Lui : la critique du film (2021)

Comédie dramatique | 1h28min
Note de la rédaction :
3,5/10
3,5
Lui, l'affiche

  • Réalisateur : Guillaume Canet
  • Acteurs : Guillaume Canet, Patrick Chesnais, Mathieu Kassovitz, Virginie Efira, Nathalie Baye, Rodolphe Lauga, Gilles Cohen, Laetitia Casta
  • Date de sortie: 27 Oct 2021
  • Nationalité : Français, Belge
  • Titre original : Lui
  • Titres alternatifs : -
  • Année de production : 2021
  • Scénariste(s) : Guillaume Canet
  • Directeur de la photographie : André Chemetoff
  • Compositeur : Alexandre Desplat
  • Société(s) de production : Trésor Films, Pathé, Caneo Films, TF1 Films Production, Artémis Productions, Shelter Prod, Proximus, VOO, Radio Télévision Belge Francophone (RTBF)
  • Distributeur (1ère sortie) : Pathé Distribution
  • Éditeur(s) vidéo : Pathé (DVD et blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 2 mars 2022
  • Box-office France / Paris-périphérie : 187 665 entrées / 32 858 entrées
  • Budget : 5,2 M d'euros
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : 5.1
  • Festivals et récompenses : 1 nomination pour le meilleur film au Festival de Namur (Belgique) en 2021
  • Illustrateur / Création graphique : RYSK (agence), Christophe Brachet (photographe). Tous droits réservés.
  • Crédits : Pathé
Note des spectateurs :

Comédie dramatique qui aimerait égaler les œuvres de Bertrand Blier, Lui n’est qu’une coquille vide plombée par des dialogues bien trop explicites et sans saveur. A éviter.

Synopsis : Un compositeur en mal d’inspiration, qui vient de quitter femme et enfants, pense trouver refuge dans une vieille maison à flanc de falaise, sur une île bretonne déserte. Dans ce lieu étrange et isolé, il ne va trouver qu’un piano désaccordé et des visiteurs bien décidés à ne pas le laisser en paix.

Une création issue de la période du confinement

Critique : Alors qu’il est en pleine préparation de son Astérix et Obélix : l’empire du milieu, Guillaume Canet est contraint de stopper son travail en mars 2020 à cause de la pandémie de Covid-19. Bloqué par le confinement, l’acteur décide alors de tuer le temps en écrivant un scénario selon le mode de l’écriture automatique. Le premier jet de Lui est ainsi rédigé en trois semaines durant cette période d’immobilité contrainte. Encouragé par sa compagne Marion Cotillard qui trouve le script intéressant, l’acteur propose alors de tourner l’ensemble avec un budget moyen (autour de 5 millions d’euros), avec peu d’acteurs et un seul décor principal en seulement quatre semaines.

Lui, photo d'exploitation

© 2021 Pathé / Photographie : Christophe Brachet. Tous droits réservés.

Pour rendre l’opération possible, Guillaume Canet utilise la même équipe technique que pour son Astérix et trouve le décor parfait pour son film à Belle-Île-en-Mer. Effectivement, le lieu est particulièrement isolé et permet donc d’effectuer un tournage en toute sécurité par rapport à la pandémie mondiale. L’acteur-réalisateur peut donc se livrer à une psychanalyse personnelle qui est présentée dans la bande annonce comme un thriller inquiétant, alors qu’il s’agit avant tout d’une comédie dramatique onirique un peu foutraque.

Comme un air de Bertrand Blier

En fait, si le début du film propose bien une atmosphère vaguement étrange, Guillaume Canet se tire rapidement une balle dans le pied en utilisant un ton qui fait aussitôt songer au cinéma de Bertrand Blier que l’acteur revendique comme une influence majeure. Le problème de Lui vient du fait que son auteur n’a jamais fait confiance au procédé d’écriture automatique et qu’il a donc choisi de livrer toutes les clés d’interprétation au spectateur. Ainsi, Lui n’est jamais mystérieux, ni même étonnant, puisque l’on comprend au bout des dix premières minutes que tout se joue dans la tête du protagoniste principal et que tous les personnages qui gravitent autour de lui ne sont que des projections de ses angoisses existentielles.

A partir du moment où il explicite cet état de fait, il en vient aussi à justifier les dialogues vulgaires – et rarement drôles contrairement à ceux de Blier – et les situations potentiellement scabreuses. Or, la grande force du cinéma de Blier était justement de ne jamais chercher d’explication rationnelle et de construire donc un univers barré qui lui était propre. Rien de tout cela dans Lui qui semble tourner autour d’une seule obsession, celle du nombril de son auteur. Sans révéler quoi que ce soit de l’intrigue, Guillaume Canet va jusqu’au bout de ce procédé égocentrique dans les dix dernières minutes. Mais là encore, les intentions initiales sont tellement martelées par un dialogue toujours explicite que l’ensemble s’avère d’une lourdeur assez rare dans le genre.

