Rien à déclarer : la critique du film (2011)

Comédie | 1h48min
Note de la rédaction :
5/10
5
Rien à déclarer, affiche du film

Note des spectateurs :

Dans cette guéguerre frontalière entre la Belgique de Poelvoorde et la France de Dany Boon, tout le monde est perdant, sauf l’humour populiste des comédies franchouillardes des années 70 qui fait un retour déroutant à près de 25 millions d’euros de budget. Rien à déclarer déçoit.

Synopsis : 1er janvier 1993 : passage à l’Europe du traité de Maastricht. Deux douaniers, l’un Belge, l’autre Français, apprennent la disparition prochaine de leur petit poste de douane fixe situé dans la commune de Courquain France et Koorkin Belgique.
Francophobe de père en fils et douanier belge trop zélé, Ruben Vandervoorde se voit contraint et forcé d’inaugurer la première brigade volante mixte franco-belge. Son partenaire français sera Mathias Ducatel, voisin de douane et ennemi de toujours, qui surprend tout le monde en acceptant de devenir le co-équipier de Vandervoorde et sillonner avec lui les routes de campagnes frontalières à bord d’une 4L d’interception des douanes internationales.

Rien à déclarer avec Dany Boon et Benoît Poelvoorde

Photo : © David Koskas 2010 © Pathé Production – Les Productions du Ch’timi – TF1 Films Production – Scope Pictures

Rien à déclarer, la difficulté de revenir après un succès historique

Critique : Après les divertissements réussis qu’étaient La maison du bonheur et Bienvenue chez les Ch’tis, Rien à déclarer a beau cartonner, le consensus n’est plus de mise. L’heure est à la déception. Dany Boon qui s’impose comme le champion du box-office de tous les temps, du moins pour un film français, n’est pas à la hauteur des attentes d’une France diverse, un peu bobo, très populaire.

Ce n’est pas que le film soit catastrophique, la réalisation affirme même une nette amélioration ; Boon a su s’entourer de collaborateurs techniques compétents, aussi les plans peuvent même être séduisants (les scènes de nuit, par exemple). En revanche, au niveau de la drôlerie, le Boon le plus populaire de tous les temps s’engage sur une voie de garage, celle d’un humour poussif et rétrograde, souvent aigri et violent.

Rien à déclarer avec Dany Boon et Benoît Poelvoorde, 2010

Photo : © David Koskas 2010 © Pathé Production – Les Productions du Ch’timi – TF1 Films Production – Scope Pictures

Blagues belges et autres méchancetés ethnocentriques

Rien à déclarer décrit une guéguerre de douaniers à caractère historique : elle se déroule à l’ouverture des frontières européennes en 1993, entre les agents de la douane française (incarnés notamment par le réalisateur, également vedette du film) et ceux de Belgique (représentés par un Poelvoorde hystérique qui surjoue la xénophobie antifrançaise à l’extrême), alors qu’une brigade volante franco-belge est mise en place.

Le moteur de l’intrigue se résume à des joutes verbales faciles à base de blagues belges et autres méchancetés ethnocentriques ; il s’appuie sur les petits relents xénophobes du spectateur, l’incitant à s’amuser de choses vraiment pas drôles. Mais a-t-on envie de racheter le personnage de l’agent Poelvoorde, qui est odieux et tire bien trop facilement sur son prochain pour une comédie (les scènes de fusillades sont d’une gratuité étrange et tout à fait déplacée dans ce type de divertissement) ?

A fond dans l’humour populiste des campagnes des années 70, la comédie de Dany Boon dont il est responsable jusqu’au scénario, révèle à la fois une naïveté sincère (il a l’air d’aimer cet univers comique) et un sens ronflant du mercantile. Les formules exploitées pour provoquer outrageusement l’hilarité du grand public, celui qui aime les gags grotesques et paillards, sont patentes. Dans ce domaine burlesque, l’artiste multi-casquettes n’a pas de limite : le dealer simplet qui s’enfonce des sachets de coke dans l’anus, les tenanciers caricaturaux du resto routier frontalier, joués par François Damiens et Karin Viard, qui s’appellent les Janus – on vous laisse deviner le gag -, l’humour phallocrate, la bonne remarque déplacée sur les « gouines », la moquerie anti-gros…

Rien à déclarer avec Dany Boon et Benoît Poelvoorde? PHOTO

Photo : © David Koskas 2010 © Pathé Production – Les Productions du Ch’timi – TF1 Films Production – Scope Pictures

Retour à l’humour populaire des années 60

Pour couronner le tout, l’auteur juxtapose aux ressorts comiques une histoire d’amour “mixte”, puisque le douanier français Dany Boon s’entiche de la sœur de son ennemi juré Poelvoorde, donc forcément belge. Tout un film pour une bluette sans charme (le rôle féminin est exaspérant de fadeur) avec au milieu une affaire de trafic de drogue ridicule (le pauvre Laurent Gamelon en trafiquant international n’est pas gâté par son rôle)… on est bien dans la comédie pataude des années 70-80, voire même des années 60 ; l’inévitable comparaison avec la franchise des Gendarmes s’impose d’elle-même, sauf que le charisme de Louis de Funès demeure éternel.  Même la voiture des douaniers, une 4L minable transformée en bolide aux couleurs de la Coccinelle de Disney, confirme la parenté entre cette comédie vraiment pas drôle dans ses excès et une forme d’humour obsolète qu’on aurait préféré oublier.

Gros succès au box-office français, Rien à déclarer est sorti en exclusivité dans le Nord et en Belgique le 26 janvier 2011. Le reste de l’Hexagone s’est fait une opinion une semaine plus tard.

Frédéric Mignard  

Sorties de la semaine du 2 février 2011

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Rien à déclarer, affiche du film

Design affiche : Cador © David Koskas 2010 © Pathé Production – Les Productions du Ch’timi – TF1 Films Production – Scope Pictures

Box-office :

Avec 8 138 671 entrées, Rien à déclarer est le deuxième plus gros succès du réalisateur Dany Boon. La comédie populaire bénéficiait du triomphe historique de Bienvenue chez les Ch’tis, trois ans auparavant. Le feel-good movie dans lequel il partageait l’affiche avec Kad Merad avait dépassé les 20 400 000 spectateurs. Le deuxième succès de l’histoire après celui de Titanic, en 1998, qui avait finalement sombré à 21 772 257 spectateurs.

Après une avant-première dans le nord de la France à 309 000 entrées, son tandem avec Benoît Poelvoorde démarrait à l’échelle nationale à 2 587 056 entrées sur une combinaison record de 1 036 salles. En 2e semaine, le film était de nouveau solide à 1 779 974 spectateurs. En 3e semaine, Rien à déclarer caracolait toujours en tête avec 1 263 453 spectateurs. Le film s’effritait légèrement en 4e semaine, avec 984 000 spectateurs.

Ce n’était pas Les Ch’tis 2, mais encore une fois un triomphe. Mais avec un budget conséquent de 24 millions d’euros, il le lui fallait bien.

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Rien à déclarer, affiche du film

Bande-annonce de Rien à déclarer

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