Vigilante, justice sans sommation ! : la critique du film + test blu-ray (1983)

Vigilante, Thriller, Film d'exploitation | 1h30min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
vigilante, justice sans sommation ! Affiche cinéma 1983

  • Réalisateur : William Lustig
  • Acteurs : Rutanya Alda, Robert Forster, Joe Spinell, Fred Williamson, Woody Strode, James L. Brewster
  • Date de sortie: 12 Jan 1983
  • Titre original : Vigilante
  • Année de production : 1981
  • Scénariste : Richard Vetere
  • Distributeur : Paris Ciné Distribution
  • Editeur vidéo : Sunset vidéo (VHS), Seven7 Editions (DVD, 2011), Le Chat qui Fume (DVD/Blu-ray, édition 2019)
  • Date de sortie vidéo : 8 février 2011 (sortie DVD Seven 7) - Fin septembre 2019 (Combo, le Chat qui Fume)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 43 257 entrées Paris-Périphérie en 4 semaines
  • Classification : Interdit aux moins de 16 ans
Note des spectateurs :

Vigilante est le second film de William Lustig, réalisateur culte de Maniac. Loin de la claque de son premier long hors porno, ce thriller urbain est une puissante description, pour bisseux, du New York déliquescent de la fin des années 70. Percutant, malgré une absence totale de script.

Synopsis : Pour s’être interposée dans une station-service contre des voyous qui maltraitaient un vieil homme, Vickie Marino se fait sauvagement agresser à son domicile par la bande de délinquants. Durant l’assaut, son petit garçon est tué et elle-même grièvement blessée. Écœuré par l’incompétence des instances judiciaires, l’impuissance de la police et la corruption qui gangrène la ville de New York, son mari, Eddie Marino, finit par rejoindre un groupe de justiciers pratiquant l’autodéfense.

Vigilante ou le Bronx contre-attaque

Critique : 1981. William Lustig quitte momentanément le cinéma horrifique pour son second long métrage. Révélé dans le monde, notamment sur le marché de la VHS, par le succès du hard-core Maniac qui décrit les tueries sordides d’un sociopathe dans un New York de déliquescence. Les effets spéciaux gore de Tom Savini sont parmi les plus douloureux de la décennie et le sentiment de démence accentue le sentiment de malaise. Un auteur est né, Maniac est l’un des films les plus importants de son mauvais genre et de sa génération.

Avec son second long,  Lustig, môme du Bronx qui a bourlingué dans les cinémas de quartier et même tourné deux pornos dans les années 70, change de genre, mais pas de ville. L’atmosphère est à peine allégée, puisqu’on retrouve le New York en faillite post-75, qui sombrait peu à peu dans la délinquance généralisée, avec des quartiers entiers en ruine, des no-go-zones, et surtout un service public défaillant, une police corrompue et des habitants contraints de se rassembler en milice pour faire la loi.

Rutanya Alda dans Vigilante de William Lustig

Vigilante © 1982 Magnum Motion Pictures, William Lustig

Lustig repeint New York aux couleurs du crime froid

La fin des années 70 et le début des années 80 donneront donc naissance à des œuvres féroces, avec Charles Bronson en justicier sur plusieurs numéros, Taxi Driver, les avatars dégénérés d’Abel Ferrara (L’ange de la vengeance, New York deux heures du matin...), les bisseries cra-cra de Jim Muro (Street Trash) et Frank Henenlotter (Frère de sang, Elmer…), Class 84 de Mark Lester et les nombreux films de gangs, Les guerriers de la nuit, Les guerriers du Bronx… On n’arrête pas la mauvaise graine.

Avec Vigilante, justice sans sommation !, le réalisateur ne retrouve pas le niveau de Maniac, faute d’un script réellement écrit et cohérent. Il engage son film dans une mécanique bisseuse jusque dans le casting : il engage l’ancien footballeur américain et star du cinéma de blaxploitation Fred Williamson, que l’on aime toujours retrouver, mais dont le sur-jeu ne rend jamais possible une prise au sérieux maximale du sujet.

