La ch’tite famille : la critique du film (2018)

Comédie | 1h46min
Note de la rédaction :
6/10
6
La ch'tite famille, affiche

  • Réalisateur : Dany Boon
  • Acteurs : Valérie Bonneton, Dany Boon, Thomas Vandenberghe, François Berléand, Pierre Richard, Laurence Arné, Line Renaud, Guy Lecluyse
  • Date de sortie: 28 Fév 2018
  • Nationalité : Français
  • Année de production : 2017
  • Scénariste(s) : Dany Boon, Sarah Kaminsky
  • Directeur de la photographie : Denis Rouden
  • Compositeur : Michael Tordjmann, Maxime Desprez
  • Société(s) de production : Les Productions du Ch'timi, TF1 Films Productions et 26DB Productions
  • Distributeur (1ère sortie) : Pathé Films
  • Éditeur(s) vidéo : Pathé Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 30 juin 2018 (DVD, blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 5 626 649 entrées / 550 185 entrées
  • Budget : 27 800 000 euros
  • Rentabilité :
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs - DCP 4K / Son : Dolby SR-SRD
  • Festivals et récompenses : Festival de l'Alpe d'Huez 2018
  • Illustrateur / Création graphique : Rysk - photo d'Eddy Brière
  • Crédits : Les Productions du Ch'timi, TF1 Films Productions et 26DB Productions / photo : © David Koskas
  • Titre international : Family is Family
Note des spectateurs :

La ch’tite famille est une bonne grosse comédie populaire, brillamment interprétée, où chaque formule est millimétrée pour irriguer les rires, abondants. Toutefois la démesure de moyens n’est-elle pas en totale contradiction avec le message de simplicité véhiculé par l’ami Boon ?

Synopsis : Valentin D., architecte designer en vogue, prétend être orphelin trop honteux d’avouer être le fils de prolos ch’tis ferrailleurs. Seule sa compagne, la très snob Constance Brandt est dans le secret. En plein vernissage de leur rétrospective au Palais de Tokyo, la famille débarque à l’improviste du Ch’Nord avec le frère Gustave, la belle-soeur Louloute et sa mère Suzanne, cette dernière persuadée d’arriver à la fête surprise pour ses 80 ans. Les retrouvailles s’annoncent inoubliables.

Critique : Pile poil dix ans après le triomphe sans partage de Bienvenue chez les Ch’tis qui a fait de Dany Boon une méga-star de la comédie nationale, le comique revient dans son terroir du Nord pour une fausse suite et un vrai hommage à sa région qui lui a permis de côtoyer les cimes. On retrouve d’ailleurs Kad Merad dans son propre rôle, pour un caméo clin d’œil.

Un pour tous, tous pour Ch’tis

Depuis les 20 millions d’entrées des Ch’tis (et même 3 millions rien qu’à Paris), Boon est devenu le chantre de la comédie populaire réalisant systématiquement des cartons quand il revêt la casquette d’auteur-réalisateur. Le Monsieur est devenu tout puissant au cœur de notre cinématographie, influençant même, de son regard critique sur les César – qui ne donnent aucun écho aux comédies populaires où il excelle -, l’évolution de la sacro-sainte manifestation du septième art français. En 2018, on a ainsi créé un César exceptionnel, qui donne voix aux entrées du box-office. Oui, selon le Boon de la comédie française (boon signifiant une aubaine, en anglais, et quelle aubaine représente-t-il pour toute l’industrie !), n’est-ce pas aussi au peuple de déterminer par ses choix la qualité des films ? Vu les résultats politiques populaires aux quatre coins du monde, on peut rester dubitatifs et l’on se permettra de douter de l’assimilation systématique entre qualité et quantité.

De sa puissance soudaine dans l’industrie du cinéma français, Dany Boon chez Pathé a surtout saisi l’occasion de répondre aux critiques de l’époque, sur sa réalisation un peu fade, en s’octroyant des budgets toujours plus excessifs pour pareils spectacles, ce qui lui permet à chaque fois de s’entourer d’équipes fortiches, pour une mise en image extrêmement pointilleuse, au risque, peut-être, de déplacer l’attention du spectateur sur l’opulence ostentatoire et gratuite. Photographie léchée, décors toujours plus impressionnants (il s’était vu donner l’autorisation d’investir l’Elysée pour Raid Dingue), fluidité de la caméra… Le cinéma de Boon est devenu beau, trop peut-être pour satisfaire pleinement, car dans un film comme La ch’tite famille où il est question des vraies valeurs et des vraies gens, l’afféterie du style interpelle quant à sa légitimité et son opportunité. On ch’tipote un peu, mais c’est pourtant ce que l’on ressent très souvent devant ce “faste & facétieux”.

