landon (la bimbo s’était faite rémarquée en Hundra, un sous Conan au féminin, et dans A la recherche du Soleil d’or, ersatz d’Indiana Jones) n’est pas pour nous déplaire.
© Continental Movie Productions, S.T.A.E. Productions. All Rights Reserved .
Le script de Cohen (Les Monstres sont vivants) pompe allègrement Vendredi 13, qu’il place dans le milieu de la NYPD, le flic tueur ici ayant connu un trauma pseudo mortel à la Jason Voorhes. Il faut bien justifier comme on peut une perversion mortelle, aussi grotesque soit-elle.
Si Maniac Cop se révèle efficace, rythmé aux tempo pop de la fin des années 80, il ne sera jamais bien saignant et surtout il s’avère anondin. On a du mal à retrouver la patte de son cinéaste perdu dans sa cinépjilie. Et encore, il livre ici son ultime film regardable, se perdant par la suite dans la multiplications de suites mettant en scène son flic détraqué, avant de se recycler dans l’édition de séries B teigneuses en DVD dans les années 2000.
Après un passage remarqué au festival du film policier de Cognac, Maniac Cop profite de l’ouverture du 17e festival international du film fantastique du Rex pour susciter l’attention des Parisiens, cinq jours avant sa sortie française. Le film y est présenté en présence de William Lustig pour le lancement des festivités qui dureront dix jours. Avec l’appui de Mad Movies, L’Écran Fantastique et Starfix, le film distribué par UGC-Deal est la 5e plus grosse sortie du mercredi 22 juin, derrière la reprise des Aristochats (35 écrans Paris-Périphérie), Police Academy 5 (34 écrans), Les Prédateurs de la nuit (24), et La Sorcière avec Béatrice Dalle (20). William Lustig attire pas moins de 3 014 spectateurs pour son premier jour parisien, contre 2 819 pour le polar de Jesús Franco avec Brigitte Lahaie. Police Academy 5 domine (8 230).
Maniac Cop est alors distribué dans neuf salles à Paris intra-muros (UGC Normandie, Montparnasse, Convention, Gobelins, Gare de Lyon, Rex, Forum Cinémas, Paramount Opéra et Images) et huit salles en banlieue. En première semaine, il s’appuie sur 24 019 spectateurs pour débouler en 7e place devant Les Prédateurs de la nuit (23 327), Action Jackson (12 887, 3e semaine) ou encore Amsterdamned, autre polar horrifique qui chutait à 12 377 entrées en 3e semaine.
Grâce à la Fête du Cinéma, le flic psychopathe se maintient en 2e semaine (25 904 entrées) et ce, malgré la sortie d’un concurrent direct, Flic ou zombie, qui séduit 48 690 ados (24 cinémas). Une fois la 4e Fête du cinéma consommée, c’est le gadin : Maniac Cop identifie 3 870 spectateurs en 3e semaine dans huit salles franciliennes. Même Flic ou zombie a rétrogradé à 10 000 prévenus.
En 4e semaine, la production Shapiro-Glickenhaus Entertainment verbalise 3 138 retardataires dans trois cinémas (UGC Montparnasse, Rex, Paramount Opéra). Elle tire sa révérence à l’issue de sa 5e semaine (2 002 spectateurs, deux salles), alors qu’une autre production Shapiro-Glickenhaus Entertainment apparaît sur les écrans (Blue Jean Cop, un échec).
Maniac Cop réapparaîtra en 1989 en VHS, chez UGC, avant de connaître deux éditions DVD en France, la première au début des années 2000, la seconde en 2016, chez l’éditeur Carlotta qui le proposera en DVD/BLU-RAY dans sa collection Midnight Movies.
Bien que le film de Lustig passe inaperçu dans les cinémas nord-américains avec une sortie ultra confidentielle, les locations en vidéocassettes, ainsi que les ventes internationales, permettent à la série B produite par Larry Cohen d’être rentable. Un Maniac Cop 2 sera mis en orbite pour une sortie en salle en 1990. Lustig sortira même en vidéo Maniac Cop 3: Badge of Silence, sous le pseudo significatif d’Alan Smithee. Un nanar honteux.
© 1988. Shapiro Glickenhaus Entertainment.
Compléments : 0/5
Comme tous les autres titres de la collection, on ne retrouve qu’une bande-annonce HD. On aurait aimé une présentation par un spécialiste.
L’image : 4/5
Solide restauration HD avec un contraste qui rend cette œuvre nocturne particulièrement éclatante.
Le Son : 4/5
Mono DTS HD Master Audio pour la VF, qui est faible, mais la VO chargée d’un DTS HD en 5.1, permet le compromis attendu.
Maniac Cop © 1988 SHAPIRO GLICKENHAUS ENTERTAINMENT. Tous droits réservés.
William Lustig, Bruce Campbell, Tom Atkins, Richard Roundtree, Laurene Landon