Pourtant Lustig, bon bougre, parvient à capter la température ambiante d’une ville en crise, pour livrer l’essentiel, une oeuvre de vigilante décomplexée, totalement imprégnée par son ambiance, avec de nombreuses fulgurances dans la réalisation. L’attaque contre la police, la justice et les hautes sphères municipales sont autant d’éléments captivants qui se vérifient alors par la réalité des faits divers d’une cité décadente où, à l’instar des personnages du film, les citoyens en venaient à en découdre directement avec les vilains.

Le réalisateur de Maniac assume le bis

En se posant à juste titre la question du choix, entre sombrer dans la vengeance froide – ce à quoi succombe le personnage de Williamson -, ou au contraire en la questionnant (le personnage veuf de Robert Forster, dont le gamin de 5 ans est froidement assassiné lors d’une scène d’anthologie) pour parvenir à un châtiment autre, Vigilante, dans sa simplicité de script, offre une réflexion intéressante sur la violence, tout en l’acceptant comme partie intégrante d’une narration nerveuse, inhérente aux œuvres de quartiers de cette époque. On pense notamment beaucoup au cinéma de blaxploitation, dont le film emprunte bien plus qu’une figure en la personne de Fred Williamson.

Vigilante est une oeuvre qui, malgré ses défauts patents, ne cesse de surprendre ; malgré ses approximations d’écriture et son goût revêche pour la violence qu’il est censé dénoncer, demeure l’une des plus fortes de son auteur, et un vrai plaisir coupable…

 

Les sorties du 12 janvier 1983

Critique : Frédéric Mignard

vigilante, justice sans sommation ! Affiche cinéma 1983

Vigilante © 1982 Magnum Motion Pictures, William Lustig – Illustrateur Landi

Blu-ray (édition Digipack Le chat qui fume, 2019)

Edition digipack, combo DVD-blu-ray, dans un fourreau qui colle à la collection du Chat qui Fume, limitée à 1000 exemplaires, Vigilante assure encore en 2019.

Compléments & packaging : 4 / 5

Le digipack avec fourreau est de toute beauté et rentre magnifiquement dans la collection des films du Chat qui fume, pourvoyeur de raretés qui nous font littéralement jubiler.

Au niveau des bonus, le Chat a récupéré un commentaire audio qui a de la valeur : Lustig, le réalisateur, accompagné de Fred Williamson, désormais plus de 80 ans, et surtout de Robert Forster, décédé en octobre 2019. Il est sous-titré en français.

On apprécie énormément le document maison de 50 minutes, intitulé Tolérance Zéro. Sans chichi, ni même vraie réalisation, cet entretien met juste en avant les connaissances bibliques du scénariste Fathi Beddiar, qui connaît l’histoire de New York comme sa poche et relate toute son histoire sociale des années 70-80 avec gourmandise, tout en évoquant avec dévotion le cinéma urbain de cette époque qu’il connaît parfaitement et sur lequel il a déjà écrit.

Connaisseur bien rencardé de William Lustig, Beddiar est d’ailleurs présent sur les bonus de Maniac où il évoque les scripts qu’il a envisagés pour le remake français.

Rien que pour lui, ce blu-ray est essentiel.

vigilante en édition collector limitée à 1000 exemplaires, le chat qui fume

Vigilante © 1982 Magnum Motion Pictures, William Lustig / Vigilante © 2019 Le Chat qui fume

Image :  4 / 5

Très beau master marqué par des plans parfois moins aboutis dans la restauration, mais globalement ancré dans tout ce qui fait le charme de la HD. Propre, stable, lumineuse, la copie vaut l’investissement.

Son : 4.5 / 5

C’est l’une des nombreuses forces de cette édition, une richesse des pistes en version originale qui importe. Si on n’a pas testé la piste 7.1 qui paraît au vu de l’âge du film et de ses conditions de tournage totalement artificiel, l’on apprécie énormément le 5.1 DTS HD qui rend justice au score formidable de Jay Chattaway, compositeur sous-estimé des années 80, proche de Lustig depuis Maniac qui fut son premier bijou noir.

Pour la piste française, on peut compter sur un 2.0. DTS Master Audio. Elle a la carrure des bons doublages d’antan et une belle densité qui lui épargne tout parasitage du temps.

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Bandeau le chat qui fume

Copyrights : 2019 Le Chat qui fume

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vigilante, justice sans sommation ! Affiche cinéma 1983

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