La Ch’tite famille s’amuse des clichés Paris Province avec panache

Dany Boon est en fait devenu un fin rationaliste de la plume qui dose les formules ici et là pour manipuler – dans le bon sens du terme – les humeurs du public, avec un script jovial où tout est soupesé pour séduire et surtout faire rire. Dans sa critique d’un microcosme culturel friqué qui a perdu ses racines (les parigots arrogants), et ses louanges des humbles aussi foutraques et excentriques soient-ils (les faux naïfs de province), le comique s’oriente forcément vers une France large, en quête de reconnaissance, qui aime rire d’elle-même et des autres, sans pour autant s’effaroucher devant la symbolique et le stéréotype du portrait brossé.

Qu’elle soit ventrue, physiquement pas jojo, incapable de parler correctement sa propre langue, amatrice de variétoche française avariée et cultivée dans ses connaissances publicitaires… la France qu’exalte Boon est surtout consensuelle. Au vu du budget alloué, Boon n’a pas le droit à l’erreur et s’oblige lui-même au script fédérateur qui dérape sur les bons sentiments (toute la partie finale, avec une congrégation festive sur du Johnny Hallyday entonné par le pire Ch’ti de l’équipe, Pierre Richard, le seul à ne pas avoir chopé l’accent du Nord dans l’équipe).

Au final, à la soupe populaire, on est plutôt bien servi, on déguste les dialogues peaufinés sans rechigner : il faut dire que le script est judicieux, et les acteurs globalement excellents, notamment dans leur gestion d’un accent fi ch’trement cocasse et pas aisé à manipuler. Boon est charismatique, Line Renaud en matriarche du terroir carrément formidable, et le reste du casting, de Laurence Arné à Valérie Bonneton, est à l’avenant, pour de francs moments de rigolades linguistiques en version originale locale. En effet, 60% de La ch’tite famille a été tourné en langue locale, et pour certains, il faudra bien un temps d’adaptation avant de trouver l’envie de rire avec et non contre eux.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 28 février 2018

La ch'tite famille, affiche

Design Rysk – Photo : Eddy Brière

Box-office :

Avec 5 627 770 entrées, La Ch’tite Famille est le 3e plus gros succès de Dani Boon en tant que réalisateur, derrière Bienvenue chez les Ch’tis (20 438 000 entrées, 2008) et Rien à déclarer (8 138 671).

La comédie a enfin marqué une inflation après Supercondriaque (5 268 380, 2014) et Raid Dingue qui avait déçu en 2017 avec 4 572 412 entrées. En effet, ce dernier avait coûté plus de 32M d’euros, budget équivalent à celui de La Ch’tite famille. 

Le mot Ch’tit dans le titre est un appel du pied au public de son second long métrage, même si la qualité y est moindre, notamment la simplicité et l’humilité du propos.

Distribué le 28 février 2018 dans une combinaison particulièrement épique de 843 écrans, cette 6e réalisation de Dany Boon, avec Line Renaud, se retrouve face à une concurrence réduite le jour de sa sortie : Hurricane, Lady Bird, le dessin animé pour adultes Gangsta, Call Me By Your Name et Les garçons sauvages, s’adressaient tous à un public autre. En revanche, il doit affronter la résistance : Les Tuche 3  en 5e semaine, qui est déjà à plus de 5 millions de spectateurs. Les adolescents, eux, ont Black Panther, Le Labyrinthe 3, Belle et Sébastien 3… Et les cinéphiles peuvent profiter de la seconde semaine de La forme de l’eau de Guillermo Del Toro.

Après un premier jour France à 451 000 entrées (2e meilleur score dans la filmo de l’acteur) et une première semaine à 2 429 906 entrées (3e démarrage pour un film avec Dany Boon), la comédie du Nord remporte tous les suffrages. La deuxième semaine est excellente, avec 1 323 471 spectateurs, mais le film ne deviendra pas un phénomène à plus de 7 millions de spectateurs. Il franchit les 5 000 000 d’entrées en 3e semaine (871 000), mais la comédie sera pour autant incapable de franchir les 6 millions d’entrées.

On ne pleurera pas sur le sort de Dany Boon qui est à toutes les strates de la production. Son film abordera sereinement les 49 000 000$ de recettes dans le monde, dont 46M en France. Family is Family (titre international) se hisse au-dessus des 2 millions de recettes en Allemagne par exemple et sortira même en Chine, avant de réussir une carrière télévisuelle, grâce à son coproduteur TF1 qui le programmera en Prime.

Son meilleur score au sein du MovieMETER d’IMDB reste peu élevé, avec une 4 697e position durant l’été 2018.

Frédéric Mignard

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Dany Boon, Valérie BonnetonThomas Vandenberghe, François Berléand, Pierre Richard, Laurence Arné, Line Renaud, Guy Lecluyse

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