Le flic de Beverly Hills est une comédie policière terriblement efficace qui a marqué les années 80 de son empreinte, offrant à Eddie Murphy son rôle le plus emblématique. Daté certes, mais encore largement regardable de nos jours.
Synopsis : Parce qu’il utilise des méthodes trop peu orthodoxes, l’inspecteur Foley est prié de prendre des vacances. Cela lui permet d’enquêter sur la mort de son ami Tandino, tué sous ses yeux. Son enquête le mène à Beverly Hills, où ses collègues le surveillent de près. Il met à jour un trafic de drogue et de devises…
Les tops et les flops d’Eddie Murphy : pourquoi a-t-il disparu de l’écran ?
Critique : Projet né à la fin des années 70, Le flic de Beverly Hills a connu de nombreuses réécritures, dont celle du polar hard boiled destiné à Mickey Rourke, puis à Sylvester Stallone qui jetèrent tous deux l’éponge. Finalement, le script initial est entièrement remanié par Daniel Petrie Jr. qui en fait une comédie policière.
Le métrage est alors proposé à Martin Scorsese qui n’est pas intéressé, avant d’échouer dans les mains de Martin Brest, un réalisateur plus modeste ayant surtout collaboré au mythique Saturday Night Live. Il y croisa notamment Eddie Murphy qui devient le nouveau prétendant au rôle d’Axel Foley. Il faut dire que le comique est alors en pleine ascension après les succès rencontrés par deux comédies destinées à devenir culte : 48 heures (1982) de Walter Hill et Un fauteuil pour deux de John Landis.
Martin Brest, conscient de la puissance comique de sa jeune star, a le grand mérite de le laisser improviser la plupart de ses dialogues. Il fait de même avec le duo de flics qui l’accompagne. Il est aujourd’hui de notoriété publique que la plupart des scènes entre Murphy, Reinhold et Ashton ont été largement improvisées, de façon à dynamiser le dialogue. C’est encore de nos jours cette formidable dynamique du trio qui fait tout le charme de cette comédie policière au scénario très classique, mais dont la cool attitude fait toujours effet près de trente-cinq ans plus tard.
Martin Brest signe l’une des introductions les plus efficaces qui soit en tournant une impressionnante course-poursuite où un semi-remorque détruit un nombre considérable de véhicules dans les rues dévastées de Detroit. A une époque où les effets digitaux n’existaient pas encore, on reste profondément admiratif devant l’imposant travail des cascadeurs. La logistique mise en œuvre demeure encore de nos jours impressionnante. On peut d’ailleurs regretter que la fin du film n’atteigne jamais l’intensité de cette introduction peut-être trop effrénée. Toutefois, le spectateur est immédiatement plongé dans une ambiance survoltée, aussitôt relayée par la tchatche inénarrable d’un Eddie Murphy au meilleur de sa forme. Ses interventions sont toujours hilarantes et sa présence physique s’impose d’elle-même, comme si le personnage d’Axel Foley avait été créé spécialement pour lui.
La suite du film est dans doute plus banale à cause d’un script un peu trop balisé (il s’agit d’une éternelle histoire de vengeance personnelle sur fond de trafic de drogue), mais toutes les séquences sont sublimées par l’alchimie entre tous les acteurs. L’humour n’est jamais méchant, mais toujours malicieux. Comme il faut toujours un bon méchant dans ce type d’histoire, signalons l’excellente prestation de Steven Berkoff, totalement convaincant en marchand d’art dissimulant en réalité un truand au consortium international. Enfin, on ne peut évoquer Le flic de Beverly Hills sans citer le fameux thème musical de Harold Faltermeyer, compositeur allemand de musique électronique qui a signé quelques bandes originales culte des années 80 dont celles de Top Gun et Running Man. Si le thème principal a pris quelques rides par son usage immodéré des boîtes à rythme, il faut avouer l’immédiate efficacité de cette musique au thème immédiatement identifiable.
Avec son budget initial moyen de 14 millions de dollars, Le flic de Beverly Hills a explosé tous les records aux States en cumulant plus de 234 millions de recettes, s’immisçant à la première place du podium en 1984. De quoi installer durablement Eddie Murphy au rang des stars bankable et affirmer le statut de producteurs bénis des dieux pour le duo Don Simpson / Jerry Bruckheimer. En France, Eddie Murphy a également cartonné avec près de 3 millions d’entrées, soit une 8ème place annuelle. L’acteur ne fera jamais mieux dans l’Hexagone, plus réfractaire à son style d’humour. D’ailleurs, l’acteur acceptera de reprendre son rôle le plus fameux dans deux suites à la qualité déclinante.
Critique de Virgile Dumez