Lui, une affaire d’égo peu enthousiasmante

L’effet immédiat est que l’on ne ressent strictement rien du désarroi de son personnage principal, d’ailleurs franchement irritant dans ses interrogations de petit bourgeois. Finalement, on s’attacherait presque davantage aux deux personnages féminins incarnés avec autorité par Virginie Efira et Laetitia Casta, toutes deux très justes. Malheureusement, leurs personnages demeurent des ombres fugitives noyées dans l’égo de l’auteur. Même Mathieu Kassovitz ne convainc pas vraiment en meilleur pote rigolard, mais qui peut être potentiellement un rival sur le plan sentimental. Enfin, signalons que Guillaume Canet a aussi demandé à son ami Clive Owen qu’il a par ailleurs dirigé dans Blood Ties de livrer une courte prestation vocale au téléphone. Anecdotique, là encore.

S’interrogeant sur le couple, l’amour, l’amitié et surtout sur sa propre vie, Guillaume Canet livre donc ici une œuvre finalement très sage qui vient poursuivre ses réflexions débutées dans sa saga Les petits mouchoirs. Et ce ne sont pas les quelques échappées vulgaires dans les dialogues qui font de Lui une œuvre subversive ou audacieuse, loin de là. Finalement, on retiendra surtout du film la beauté des paysages de Belle-Île-en-Mer et une réalisation qui sait occasionnellement se faire ample. Mais tout ceci est un peu mince pour faire de ce qui devait être un petit projet modeste autre chose qu’un mauvais canular prétentieux et finalement assez pathétique.

Sorti à la fin du mois d’octobre 2021 alors que le cinéma se remet difficilement de la crise de la Covid, Lui n’a guère passionné les foules, récoltant des avis globalement défavorables des spectateurs. Le film fort médiocre a obtenu le soutien de 187 665 spectateurs sur l’ensemble de la France, dont 32 858 Franciliens. Tout piteux qu’il est, Lui est sorti en DVD et blu-ray chez Pathé au mois de mars 2022.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 27 octobre 2021

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Lui, l'affiche

© 2021 Trésor Films – Pathé – Caneo Films – TF1 Films Production – Artémis Productions – Shelter Prod – Proximus – VOO – Radio Télévision Belge Francophone (RTBF) / Affiche : RYSK (agence) – Christophe Brachet (photographe). Tous droits réservés.

Biographies +

 Guillaume Canet, Patrick Chesnais, Mathieu Kassovitz, Virginie Efira, Nathalie Baye, Rodolphe Lauga, Gilles Cohen, Laetitia Casta

Box-office :

Sorti pendant les vacances de la Toussaint, le 27 octobre 2021, Lui de Guillaume Canet a été un échec cinglant. Les spectateurs lui ont accordé une relative confiance en première semaine, avec 120 111 entrées dans 385 salles. Le film n’étant absolument commercial, il n’est donc pas anormal de le voir hors du top 10 qui ne voit apparaître qu’une seule nouveauté, The French Dispatch de Wes Anderson. Ce dernier, fort de son passage à Cannes et du culte autour du cinéaste américain, réalise plus d’entrées en première semaine (197 450) que la thérapie ouverte de Canet, qui s’arrêtera à 189 666 spectateurs, et ce malgré moins de salle, puisque l’événement américain n’était présent finalement que dans 241 cinémas.

Qu’est-il arrivé à Lui de Guillaume Canet?

Après une première séance à 14h insipide (632 Parisiens), le film de Canet alignera les mauvaises nouvelles : premier jour à 21 446 entrées, premier week-end à 84 767 spectateurs et finalement cette première semaine à 120 000 tickets aux antipodes des chiffres de Canet réalisateur qui avait connu des scores élevés en première semaine avec Les petits mouchoirs (1 369 812), Nous finirons ensemble (1 261 701), Ne le dit à personne (858 599). Son expérimentation cinématographique ratée chutera de façon abyssale d’une semaine sur l’autre (-65%, -60%, -65%, 67%, -83%).

A titre de comparaison, La fracture de Catherine Corsini commencera moins bien en première semaine (119 307 entrées), mais finira sa carrière à un score plus élevé de 275 728 entrées, multipliant sa mise de départ par 2.3 contre 1.6 pour Guillaume Canet.

Frédéric Mignard

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Bande-annonce de Lui

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